Fernand Obb Delicatessen, la bonne adresse pour manger belge

Chez Fernand Obb Delicatessen, à Saint-Gilles, c’est du bon, c’est du belge, ça se prend pas pour ce que ça n’est pas et ça fait du bien par où ça passe.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Pas mal de communes ont une page Facebook non officielle. Celle de I love Saint-Gilles est un délicieux mélange d’insultes entre voisins, jolies photos du coin, prosélytisme politique pas discret et grands débats sur“Faut-il ou non effacer la fresque du zizi géant qui se trouve en face de l’école catholique ?)” (je préviens: je suis dans la team “Il faut la laisser, c’est hyper drôle”). Parfois, les gens partagent aussi leurs découvertes locales (et ça finit quand même en insultes), et c’est entrainant sur cette page un peu anxiogène que j’ai vu passer la photo d’un burger fort attrayant. C’était celui de Fernand Obb Delicatessen, qui vient d’ouvrir à quelques pas dudit zizi de la discorde (en voilà une excellente idée de balade digestive, ne me remerciez pas !). Carlo et moi avons légèrement soupé des restos à burgers, un plat sympathique mais à un moment faut pas pousser Bobonne, puis on n’aurait pas autant de dents si c’était pour manger uniquement des trucs mous. Mais la croquette aux crevettes et la fricadelle maison nous ont émoustillés.

La carte

En entrant, on tombe sur Dirk Myny, le chef des Brigittines (une référence en cuisine belge) qui félicite son confrère pour la qualité de sa croquette. C’est plutôt de bon augure. En grands professionnels que nous sommes, nous commandons plus ou moins toute la carte. En entrée, la croquette, évidemment. Visiblement roulée à la main sous les aisselles, elle allie panure fine et croustillante, appareil pas farineux et crevettes à foison (30 grammes par croquette, nous dit-on, ce qui est plutôt généreux quand on connait le prix de la bestiole). On la préfère généralement plus bisquée (comme aux Brigittines) mais ça reste une version de toute première catégorie, surtout avec le persil frit et un verre de Vieille Mule.

L’endroit propose en effet une chouette carte de bières, thés et cafés glacés maison et quelques vins nature plutôt classiques. Parce qu’une croquette sans petit blanc, c’est triste. Mais avoir mal au crâne parce que le petit blanc est bourré de sulfites, c’est encore pire. En plat, on prend le burger au boudin blanc et oignons caramélises. C’est le plus gros boudin du monde, il est fait sur mesure chez Muller, qui a plein de médailles de boudin, pour que les tranches aient la taille exacte du pistolet (parce que c’est pas du bête pain, ici). Le résultat, c’est le meilleur du boudin qu’on achète à la foire, réconfortant, plein d’oignons qui fondent mais sans qu’on en “glette” partout et avec une viande — littéralement — de compétition. L’autre burger, porc et veau, vient nous rappeler que dans la vie, il y a haché et haché, et qu’un bon haché, mes aïeux, ça est quand même goûteux. Surtout avec plein de pickles acidulé.

En accompagnement, Cédric Mosbeux, à la tête du lieu, a imaginé la “gaufrite”. Soit une grosse frite en forme de gaufre. On pourrait croire que c’est un peu du brol, mais en vrai, c’est assez chouette de casser des morceaux bien croustillants à tremper dans une sauce (maison). Par contre, une portion pour deux suffit amplement. On a aussi pris le céleri rémoulade, soit un bon coleslaw version plat pays, qui ne baigne pas dans la mayo et tombe à pic dans ce trip viandeux. On n’a évidemment absolument plus faim, mais les desserts sont faits par Ginkgo, une nouvelle pâtisserie de la commune dont on nous a dit le plus grand bien. Les deux grosses verrines “Merveilleux caramel au beurre salé” et “Croûte aux fraises, cheescake et crumble de pistaches” étaient, chacune dans son style, des petites bombes. 

L'addition

On a payé 66 € à deux, mais en mangeant pour quatre, donc comptez 15-20 € par personne normalement constituée. On revient ? Déjà, pour goûter la fricadelle, qu’on a oubliée. Puis pour leur saumon, du label rouge d’Écosse, fumé au bois de hêtre sur place et dont la queue finit en rillettes. L’endroit fait aussi mini-épicerie : saumon, bonbons, pickles et charcuteries gaumaises. C’est du bon, c’est du belge, ça se prend pas pour ce que ça n’est pas et ça fait du bien par où ça passe. 

Fernand Obb Delicatessen, 27 rue de Tamines, 1060 Bruxelles. T. 02.771.91.08. Ouvert du mercredi au vendredi midi et soir et le samedi de 11 h 30 à 22 h. www.fernand-obb.be, www.facebook.com/fernandobbdelicatessen/