Allons-nous vers un dressing interchangeable ?

La dernière saison de défilés à Paris et à New York a montré une rare confusion des genres, hommes et femmes défilant ensemble, mannequins transgenres s’affichant en Une des magazines de mode… Lissage des genres ou récupération marketing ? Est-ce vraiment une bonne idée d’habiller homme et femme de manière identique pour célébrer la diversité ? On a notre idée sur la question…

Bien entendu, faire défiler ensemble les hommes et les femmes est avant tout une volonté de rationalisation économique pour les marques qui tentent de garder leur aura de luxe dans un contexte particulièrement austère. Néanmoins, ce décloisonnement pose question, surtout quand il s’accompagne d’une confusion volontaire entre les genres, quand les femmes coiffées à la garçonne défilent mains dans la main avec des garçons androgynes aux cheveux longs. 

Allons-nous vers un dressing interchangeable ? Non, et tant mieux ! On pourrait y voir une récupération marketing, la provocation ayant toujours été un excellent moyen de faire parler de soi. Bousculer les tabous sexuels n’est pas un concept nouveau au sein des maisons de mode, Yves Saint Laurent en fut un pionnier dans les années 60. 

Mais l’émergence d’un genre nouveau sur fond de soutien à la communauté LGBT, sérieusement maltraitée par la classe politique ces derniers temps, résonne différemment. Le monde de la mode se la joue ‘united colors’ et affiche son ouverture. On le remarque, le ‘genderfluid’ ne remplace pas les collections ultra-féminines ou les lignes masculines des grandes marques, il vient simplement s’y ajouter et à ce titre, la diversité est préservée. 

Pourtant, à y regarder de plus près, le mouvement, s’il est louable, ne va pas au fond des choses. La collection ‘Ungendered’ de Zara n’est au final qu’une capsule de pantalons et de sweatshirts, tout en nuances de gris, gommant carrément les formes : pas de jupe, de robe ou de blouse en satin rose shocking pour les hommes, ce sont les codes masculins qui sont (à peine) revisités, pour que les femmes s’y glissent… Soyons réalistes, le Boyfriend jeans fait un tabac, mais il n’existe pas de Girlfriend jeans pour ces messieurs. 

Comme si, une fois encore, quand on se pique de supprimer les genres, le masculin devait l’emporter !