Grammes, le nouveau concept resto-épicerie de Saint-Gilles

Ouvert en pleine pandémie, Grammes, resto-épicerie, traiteur aux airs de brocante et au fumet de pain frais, n’a pas désempli depuis. Les mesures barrières nous avaient privé de tables en formica et de la mini-terrasse sur le trottoir, où boire un (bon) café en regardant Saint-Gilles s’ébrouer.

Texte et photo de : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCAL |

Angelica et Christian, la cinquantaine bien tapée, ont eu une tout autre vie avant d’ouvrir Grammes. Elle, Italienne d’Italie, a eu une carrière dans une grosse boîte de communication qui travaille avec les instances européennes. Lui n’était pas vraiment dans une administration, mais pas loin. Et puis boum, ils plaquent tout. Cela n’était pas si soudain, ça faisait quinze ans que je me préparais, explique Christian. Il a eu le temps de se former patiemment à la boulangerie, elle cuisinait déjà frénétiquement. Tous les jours, dans son comptoir, des grands plats familiaux selon l’inspiration et le marché (bio, local et tout le toutim). On arrive en fin de service, un samedi, pour emporter de quoi bruncher le lendemain.

La vidéo du jour :

On y mange quoi ? 

Pas de viande ni de poisson ce jour-là. Demain, on est en vacances, donc c’est un peu le fond du frigo, nous dit Angelica en nous préparant deux grosses boîtes pleines de choses diverses et variées : des boulettes de blettes, pommes de terre, ricotta avec sauce au yaourt et ail des ours, des poivrons cuits vapeur et marinés dans de l’huile, du persil et de l’ail, une tarte tatin de chicons aux kumquats et fromage de chèvre, des champignons farcis à la ricotta, des chicons caramélisés au sirop de dates, de la scarole aux anchois, aux câpres et aux olives, un gratin de côtes de bettes, chapelure au parmesan et une frittata de courgettes. Le tout collé serré généreusement dans des boîtes en carton recyclé.

Elle vient de Toscane et connaît l’île d’Elbe comme sa poche. Ce qui donne lieu à une conversation nourrie en italien avec Carlo, qui y passe ses étés depuis toujours et vient d’y consacrer un ouvrage familialo-culinaire. Lui s’occupe de la partie qui cuit dans le four et où il y a de pâte : des pains, avec un semainier bien rôdé qui permet à chacun de réserver son favori selon le jour d’arrivage. Ce jour-là, un pain au sarrasin (6 €). Non, de sarrasin, nuance, corrige Christian, qui fabrique ce petit bijou compact pour ses clients intolérants au gluten. Mais aussi un pain aux fruits secs (figues, noix et noisettes : 4,60 €) et une schiacciata (1,50 €), sorte de cousine germaine de la focaccia, en moins dodue, à base de farine de froment.

Le samedi c’est viennoiseries, je chope le dernier (très bon) petit pain au chocolat. Et puis deux merveilleux, roulés à la main sous les aisselles, au look artisanal et au calibre qui varie (4 € le petit, 5 € le grand) Et puis la pizza, moults pizze même. Des grands rectangles garnis comme si c’était ta mère qui voulait que tu manges un peu plus. J’ai un ami dont l’alimentation en est principalement composée, je me dis que ça ne peut être que bon donc on les embarque toutes : celle à la saucisse au fenouil et oignon rouge, la buratta-basilic, la courgette, speck et ricotta de chèvre, la version jambon cuit et champignons (pleurotes shiitakes et champignons de Paris), la patate et crème de truffe (oufti !) et celle aux artichauts, tomates séchées et persil (entre 5 et 6 € la part selon la version). Carlo frétille devant une passata et des pâtes sèches, couine en voyant la vaisselle artisanale toscane, que Christian et Angelica vendent aussi (on vous avait dit que c’était un peu brocante). En vrac, dans cet endroit un peu improbable aux vieux carrelages, murs de briques peints en blancs, mobilier fifties, on trouve aussi des confitures maison, des boissons fraîches, des gros caprons, des chips artisanales.

En images, découvrez notre menu : 

Verdict

Et donc, ce brunch, qui a duré trois jours vu les quantités ? Ça change des boulets sauce lapin du mess, dit Carlo en se léchant les doigts. Tu irais chez un petit traiteur créatif à Florence, il te sortirait ça. Et si on n’a rien contre les sempiternelles aubergines marinées au balsamique, il faut admettre que la cuisine familiale et les fonds de frigo de la cheffe sont tout de même hautement plus bluffants. Quant à la pizza, elle goûte celle du boulanger du village sauf que la farine est meilleure, c’est une vraie farine de blé qui a du goût. Chez Grammes, tu prends ta petite assiette sur place ou à emporter (entre 6 et 17 €), ta pizza, ton pain, ta vaisselle et ton café, et puis surtout la sympathie de Angelica et Christian. Improbable et néanmoins parfaitement cohérent.

L'adresse ? 20 rue Antoine Bréart, 1060 Bruxelles, T. 02.732.63.00, grammes.be

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