Le jeans et son long périple polluant

Indispensable de notre garde-robe, le jeans a tout pour plaire, car il est à la fois confortable, pratique et s’adapte à tous nos looks. Le problème, c’est que sa production est une véritable catastrophe écologique pour notre planète.  Si cela n’a rien de nouveau, une vidéo de Brut Nature datant de 2019 refait surface sur la toile ces derniers jours et elle nous rappelle à quel point il est grand temps de se tourner vers des jeans plus « propres ».  

Par Anissa Hezzaz. Photo by Jason Leung on Unsplash. |

D’où vient le jeans ? 

L’origine du tissu dont est issu le jeans n’est pas toujours claire. Alors que l’on associe souvent le denim à Nîmes, c’est en raison de Levi Strauss, qui utilisa des bouts de ce tissu, dit Serge de Nîmes, pour créer des pantalons pour les ouvriers.  Cette étoffe célèbre, que l’on connait aujourd’hui plus communément sous le nom de « Denim » en raison de son origine,  était en effet fabriquée à Nîmes et plus généralement dans le Languedoc au XVIIIe siècle; les matières utilisées étaient alors du coton. Sa fabrication était le résultat d'un entrelacement serré d'un fil de trame clair, dans le sens de la largeur sur le métier à tisser et d'un fil de chaîne teint. En effet, la toile était de ton beige, mais réputée pour sa résistance, elle sera par la suite teinte en bleu indigo pour en faire un vêtement moins salissant que le beige. 

    Le jeans à proprement parler et tel qu’on le connaît encore aujourd’hui, trouverait quant à lui ses origines à Gênes en Italie. La toile de Gêne, utilisée initialement pour la fabrication de voiles de bateaux ou de pantalons de marins, ne contient pas de coton, mais du lin et de la laine et est très similaire au velours côtelé. La toile est tissée avec 2 fils de même couleur et teintée à cœur, c'est-à-dire que la teinture pénètre au cœur de la fibre. Cette toile était alors exportée partout en Europe, et on lui donnera vite le surnom de « jeane » ou « jean » en raison de la prononciation à l’américaine de cette ville italienne. Au Moyen Âge, le coton est mélangé à du lin ou à de la laine dans des étoffes appelées futaines. À partir du 20e siècle, le jean désigne alors une vaste gamme de pantalons décontractés faits en coton ou en denim. Depuis, le jeans peut se targuer d’être porté dans le monde entier, dans toutes les catégories sociales, par toutes les générations et depuis des décennies. Et si à l’époque le jeans était  à tous les coups de bonne qualité, depuis les années 90, force est de constater que les tissus sont devenus de plus en plus fins et légers, les tissages moins serrés, les mélanges coton/synthétique monnaie courante et on a commencé à voir apparaître des délavages et des vieillissements douteux.

    Des milliers de kilomètres 

    Si le denim et le jean présentent des similitudes, il s’agit donc bien de deux tissus bien distincts. Et si la confusion est parfois faite, le jeans d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui des générations précédentes, mais sa production, elle, ne cesse de faire des dégâts sur l’environnement en raison des quantités d’eau, de pétrole et de solvants nécessaires à sa fabrication. Ainsi, comme l’explique si bien Jamy Gourmaud dans un extrait de l’Émission pour la Terre et republié par Brut en 2019, le périple d’un jeans est bien plus long et polluant que ce que l’on pourrait imaginer. Comme il l’explique, le jeans ne trouverait aujourd’hui plus vraiment ses origines en Italie ou dans le Sud de la France.

    Pour arriver sur les étagères de nos magasins de prêt-à-porter, le jeans parcourrait parfois même plusieurs dizaines de milliers de km. En effet, le voyage d’un jeans commence d’abord par l’Inde où l’on va récolter le coton (on estime qu’il faudrait en moyenne 4.000 litres d’eau pour le coton nécessaire à fabriquer un jeans), ensuite au Pakistan pour que le coton soit filé et tissé, en Chine où il sera teint en bleu indigo, ensuite en Tunisie où on lui ajoute les rivets et fermeture éclair, et pour terminer, au Bangladesh ou en Égypte pour sabler le jeans avant de revenir chez nous. Un long périple durant lequel le jeans aura consommé près de 11.0000 litres d’eau et parcouru 65.000 kilomètres, soit l’équivalent d’une fois et demi le tour de la Terre. Un constat qui nous rappelle à quel point l’industrie du jeans est extrêmement polluante, surtout quand on sait qu’en moyenne, chaque Belge possède 3 à 4 jeans dans sa garde-robe et que 2,3 milliards de jeans sont produits chaque année à travers la planète selon les chiffres de Conso Globe. Des chiffres qui donnent forcément le tournis et qui nous rappellent surtout qu’il est grand temps de se tourner vers des achats plus écoresponsables. 

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