Les secrets les mieux gardés des enseignes branchées

Décernés une fois par an aux hôtels, restaurants, bars, boutiques ou clubs de sport les plus cool de la capitale, les Commerce Design Awards sont l’occasion de se pencher sur les secrets de ces lieux qui, sans qu’on comprenne toujours pourquoi, nous font nous sentir “comme chez nous”.

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS D.R. SAUF MENTIONS CONTRAIRES. |

Lancés en 1995 par la ville de Montréal et, aujourd’hui, organisés à Lyon, Nantes, Luxembourg, Eindhoven ou encore Bruxelles, les Commerce Design Awards récompensent chaque année le travail des architectes d’intérieur, designers et artistes qui créent ou transforment les lieux où nous aimons manger, passer du temps, travailler, boire un verre ou faire du shopping. Ces prix sont aussi l’occasion de découvrir comment un designer et un commerçant peuvent croiser leurs univers pour améliorer notre expérience shopping, mais aussi accroître le confort de travail des collaborateurs de ces enseignes.

À l’occasion de l’édition 2021 de l’événement, nous avons rencontré Mauro Brigham, président du jury. Cofondateur de l’agence créative ncbham et président de l’AiNB (l’association des architectes d’intérieur), le concepteur des restaurants Makisu (Bruxelles et Liège) et du hub créatif Trakk à Namur a aussi signé la deuxième adresse du restaurant Dam Sum, lauréate, l’an dernier, du prix spécial du jury. Quand on lui parle de tendances, Mauro Brigham a tendance à se raidir. Dès qu’on évoque l’idée d’un intérieur tendance ou branché, on va forcément à l’encontre de l’idée de durabilité, indissociable du design d’aujourd’hui. Hormis dans le cadre d’une boutique éphémère, l’approche la plus logique consiste à valoriser les lieux et les matériaux existants. Le public s’enthousiasme à nouveau pour les lieux qui ont une âme. Ils sont nombreux, aujourd’hui, à ne plus rechigner à l’idée de dîner sur une table qui présente des traces d’usure ou des taches. Ces marques du temps contribuent au contraire à raviver l’âme d’un lieu.

Le nouveau "beau"

Parmi les boutiques primées cette année, le jury a justement voulu mettre l’accent sur l’apparente simplicité de ces lieux chargés d’histoire. Comme Brigitte, une nouvelle chocolaterie implantée à Ixelles. Il s’agit d’un projet finalement très modeste, mais qui nous est apparu comme le plus croustillant au mètre carré ; un espace restreint qui met l’accent sur la beauté des matériaux, dont un sublime marbre vert profond pour le comptoir, des plafonds moulurés et quelques pièces de mobilier ancien. Alain Sieuw, l’architecte d’intérieur, s’est attardé sur des détails non ostentatoires, propres aux architectures d’autrefois. Brigitte est une réaction au minimalisme des boutiques d’il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, les clients apprécient à nouveau le côté rassurant d’intérieurs plus opulents, mais aussi chargés d’anecdotes. Des anecdotes qui, pour paraître tout à fait crédibles, doivent de préférence sonner juste. Quand il a planché sur le restaurant Dam Sum du quai au Bois à Brûler à Bruxelles, Mauro Brigham s’est donc inspiré de l’ancienne affectation du quai : un marché aux poissons. Les échoppes en tôle ondulée, mais aussi les carrelages et les fresques murales sont ma transposition de cette idée de marché dans un contexte chinois, précise l’architecte d’intérieur.

Brigitte, lanouvelle chocolaterie implantée à Ixelles.

L'anti-instagram

Autre adresse primée cette année, Standard Pizza (rue de Moscou à Saint-Gilles), affiche quant à elle une approche minimaliste qui peut surprendre. C’est la preuve qu’un aménagement réussi ne doit en aucun cas reposer sur une recette toute faite. Dans ce cas précis, les concepteurs (Vanden Eeckhoudt-Creyf Architectes) n’ont pas cherché à marquer les esprits par la couleur ou un mobilier sophistiqué comme on peut en voir à foison sur Instagram. En réponse à la demande des créateurs de ce restaurant – disposer d’un espace où, ce qui prime, c’est le contenu de l’assiette –, les architectes ont adopté une palette de couleurs neutres. Centrée sur le bois clair, un mobilier très sobre et une cuisine semi-ouverte propice à la création d’une atmosphère joliment informelle, l’ambiance est donc volontairement simple. Les architectes ont également planché sur l’acoustique, un détail invisible, mais qui contribue au bien-être des clients.

Dans le registre des interventions discrètes, l’éclairage est peut-être l’élément le plus déterminant. Pour le Café Bastoche (chaussée de Boondael à Ixelles), Michel Penneman a imaginé un système qui, en journée, confère à l’enseigne une ambiance très chaleureuse. Le soir, ce même dispositif se transforme pour créer une atmosphère censée donner l’envie aux clients de danser sur les tables.

Cette idée d’hybridation des espaces, on la retrouve également chez Animo, un centre de bien-être inauguré l’an dernier. Ici, le mot d’ordre, c’est transition. Les architectes du bureau Auxau sont parvenus à créer un espace d’accueil couplé à une cantine/bar qui favorise l’apaisement. En comparaison avec l’agitation de la ville, le contraste est frappant. Cette idée d’hybridation ne s’applique toutefois pas qu’aux lieux proprement dits. En récompensant Fine Bakery, une pâtisserie de la rue des Mimines, nous avons salué l’intervention d’un artiste, plutôt que d’un architecte d’intérieur. Non seulement le carrelage coloré, joyeux et naïf imaginé par Marcin Sobolev est en parfaite symbiose avec le côté sucré des pâtisseries qu’on découvre dans le comptoir, mais il est aussi vecteur d’émotion. À l’échelle d’une boutique, cette dimension est évidemment primordiale.  

En images, découvrez ces enseignes :

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