Nous n’y allons certainement pas en découvreurs, l’enseigne a ouvert il y a quelques années et le bouche à oreille est excellent dans ce quartier où l’on aime se retrouver en tablées le vendredi (information vérifiée de source sûre) ou en petit comité, que ce soit le vendredi ou les autres jours. Bref, on a un peu l’impression d’être les derniers de la classe, et du coup, nous voilà terriblement détendus à l’idée de goûter une cuisine qui s’annonce « bistronomique », même si au rang des expressions de la bouffe, on commence à en avoir ras la cafetière de ce « bistronomie », mais ça a le mérite de dire ce que ça veut dire, du classique simple, très soigné.
Le lieu
Détendus, autant que l’accueil, délicieux, et le lieu, simple mais élégant, tout comme le chef, Jan Verhaert, un jeune quinqua qui a quelques belles réussites à son actif dans sa longue carrière. L’homme est discret, aux commandes de la petite cuisine terriblement bien tenue qui donne l’impression immédiate qu’ici, on cuisine, sobrement mais efficacement.
Florence est d’humeur autoritaire, tandis que je lorgne vers la carte qui me vend bien le ris de veau (38 euros) ou l’entrecôte (38 euros itou), sans parler des cuisses de grenouille (23 euros), et sans oublier les trucs à partager, en mode pré-entrées (rillettes, sardines, jamon espanol de cebo etc.) Mais non, elle a dit « menu » (on signale au passage qu’il s’agit d’un menu auréolé d’un « Bib gourmand », pour ceux qui regardent encore le palmarès du bon vieux guide Rouge) et je sens que je ne vais pas pouvoir déroger à l’oukase « menu ».
Alors, ce menu ?
Il laisse le choix entre deux entrées, deux plats, deux desserts, donc on prend tout. « Quand même, ce ris de veau pensé-je », in petto, « il me fait de l’œil », qui plus est, je sais que Florence adore le ris de veau, mais on sait que pour elle, choisir c’est renoncer. Et il faut admettre que le menu est particulièrement intéressant d’un point de vie porte-monnaie. On prend tout donc, et on se refilera nos assiettes (du menu) à mi-chemin.
La cuisine nous envoie d’abord une mise en bouche de « fregola » (sorte de couscous sarde) en crème de parmesan et truffes, parfaitement gourmande et qui met en joie dès le début. Dans ce menu (à 43 euros) donc, il y a du foie gras poêlé et du butternut dans un bouillon dashi, original et surtout très bon, ça matche très bien; des Saint-Jacques au topinambour, déjà vu, mais très bien exécutées et ici relevées d’une pointe de café, puis un suprême de pintade, croustillant de chicon et jus truffé à la cuisson impeccable; et, côté poisson, un « maigre » aux poireaux, à la cuisson juste nacrée.
"Des Saint-Jacques au topinambour, déjà vu, mais très bien exécutées et ici relevées d’une pointe de café"
On sent que le chef a réfléchi à son menu, qu’il évite les choses inutiles qui viendraient compliquer inutilement l’assiette sans apporter quoi que ce soit de plus. Mon seul léger regret, c’est que dans les menus, quand c’est de la volaille, c’est toujours « suprême », parce que les mangeurs ne veulent plus de cuisses, mais la cuisson rend ici hommage à la qualité du volatile.
On boit ? Peu, comme d‘habitude, mais un bon vieux Pimm’s, (10 euros) bien balancé, et de la vraie gueuze Boon (9.50 euros), emblématique du Brabant Flamand s’il en est !
Du dessert, Florence ? Ah oui c’est dans le « menu » ! (Mais quand même, ce ris de veau !). Mille-feuille pistache bien pâtissier d’un côté, poire rôtie (en mode dessert de cuisinier) de l’autre, tous les deux délicieux et réjouissants.
Le verdict ?
On quitte à regret cette adresse pro, chaleureuse, avec un je-ne-sais-quoi de discret, et je me promets de revenir tâter du ris de veau, sans la férule de Florence, ou avec.
Mais on gardera le souvenir d’un menu qui nous a ménagé une addition raisonnable et qui nous laisse des souvenirs gustatifs précis qui s’inscriront dans la mémoire de nos papilles.
L'adresse ? 19 square des Braves, 1630 Linkebeek. Tel : 0499.28.33.41.
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