Pourquoi la mort de la reine Elizabeth II nous affecte-t-elle autant selon la science ?

La mort de la reine Elizabeth II le 8 septembre dernier a créé une onde de choc dans le monde entier. Et pour cause, la monarque britannique la plus populaire de tous les temps a régné pendant 70 ans, soit le règne le plus long de l’histoire du Royaume-Uni. Mais pourquoi sa mort nous affecte-t-elle autant ? 

Par Anissa Hezzaz. Photo : Photonews. |

L’annonce du décès de la reine a été un cataclysme dans le monde. Aux quatre coins de la planète, on pleure sa disparition depuis dix jours et les hommages affluent dans tous les sens. Sur Twitter, le hashtag dédié à la monarque britannique #QueenElizabeth se compte par millions. Plusieurs pays comme le Brésil, le Liban, l’Inde ou encore la Nouvelle-Zélande ont même décrété des jours de deuil national : plusieurs jours durant lesquels les travailleurs n’ont pas dû travailler.  Chez nous, pas de jours de congés officiels, mais le cœur est lourd et serré depuis une dizaine de jours.

Tandis que les funérailles de la reine ont lieu ce lundi 19 septembre à l’Abbaye de Westminster, sa famille et ses proches se réuniront une dernière fois pour lui rendre hommage. Des centaines de millions de personnes assisteront quant à eux à son enterrement derrière leur écran. Un deuil qui va bien au-delà des frontières britanniques, mais pourquoi sa mort nous touche-t-elle autant alors que finalement nous ne la connaissions pas personnellement et qu’elle n’était même pas notre reine? Si vous avez du mal à expliquer votre chagrin, et que votre entourage trouve votre tristesse ridicule, rassurez-vous, vous n’êtes pas la seule personne à avoir versé une larmichette depuis son décès. Cela serait même tout à fait normal d’après la science. 

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Un deuil collectif 

D’abord, sa mort marque surtout un tournant dans l’histoire, celle d’une nouvelle ère et d’un changement d’époque. En effet, la mort de la Reine Elizabeth II signe surtout la fin d’un règne. Pour les experts, on parle de « perte parasociale », soit la perte d’une célébrité. Car la Reine, en traversant les époques, semblait invincible, jusqu’à devenir une toile de fond dans nos vies. En fait la surmédiatisation de la Reine fait que nous avions finalement l’impression de la connaître, comme si elle faisait partie de notre cercle proche. Ce phénomène s’intitule « l’interaction parasociale », comme le découvraient les sociologues dans les années 1950. 

Pour la philosophe Louise Richardson, codirectrice à l’Université de York au Royaume-Uni, ce comportement s’explique simplement : « C’est le genre de perte qui perturbe le monde, car elle marque la fin d’une époque ; ce qui explique donc le chagrin général autour de la mort de la Reine ».  Plus globalement, le fait qu’elle soit une figure médiatique fait que nous associons chaque étape de notre vie à son vécu : « Nous nous souvenons de ses évènements marquants au même titre que ceux qui nous touchent », explique David Kessler, spécialiste du deuil et fondateur de Grief.com. 

En 2012, des recherches suggéraient qu’un processus appelé « introjection » pouvait aider les gens à faire face à la mort d’une célébrité. À l’époque de la mort de la princesse Diana, les études psychologiques ont même démontré que le taux de suicide en Angleterre et au pays de Galles après sa mort avait augmenté, en particulier chez les femmes ayant le même âge que la princesse. Ce n’est pas la seule personnalité qui a suscité une vive émotion dans l’opinion publique. La mort de Robin Williams, pour ne citer que lui, a créé également une vague d’émotion, mais son décès a globalement eu un impact positif : des recherches ont montré que son suicide avait permis à de nombreuses personnes de prendre contact avec les lignes d’assistances au suicide en Australie, une semaine après sa mort. Vous l’aurez compris, la mort d’une célébrité résonne en nous, car d’une certaine manière on a tendance à s’identifier à ces figures emblématiques et éprouver du chagrin, même vis-à-vis d’une personne éloignée comme la Reine. Pour certains, ce duel durera quelques jours, pour d’autres il durera plusieurs mois, conclut Katherine Shear, directrice du Center for Prolonged Grief à l’Université de Columbia a New York.

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