Trois créateurs qui remettent le kitsch au goût du jour

Poteries peintes à la main, porte-plantes en macramé, tableaux aux points de croix, considérés comme ringards, il y a cinq ou dix ans, ils ont retrouvé une place de choix dans les boutiques de déco les plus branchées et cartonnent sur Instagram. Décryptage.

Par Marie Honnay. Photos : D.R. |

Sur les réseaux sociaux, c’est le raz-de-marée. Jamais on n’a vu défiler autant de meubles en formica, de tapisseries contemporaines ou de verres en cristal biseauté. Même le fauteuil crapaud en velours à franges reprend du service. Le kitsch et le ringard sont une redoutable arme anti-sinistrose. En Belgique, on ne compte plus les chineurs passés maîtres dans l’art de redonner vie aux objets du passé. Certaines créatrices vont toutefois un pas plus loin. Découvrons trois Belges aux talents et inspirations diverses qui font le buzz auprès des amoureux de déco décalée. 

La broderie politiquement incorrecte de Nathalie Dupont 

Inspirées de tubes des années 80, d’insultes férocement gentilles ou d’expressions issues de la culture populaire, les phrases brodées aux points de croix par la Liégeoise Nathalie Dupont ont le bon-goût d’être aussi kitsch que politiquement incorrectes. Sa force : avoir su capitaliser sur le charme désuet de cette technique pour créer de petits cadres qui font le buzz sur les réseaux sociaux. Longtemps considérée comme un loisir de mamy, la broderie s’est récemment mutée en véritable moyen d’expression. Shannon Downey, aka Badass Cross Stitch, une habitante de Chicago, chef de file de la broderie militante, rassemble plus de 150.000 followers sur Instagram. A mi-chemin entre artisanat, tradition et acte politique.
 

La poterie naïve de Philippine d’Otreppe

On adore l’esprit décalé et second-degré de l’artiste installée à Bruxelles dans un joli atelier situé rue Blaes, au cœur de la capitale. Est-ce son ancrage belge qui la guide naturellement vers un style faussement désuet ? Ou sa formation en illustration à Bournemouth, en Angleterre? Un peu des deux probablement. Depuis quelques années, ses poteries peintes à la main dans un style naïf totalement assumé font un véritable carton. Parce que la terre cuite au four ne donne jamais deux fois le même résultat, cette technique nous renvoie à notre envie de revenir à des choses simples. La terre demande du temps et de la patience, nouvelles valeurs fétiches des citadins en manque de repères. Imparfaites, mais fruits d’un véritable savoir-faire artisanal, les poteries ornées de dessins floraux très seventies de l’artiste sont joyeuses, spontanées et charmantes.   
Les céramiques de Valentine sont en vente à l’Etoile Verte, son QG temporaire et sur son e-shop philippinedotreppe.com
 

Le néo-macramé décomplexé de Caroline Colla

Sur Instagram, véritable baromètre des tendances mode et déco, le hashtag #macrame monte en flèche. Reconvertie à la technique qu’elle a d’abord testée dans une approche thérapeutique pendant le confinement, la Liégeoise Caroline Colla est devenue accro à ses fils de coton qu’elle noue avec agilité. De hobby, cela s’est transformé en activité à plein-temps. Les amoureux de déco nature ont rapidement craqué pour ses porte-plantes à suspendre, ses pochettes, cache-pots, napperons, etc.

Le médium associé au style hippie a le vent en poupe. Normal quand on y pense. Difficile, en effet, de faire plus écoresponsable que le macramé inventé par les tisserands arabes au XIIIème siècle. On l’a même repéré sur le catwalk du dernier défilé couture Chanel sous les traits d’un tailleur brodé façon macramé. C’est dire.

Les pièces en macramé de Caroline sont disponibles sur-commande privée et à l’Atelier de l’Ange d’Or à Liège. 

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