Zara se lance dans la seconde main : pourquoi le vêtement d’occasion a autant la cote ?

Le géant espagnol de la fast fashion vient tout juste de lancer son service de seconde main. Celui, qui justement est critiqué pour produire en masse et alimenter la pollution mondiale, aurait-il enfin une conscience écologique ? Pas si sûre, quand on y regarde de plus près la réalité serait tout autre. 

Par Anissa Hezzaz Photo by Salman Sidheek on Unsplash |

Les plateformes de seconde main et les friperies en ligne ont le vent en poupe. Selon une étude du site américain tredUP, le marché de la seconde main devrait dépasser celui de la fast-fashion d’ici 2028. La raison ? À l’heure où les consciences collectives s’éveillent et que la cause environnementale est plus que jamais au centre  de toutes les préoccupations et discussions, même les fashionistas et modeux veulent consommer de manière plus raisonnée. Car l’industrie de la mode est la deuxième plus polluante au monde avec 130 milliards de vêtements consommés chaque année et 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre émis.

Zoom sur une autre tendance dans le secteur du luxe :

Depuis 2000, ce phénomène que l’on nomme de « fast-fashion » n’a fait que s’amplifier. C’était sans compter l’arrivée d’un nouveau mode de consommation qui a su convaincre les millenials : la seconde main. Car face à ce gâchis planétaire, qui représente une perte de 460 milliards de dollars par an, soit l’équivalent de 4 millions de tonnes de textiles neufs ou usagés qui sont jetés chaque année rien qu’en Europe, la jeune génération a compris qu’il fallait trouver une l’alternative à la mode jetable. Car forcément,  dans un monde où tout coûte de plus en plus cher, les jeunes n’ont d’autres choix que de se tourner vers des vêtements qui ne leur couteront pas les yeux de la tête, alors après la fast fashion et la hype autour des géants du secteur comme Zara, H&M ou encore plus récemment Shein, c’est le marché de la seconde main qui prend du galop. 

C’est donc l’industrie en entier qui se voit chambouler dans son modèle : désormais, les marques de mode, toutes confondues, du luxe à l’ultra fast-fashion ajoutent les unes après les autres un corner seconde vie à leur shop. Mais jusqu’ici, ces marques mettaient la priorité sur des anciennes collections en vendant leurs propres vêtements à prix cassés. 

C’est donc tout naturellement au tour de Zara de prendre le pli en proposant à sa clientèle un service de seconde main en ligne. Mais cette fois, l’offre est tournée entièrement vers le consommateur : ce nouveau service de Zara permet de vendre et acheter des pièces d’archives de la marque à bas prix sur le même principe que le géant de la seconde main, Vinted. Alors si le consommateur y voit forcément un intérêt : fini de scroller des heures durant sur Vinted à la recherche de LA pièce estampillée Zara et qui n’est plus trouvable en magasin, forcément, pour le géant Zara aussi cette démarche est loin d’être anodine. Certains détracteurs lui reprochent d’ailleurs de faire du greenwashing.

Une mode plus responsable, oui mais...

Car pourquoi l’un des grands acteurs et responsables de la pollution mondiale aurait tout à coup une conscience écologique ? Comme le rapportait un article de Libération sur le boom de la seconde main, entre 2007 et 2018 seulement, le marché de l’habillement neuf classique a perdu 15 % de sa valeur selon l’Institut français de la mode. Des prévisions estiment que d’ici 2050 le phénomène de la fast fashion sera l’un des secteurs, pour ne pas dire le premier, plus pollueur d’eau potable au monde. Et quand en parallèle les consommateurs et particulièrement la génération z et les millenials affirment  se soucier de plus en plus de la durabilité de leur vêtement, forcément, il n‘y a rien d‘étonnant à ce que les géants du secteur proposent de nouvelles alternatives. Une bonne nouvelle ? Oui et non, car comme le rappelait un autre article de Libération,  « Seconde main, une autre forme de fast fashion », « ces nouvelles plateformes stimulent chez le consommateur le côté impulsif et immédiat vis-à-vis de l’achat ». Autrement dit, on achète sans réfléchir en se disant que ce n’est pas cher et qu’on pourra les revendre ensuite. Selon les experts, nous devons donc nous attendre à voir naître une nouvelle forme de fast-fashion… 

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