Que doit-on penser du succès de Shein auprès des jeunes ?

Alors que le géant chinois de l’habillement a ouvert pour quelques jours un magasin éphémère à Anvers et que de longues files se forment à l’entrée de ce pop-up, que doit-on penser de cette marque et de son succès fulgurant ?

Ingrid Van Langhendonck, Photo Lan Deng Quddu/Unsplash |

La nouvelle tombait il y a quelques jours, le géant chinois Shein (prononcez chi-in), ouvre pour la seconde fois un pop-up store à Anvers. Pour une durée de 4 jours, au numéro 5 de la Schuttershofstraat, de longues files se forment à nouveau pour s'arracher les pièces à petits prix proposées par le webshop de fringues le plus fréquenté au monde. Bonne ou mauvaise nouvelle?

Shein c’est quoi?

C’est une marque de fast fashion en ligne, souvent qualifiée d’"ultra fast fashion" par les observateurs pour le côté délirant de son roulement de produits. Cette marque fait un carton car elle propose des vêtements à très bas prix, vendus via les réseaux sociaux et les publicités sur Instagram ou Facebook. L'application est en tête des applications de vente les plus téléchargées sur iPhone. On ne sait pas grand-chose de son fondateur ou de son fonctionnement, mais son chiffre d’affaires s’élevait à plus de 5 milliards d’euros en 2020, si l'on en croit les chiffres qui circulent. Le modèle est simple: proposer des produits nouveaux tous les jours, près de 3000 nouveaux produits sont lancés chaque jour sur le site (oui, vous avez bien lu).
Les prix sont particulièrement attractifs: 3€ pour un top, 7€ pour un pantalon et moins de 20 € pour une robe. On a même vu circuler des robes de mariée Shein sur Instagram à moins de 50€. Son public cible : les jeunes de moins de 25 ans, surtout en Europe et aux États-Unis, qui sont bombardés d’essayages intempestifs par des influenceuse de tous bords via Instagram, et surtout via TikTok, le réseau qui aurait permis à l’acteur de l’habillement chinois de multiplier son chiffre d’affaires par quatre en quelques années.

 

Pourquoi on s’en méfie?

Malgré les accusations de contrefaçon, d'exploitation des travailleurs et les constats de la mauvaise qualité des vêtements, le succès ne semble pas baisser. Or, la marque incarne tout ce dont notre monde ne veut plus. Il y a d’abord un problème de qualité, même à des prix aussi bas, la qualité du vêtement n’est pas au rendez-vous et ce sont des vêtements qui finissent très vite à la poubelle: des déchets polluants et pas vraiment utiles dans le contexte actuel. Il y a aussi le problème du respect des droits des travailleurs, cette entreprise est extrêmement opaque sur ses conditions de travail, mais les échos qui nous parviennent des usines chinoises font froid dans le dos en matière de respect des droits des travailleurs, qui bossent parfois 7 jours sur 7 pour un salaire de misère. Il y a aussi et surtout le bilan carbone: ces produits sont transportés par avion ou par container depuis la Chine: un bilan carbone absolument désastreux pour des vêtements de qualité médiocre qui finiront probablement à la poubelle dans les deux mois … C’est donc la Fast Fashion dans ce qu’elle a de plus détestable que l'on retrouve dans ce business model. Néanmoins, il est difficile d’en convaincre les jeunes quand une pièce à un prix aussi bas apparaît forcément comme une aubaine pour des ados ou des jeunes ménages dans le contexte économique actuel, qui n’ont pas forcément les moyens de poser des choix plus écoresponsables en matière d’achats vestimentaires… Face à cela, les mises en garde des observateurs du secteur et de la presse ne font pas le poids.

Quoi qu’il en soit, ce samedi est le dernier jour d’ouverture de ce magasin éphémère à Anvers, et notre recommandation n’est vraiment pas d’aller faire grossir les files devant ce pop-up.

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