Comment Nieuport fait sa mue et attire un nouveau public

« Nieuport, c’est une ville balnéaire, différente des autres. Elle se compose d’une vieille ville néogothique et néomédiévale datant de 1163, démolie en 1914-18, reconstruite à l’identique dans les années 1920. Les constructions en brique claire contiennent du sable, explique Francis Lehoucq (Facebook : Belgium Private Tour), enfant du pays, qui organise des visites guidées thématiques. C’est aussi une ville de villégiature, avec les deux plus grandes estacades de la côte belge, quatre grandes marinas d’eau douce, un grand port de navigation de plaisance de 2000 bateaux, le plus grand d’Europe occidentale, et le projet de doubler sa capacité dans un avenir proche.

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Ce sont en fait deux villes, aux centres séparés par 4 km. Enfin, c’est aussi une ville d’eau, avec un port de pêche et sa criée aux poissons. Au niveau de la patte d’oie, tous les fleuves se jettent dans la mer du Nord par le biais de l’Yser. Son eau douce se mélange avec l’eau salée ». Et cette circonstance a fait naître une terre particulière, un biotope composé d’une riche faune et flore. Dans cette réserve naturelle (De IJzermonding – signifiant « embouchure de l’Yser »), on peut aussi observer des colonies d’oiseaux, des phoques ou des marsouins… L’eau, on s’en méfie aussi, en construisant actuellement un barrage anti-inondation et mur anti-tempête dans l’estuaire de l’Yser.

La renaissance d’un mythe

Côté bains, la digue s’étire le long d’une dune protectrice végétalisée. En 2026, le front de mer accueillera la renaissance de la White Residence, appelée aussi The Grand, Le Grand Hôtel de Nieuport, inauguré en 1929. Sa restauration et reconversion ont été confiées à David Chipperfield, Prix Nobel d’Architecture, en 2023. L’œuvre initiale, classée monument historique en 1981, est signée d’Apollon Lagache, un architecte bruxellois qui avait aussi construit Le Petit Casino de la ville, aujourd’hui disparu. De style Beaux-Arts éclectique avec des touches Art déco, l’édifice d’angle suit le modèle typique des stations balnéaires. Derrière sa façade sauvegardée, le projet ambitieux développe 70 appartements contemporains, conçus par l’architecte Arjaan De Feyter. Le rez-de-chaussée, ouvert au public, avec une brasserie et un bar, affichera un dialogue entre nouvelle et ancienne architecture. La gestion durable de l’énergie, avec des pompes à chaleur géothermique, est aussi au programme.

À proximité, sur la Hendrikplein réaménagée prochainement, l’actuel pavillon de l’Office de Tourisme disparaîtra et emménagera dans la villa Belle Époque Hurlebise, en forme de proue de navire, une des rares maisons historiques conservées, derrière la digue.

En mai 2019, l’artiste Oli-B avait recouvert d’une fresque murale les façades en enfilade des cinq dernières maisons anciennes du front de mer, à la demande d’un promoteur immobilier. De cette œuvre, réalisée dans l’attente d’un permis de construire, il ne reste aujourd’hui que des photos. Cette composition, où couleurs et formes géométriques dialoguaient avec l’architecture d’après-guerre, a réjoui les promeneurs, pendant quatre ans, avant la démolition des bâtiments mitoyens.

Modernisme au cœur des dunes

Dans le Simli Wijk, quartier résidentiel où le toit de chaume est à la mode, les Mosweg et Struikweg traversent un terrain sur lequel, dans les années 1950, l’architecte Peter Callebout a construit, des maisons modernistes inspirées par le style de l’américain Richard Neutra. Parmi elles, l’ex-habitation personnelle de Peter Callebout, classée monument protégé depuis 2008. Les parcelles sont généreusement arborées pour protéger les façades dotées de grandes baies vitrées, tout en profitant de la nature environnante. L’une d’elles, dotée d’œuvres d’art, a été la propriété du sculpteur Roel D’Haese. Au coin du domaine, une autre propriété conçue par l’architecte Haverhals-Heylen. Parfaitement intégrées dans l’environnement, les habitations de plain-pied se distinguent aussi par leur aménagement intérieur, très fonctionnel, avec des rangements intégrés et une cuisine très bien étudiée, des espaces très lumineux.

Côté art

Ici, le musée est à ciel ouvert. La Triennale de Beaufort (qui se tient jusqu’au 3 novembre) regroupe sur 67 km des œuvres nouvelles et permanentes. De Nieuport, deux itinéraires cyclables sont possibles pour découvrir l’ensemble des œuvres de Coxyde à Nieuport et de Nieuport à Middelkerke. Le long du chenal portuaire et sur la presqu’île de Kromme Hoek, on aperçoit une forêt de 100 mâts, pavillons et girouettes, déclinant un choix de dix couleurs : Le Vent souffle où il veut est une œuvre de Daniel Buren. Les cavaliers Men de Nina Beier ont les pieds dans l’eau, disparaissant et réapparaissant avec la marée. Et la tortue de A la recherche de l’Utopie de Jan Fabre a voyagé jusqu’au centre culturel Ysara.

Pour conclure la visite, un tour en mer vous tente ? Au choix, à bord du Watson 2, un canot de sauvetage de 1948 ou sur un voilier de 12 à 14 m, avec un skipper. Tandis qu’un canal vous amène à Dunkerque ou à Furnes.

Nos cinq adresses coup de cœur

Reconversion élégante

Face au Grand Hôtel, l’ancienne capitainerie, de style moderniste, conçue par l’architecte brugeois Henri De Nijs, dresse son antenne multiple. Réhabilitée sur trois niveaux, elle accueille, une grande terrasse extérieure, un espace d’exposition d’art et de design, un restaurant gastronomique avec vue sur la côte belge jusqu’à la plage de Dunkerque (aménagé par le cabinet d’architecture Konrad & Fraay qui a utilisé des anciennes balises pour animer le mur du restaurant). Au sommet, un bar en rooftop, avec un autre panorama sur le canal de navigation.

Repaire gourmand

Avec en poche, une étoile au Michelin, Sofie Billet et Mattias Maertens ont déménagé dans un ancien entrepôt à charbon entièrement rénové. La terrasse est encadrée par un jardin d’herbes aromatiques. Chez eux, la cuisine de saison, s’inspire des polders et de la mer du Nord. Dans l’assiette, pas de recherche de magie mais des couleurs naturelles. Les plats sont créatifs sans choquer et « légèrement différents ». Le design du nouveau restaurant, avec son mur en brique, a été imaginé par le Studio Verlinde de Courtrai.

Comme chez soi

La salle de restaurant a été aménagée par RR Interieur. Les maîtres des lieux, Hermien Vermeulen et Arno Depoorter, proposent un menu fixe de saison, réalisé avec des produits locaux, légumes de la ferme biologique de Leisele et produits laitiers de Pervijze. Le poisson provient exclusivement de la mer du Nord, des espèces moins connues que les pêcheurs ont l’habitude de capturer. Dans la cour, un four à bois pour cuire le pain au levain, rôtir des légumes et préparer des fonds et des bouillons.

Modernité intemporelle

Derrière la digue, 400 m² consacré au design italien (Minotti, Flexform…), belge, scandinave (Carl Hansen & Son, Fritz Hansen…) avec les plus grandes marques internationales de design. Les matières naturelles comme le bois sont à l’honneur, le verre coloré pour les objets décoratifs et les luminaires. Les espaces organisés comme des pièces à vivre déclinent les teintes neutres, écru, beige, caramel, ponctuées de teintes plus chaleureuses. Pour imaginer de nouveaux espaces, la boutique collabore avec Architectenatelier Vyvey & partners.

Repaire scandinave

Dans une maison historique, toute la beauté du design des pays du Nord, des rééditions incontournables comme les créations de Finn Juhl et des marques iconiques et actuelles. Savamment mêlées parmi les créations où le teck domine, des pièces vintage des années 1950/60, rigoureusement sélectionnées. Un bar, doté d’un petit jardin de ville, permet de déguster un bon café et dessert. Au-dessus du magasin, deux appartements à louer pour les vacances, à la décoration en accord avec les préférences du maître des lieux.

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