Guzzi, le resto italien pas comme les autres à Louvain

Quand Carlo propose à Florence d’aller à Leuven manger une pizza, il a bien vu qu’elle ne sautillait pas d’enthousiasme. Mais elle n’avait jamais rencontré Felice Rossi, le chef italien fellinien de Guzzi.

Carlo de Pascale, Photos D.R. |

Marre de la néo-pizza

Yue Gu, Felice Miluzzi. Elle est de Shangaï, elle parle chinois, anglais, italien, néerlandais. Il est laziale, il parle romain, italien, quatre mots de néerlandais et trois d’anglais. Felice. Chef de Rossi, un des restaurants italiens parmi les plus singuliers (et parmi les meilleurs) du royaume de Belgique régionalisée.
Rossi, Felice, Gu : un univers fellinien, où la bande-son est une fanfare, les personnages semblent tout droit sortis de Pinocchio et d’Amarcord (on a changé l’accent de Bologne par l’accent romain). Un lieu où la cuisine est sophistiquée car au-delà de l’ambiance parfois truculente, Felice est un ous téléportons en vrais touristes d’un soir. Leuven me fait toujours cet effet, il faut moins de temps pour y arriver que pour faire « Montgomery-Schuman » à Etterbeek et pourtant, c’est toujours le dépaysement. Oui, Felice, comme plein d’autres s’est lancé dans la pizza gourmet, un genre qui explose depuis vingt ans en Italie et qui marche bien chez nous aussi.

La vidéo du jour :

Le menu dégustation

Alors oui, des pizzas, toujours meilleures, il y en a de plus en plus, ça déborde de partout, mais c’est la première fois qu’on tombe sur une pizzeria qui nous propose un menu, genre menu dégustation facturé 49 euros. Parce qu’en plus des pizze, il y a des antipasti, et c’est presque le drame de Guzzi, on le dit tout de suite - attention,  spoiler ! - , c’est que si les pizze sont impeccables, les antipasti, à eux seuls, te donnent envie de revenir !

On avait rencontré Felice en 2015 dans un restaurant de poche, Rossi, on l’a dit, nous le retrouvons (il évolue dans l’une ou l’autre adresse selon les soirs) dans une grande pizzeria, où on dirait bien que se mélangent jeunes couples et profs, familles et étudiants, des gens, de la vie. On commence (et on gardera la bouteille) par un Prosecco « col fondo », nature – avec, comme le nom l’indique, un petit dépôt - et très élégant à la fois (38 euros, pas donné, mais produit de haut vol). On prend le menu qui comprend deux antipasti et deux pizze. En fait, on prend le menu et on y rajoutera quand même des trucs, on voulait faire le tour…

Goûté et approuvé

Pour une fois, Madame Hainaut et moi sommes d’accord du début à la fin (toujours lui donner à boire du Prosecco nature, d’abord), les antipasti sont du ressort de la gifle aller-retour. Carpaccio de viande salée aux noisettes du Piémont, focaccia et burrata (nous la commandons en sus) et caviar italien (il y a marqué Royal Heritage sur la boîte, mais ça vient de chez Calvisius à Brescia) ; cette burrata au caviar est facturée 20 euros, c’est presque un cadeau (la quantité de caviar est petite, hein); vitel toné sans mayo, aux anchois de Cetara et Florence qui me regarde médusée gober ce condiment poissonneux que normalement je laisse. Il y a même des câpres croquants-séchés avec, c’est dingue.

La margherita (12 €) ensuite, elle est là pour rassurer que le maestro pizzaiolo connaît les classiques, et elle fait mieux que ça. Académique, juste, parfaitement gonflée du bord, un modèle. Vient une marinara (16 euros) aux anchois d’une sapidité brutale, limite trop salée, mais l’anchois c’est le sel. Puis, les pizze du menu. Mare, avec de la rivière, puisque c’est la truite d’Ondenval qui vient y faire sa nage synchronisée avec élégance; terra, avec une crème de brocolis, saucisse, fleurs de fenouil et peau de patates frite, et aussi de la ricotta fumée. On ne finit pas tout, on embarque pour le petit déj de demain et les morceaux rescapés se laisseront gentiment tiédir sans mollir. Et la soirée se termine, avec un peu de sorbet maison peu sucré pour chasser la légère saturation de goûts d’un repas un peu chargé par nos commandes extra ; le menu seul est bien balancé et largement suffisant.

Ici comme au Rossi, en fin de service, l’équipe est à table, Felice, à la fois Renard et Pinocchio chambre ses gars; il se définit lui-même comme rompicojoni (emmerdeur, NDLR) et pourtant il déborde d’amitié et de bienveillance pour ceux qui l’entourent. C’est juste beau comme une margherita parfaite.

En images, découvrez notre dégustation :  

 

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