La leçon d’élégance d’Inès de la Fressange

On a rencontré la plus parisienne des icônes de mode. Elle nous apprend que l’élégance
est avant tout une attitude, que les basiques n’existent pas et que l’on n’a jamais
vraiment besoin de vêtements.

Ingrid VANLANGHENDONCK. Photo : D.R. |

C’est aujourd’hui la 14 e fois qu’Inès de la Fressange dessine pour Uniqlo, ce n’est donc pas pour le scoop que nous nous rendons dans les bureaux parisiens de la marque japonaise, mais pour tenter de percer le secret du succès de cette longue collaboration et surtout, de l’éternelle allure de la belle. Car s’il ne fallait retenir qu’une seule icône de style à Paris, ce serait bien cette femme. A 62 ans, Inès de la Fressange, nous reçoit avec classe et décontraction, elle refuse les dictats et renvoie une image de la femme toute en plénitude et assurance. Dans un grand showroom lumineux, elle jongle avec les pièces de sa collection, crée des ensembles, superpose les modèles et pointe les jolis détails sur une tunique, comme les boutons recouverts, « C’est un détail qui apporte du chic au vêtement et que vous ne trouverez pas dans la plupart des collections de prêt-à-porter bon marché ! C’est comme ces surpiqures ou une belle broderie, ce sont souvent les détails couture qui font la distinction entre un vêtement chic et une pièce banale. »

Leçon n°1 : Ca ne doit pas être cher pour être beau

« Uniqlo est venu me chercher, ils avaient lu dans mon guide que je n’étais pas d’accord avec le préjugé qui veut que le vêtement doive être cher pour être bien et qu’à ce titre, j’aimais leurs basiques. C’est de la grande distribution, avec 1000 boutiques dans le monde, mais ils produisent de manière raisonnée, dans des quantités réduites et surtout, je trouve que c’est une marque ou le facteur « déceptivité » n’existe pas. Souvent, le prêt-à-porter bon marché vous offre des campagnes de pub incroyables et le vêtement, en vrai, une fois que vous le touchez, est décevant. La qualité est importante pour eux, on travaille avec du 100% coton, 100% lin. Je préfèrerai toujours n’avoir qu’un seul pull dans un beau cachemire qu’une multitude de pièces en acrylique (rires). J’ai voulu un peu amener des pièces du soir. Je trouve que s’habiller le soir est parfois problématique, sans trop en faire, on doit en faire un peu plus sans non plus être trop habillée, donc j’essaye d’amener des blouses en soie, des blousons de velours, des pièces plus casual chic. Au Japon, on sort peu le soir, ce n’est pas dans leur ADN, mais ils m’ont fait confiance. »

Leçon n°2 : les basique, ça n’existe pas

« Les basiques, ça n’existe pas ! C’est un concept marketing inventé dans les années 90 pour faire croire aux gens qu’ils avaient besoin de certaines pièces, mais un jean, un trench ou un petit pull noir des années 90 n’est pas le même que celui que vous porterez aujourd’hui. Chaque époque amène ses proportions, ses détails de coupe, et sa manière de les porter… Ces pièces sont des classiques, certes, mais ils changent au fil des modes. La mode, elle s’impose et démode les basiques en deux saisons. Les fameux intemporels d’aujourd’hui sont les pièces rebelles d’hier. Le jean slim que vous voyez partout en rue était une pièce sulfureuse quand Kate Moss a commencé à le porter. Quand la rue s’empare d’une tendance, les préjugés s’effacent, mais ne pensez jamais d’emblée que quelque chose ne vous ira pas ! Dans les années 70, tout le monde portait des pantalons pattes d’éléphant, sans se demander si ça leur allait ou pas, les femmes petites, grandes, rondes ou maigrichonnes. En fait, quand on aime, ça vous va ! Quand vous commencez à penser que ça ne vous ira pas, que vous n’êtes pas assez grande, pas assez mince, c’est que cela ne vous plaît pas vraiment. 

Leçon n°3: on ose ! 

Il faut aussi sortir de sa zone de confort, il faut essayer, regarder, oser passer une pièce que vous n’imagineriez pas porter. C’est pour cela que les magazines de mode restent importants à mes yeux car ils cassent les préjugés et montrent comment porter, assortir et assembler des pièces. Je dis aussi aux femmes qu’il faut parfois essayer des tailles différentes, un pull ou un manteau sur-taillé devient un tout autre vêtement, ça change complètement votre allure.  Mais quand on y pense, aujourd’hui, rien d’est indispensable, on n’a jamais vraiment besoin d’un vêtement, on a tous déjà plein de vêtements dans nos armoires. L’achat d’un vêtement est donc un geste qui doit nous apporter un peu de joie, de nouveauté, un plaisir qu’on s’accorde. »

Leçon n°4: on se fait confiance

 « Mes collections pour Uniqlo sont exposées dans des points de vente où il n’y a ni vendeuse ni conseil : les femmes sont livrées à elles-mêmes devant des portants, il faut donc les séduire, séduire toutes les femmes, au premier regard, et c’est dans ce sens que cette collaboration est passionnante pour moi. Cette recherche d’universalité dans le vêtement est essentielle, les pièces seront vendues à Dubaï, à Paris ou à New York, c’est un sacré défi pour une styliste. Mais là je dessine comme pour moi. Au fond, je suis une femme comme toutes les autres, le matin je ne sais pas quoi mettre et, comme toutes les femmes qui travaillent, je suis toujours pressée, mais j’ai quand même envie d’être bien habillée sans trop me casser la tête. Donc j’essaye de proposer des solutions pour ces femmes, on parle toutes la même langue quand il on se retrouve devant sa garde-robe le matin. (rires) et je constate que ca marche, souvent ce sont les pièces que je préfère qui partent le mieux, les femmes savent de plus en plus s’habiller sans être maternées ! » 

La collection Inès de la Fressange pour Uniqlo est disponible dans certaines boutiques et en ligne : Uniqlo.com

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