Les chicons et les tomates vont-ils devenir des produits de luxe ?

L’augmentation des prix touche tous les secteurs. Dans l’alimentaire, certains produits viennent à manquer, parfois même à disparaître. Face à la raréfaction de certaines denrées, les produits de notre alimentation de base comme les tomates ou les chicons vont-ils devenir des produits de luxe ? 

Par Anissa Hezzaz Photo by Iñigo De la Maza on Unsplash. |

Quand on pense aux produits de luxe dans l’alimentaire, on pense forcément en priorité aux huîtres, au caviar, aux homards  ou encore au bœuf de Kobé. Mais dans un contexte de crise énergétique et de taux d’inflation qui ne cesse d’exploser, les produits de notre alimentation courante pourraient-ils devenir à leur tour des produits de luxe ? Si autrefois dans un restaurant gastronomique ou pour impressionner ses convives, on sélectionnait des ingrédients réputés pour leur sophistication, serait-il possible que les chicons ou encore les tomates deviennent eux aussi des produits au summum de la sophistication gastronomique ? À ce stade, difficile de le prédire, mais cela ne serait toutefois pas impossible. 

Et si vous avez la chance d'avoir un potager :

La fulgurante ascension du homard 

Pour le comprendre, il suffit de se pencher sur l’évolution de certains aliments de notre assiette, à commencer par le homard. Avant d’incarner le chic à table, pendant longtemps, celui-ci était un mets très bon marché, quasi gratuit, consommé par les plus démunis. Le crustacé était si abondant le long de la côte est des États-Unis qu'il était utilisé comme engrais et servi dans les prisons. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si durant la Révolution américaine au XVIIIe siècle, le mot « lobsterback » - « lobster », qui signifie homard en anglais - était une insulte faisant référence aux soldats britanniques à l’uniforme rouges. Si ce produit était si mal considéré par les riches, c’est parce qu’il y avait une abondance de homard, à tel point que des usines de homard fleurissent et celui-ci s’industrialise. Le homard se vend même en boîte de conserve, dont le prix est alors cinq fois moins cher qu’une boîte de haricot blanc. C’est en fait le développement des chemins de fer aux États-Unis qui a transformé le homard en produit de luxe. Les services ferroviaires décident d’en servir à leurs passagers riches et la surpêche de ce produit réduit de manière drastique l’offre de homard qui deviendra au fil du temps un produit de luxe. Plus proche de chez nous, le homard bleu était déjà plus rare et donc plus cher que son cousin américain. À ce stade de l’histoire, toutes les stars hollywoodiennes veulent qu’on leur serve du homard et aujourd’hui encore les épicuriens des temps modernes le savourent aux grandes occasions.

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Des produits belges de plus en plus rares

En 2022, le homard est donc définitivement associé à la catégorie des produits de luxe, mais face à la flambée des coûts de l’énergie, de l’inflation et du réchauffement climatique, on en vient à se demander si certains produits de notre alimentation courante ne pourraient pas à leur tour voir leur prix exploser en raison de leur rareté. La RTBF relayait en effet ce mercredi 12 octobre que le secteur du chicon est plus que jamais mis à mal en cette période. S’il ne reste déjà plus qu’une poignée de producteurs de chicons en Wallonie, le principal producteur est dans l’obligation lui aussi d’écourter sa saison en raison de la hausse des prix de l’électricité. Le pallox qui me sert à entreposer les racines me coûtait 54 euros pièce, l’année prochaine, avec les prix de l’énergie, ce coût va passer à 400", expliquait Vincent Cossement, cogérant de l’exploitation, à nos confrères de la RTBF. Sur le marché des tomates belges, le constat n’est pas mieux : habituellement cultivées dans des serres chauffées, les coûts énergétiques forcent les producteurs à arrêter prématurément leur production. Au total, ce ne serait pas moins de 90 à 95 % des producteurs de tomates qui ont déjà annoncé qu’ils ne livreront pas durant la période hivernale. 

Vers la fin des tomates et des chicons ?

Doit-on pour autant dire adieu ces aliments qu’on aime tant ajouter à nos recettes ? Non, car  la plupart des grandes filiales des supermarchés s’assureront d’approvisionner leurs étals pour répondre à la demande des consommateurs, mais forcément, on sait déjà que si on veut déguster des tomates cet hiver, il faudra faire une croix sur le circuit court. 

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