Le food-sharing au resto : paie-t-on trop cher l’addition ?

Les restaurants qui proposent des plats à partager sont les nouvelles adresses en vogue. Une tendance qui a de quoi séduire les épicuriens qui désirent souvent tester toute la carte. Mais cette gastronomie décomplexée et plus conviviale reflète-t-elle vraiment l’envie des consommateurs ou est-ce simplement plus rentable pour les restaurateurs ? On fait le point.
 

Par Anissa Hezzaz. Photos : D.R. |

Fini de se demander si notre choix était le bon et si les autres plats n’auraient pas été meilleurs. Fini aussi de se limiter à de la viande ou du poisson quand notre palais n’arrive pas à trancher. Le food sharing semble plus que jamais répondre aux envies actuelles des consommateurs et à leur manière d’appréhender les sorties aux restaurants. Le principe ? On abandonne le sempiternel “entrée, plat, dessert” et on commande plusieurs petits plats que l'on se partage.  Une étude menée aux Pays-Bas par Deliveroo le confirme d’ailleurs : La majorité des personnes interrogées (55 %) ont déclaré qu'elles préféraient commander de petits en-cas plutôt qu'un plat unique. Une tendance qui répond donc inévitablement à la demande d’une clientèle qui a une appétence nouvelle pour les plats à partager, toutefois, on se demande si le prix en vaut la chandelle.

Des tapas upgradés

Ces adresses suggèrent généralement de partager, 4 à 5 plats, pour deux convives. Avec des assiettes dont les prix oscillent entre une dizaine d’euros pour les plus petites portions et jusqu’à une trentaine d’euros, voire même plus, pour des plats plus travaillés, on s’en sort avec une addition souvent bien trop salée comparativement à une expérience dans un restaurant plus classique où on paierait le même prix pour un menu formel, à savoir une entrée, un plat et un dessert. Est-ce que le fait de donner quelques coups de fourchette dans plusieurs assiettes nous rassasie autant ? Alors qu’autrefois, on se rendait dans les bars à tapas pour profiter de ce type de cuisine, désormais, les tapas se déclinent sous toutes les formes et à la sauce gastronomique. En devenant des plats à part entière dans des versions plus réduites, on savoure certes plus de saveurs, mais on ne sort pas toujours de ces restaurants le ventre plein.

Un service plus rentable ? 

Comme on peut le lire dans un dossier intitulé “Les plats à partager : un concept rentable à explorer”, publié par Vandemoortele, le food-sharing est en fait une manière facile d’augmenter la rentabilité d’un restaurant. Ces plats à partager ne sont pas uniquement destinés à mettre en avant les talents culinaires des chefs, ils réduisent aussi le stress, les coûts et le gaspillage, liés à la restauration traditionnelle et à ses plats individuels à l'assiette.

Plusieurs options s’offrent alors au restaurateur : il peut décider de servir de plus petites quantités pour le même chiffre d'affaires, ou alors, il propose les mêmes quantités avec une marge bénéficiaire plus importante. Mais si le food-sharing séduit aussi de plus en plus de chefs, c’est pour des raisons pratico-pratiques. Les chefs sont moins sous pression pour respecter un timing précis, les plats peuvent défiler les uns après les autres, et l'envoi des assiettes en salle peut se faire au compte-goutte. Ce qui n’est évidemment pas possible dans un service classique où un client commande un plat.

Sara Sommarti contrebalance toutefois ce point de vue en précisant qu’un service food-sharing induit beaucoup de mise en place. “D’autant que chez Babette, tout est fait maison, ce qui a un certain coût de main d'œuvre”. Si l'impression de payer plus cher se confirme, les enjeux du food-sharing vont donc bien au-delà d'une tendance simplement dans l'air du temps. Cette formule convient parfaitement à la génération de jeunes travailleurs, mais elle n'a pas encore su convaincre tout le monde...notamment ceux qui considèrent qu'ils se vont tout bonnement avoir...

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