Le « quiet luxury », la tendance qui définit les nouveaux codes des ultra-riches

Plusieurs phénomènes, qui pourtant ne semblent rien avoir en commun, nous ont interpellés ces dernières semaines. Les observateurs de la planète mode l'ont bien senti : il se passe quelque chose du côté de l’ultraluxe. On vous explique.

Ingrid Van Langhendonck. Crédit photo : Austin Distel |

Il a d’abord eu le procès de Gwyneth Paltrow, suivi par les médias du monde entier, ou la star paraissait jour après jour dans une tenue que l’on imagine bien soigneusement sélectionnée pour donner d’elle la meilleure image possible, chacune de ses silhouettes étant d’ailleurs soigneusement scrutée et autant commentée que le verdict. Il y a aussi d’autres choses plus discrètes, comme la sortie de la série Succession, racontant l’histoire de la succession d’un homme immensément riche, dans un milieu ultra privilégié avec ses intrigues et ses excès… Les séries actuelles étant, on le sait, une vitrine importante, le stylisme de la série a également été scruté de près. Mais quand un des épisodes de la série met en scène la moquerie et les railleries des riches protagonistes envers une jeune femme lors d’un dîner, pour cause de sac de marque, certes, mais inapproprié aux circonstances, on tique. Ainsi, que ce soit dans la vraie vie des stars ou au cinéma, les signes extérieurs de richesse varient en fonction du message que l’on veut exprimer, ou du type de ‘personne riche’ que certains veulent ou ne veulent pas incarner.

Quand Gwyneth Paltrow veut impressionner sans trop en faire  - Photo Photonews

Un point commun qui se remarque

On se demande bien ce que ces deux événements ont en commun, pourtant, à y regarder de plus près, les protagonistes affichent à chaque fois un look singulièrement sobre, une tenue chic tout en retenue et pourtant parfaitement palpable. Tailleur sobre, cachemire écru, ensemble ton sur ton, pas de sac de marque, mais un beau grand cabas dans un cuir visiblement travaillé et de qualité… Gwyneth a affiché chaque jour un look sobre mais d’où émane pourtant une indiscutable aura de luxe.

Et c’est de cela qu’il s’agit : les observateurs américains ont nommé ce phénomène le ‘Quiet Luxury’ ou le luxe sage, une notion fondamentale quand on parle de mode et qui nous ramène aux fondamentaux du luxe : la sobriété. Pour les grands couturiers, souvent, l’ultra luxe se niche dans une coupe impeccable, des matières somptueuses, l’intemporel et pas forcément dans le bling-bling et dans l’apparat à outrance. Une attitude que l’on retrouve souvent, d’ailleurs, dans les looks de nos familles royales: coincées entre la nécessité de porter haut les couleurs de leur pays et de le représenter avec panache et noblesse, tout en évitant tout ce qui les rendrait trop inaccessibles.

 

Succession, la série HBO qui recloisonne les codes du luxe chez les ultra-riches - Photo HBO

Le sens du luxe

Ainsi, cette notion de 'Quiet Luxury' est une nouvelle acceptation qui veut qu’aujourd’hui, pour afficher sa richesse, ou en tout cas son sens du luxe, on oublie les logos à tout-va, les marques trop ostentatoires et on mise plutôt sur des pièces de très haut de gamme parfois introuvables, des éditions limitées, mais toujours sobres. L’idée est de rechercher le classique intemporel, mais sublimé par la qualité des matières choisies. Au même titre, bien souvent, on préfère un beau bijou de famille en or, à une pluie de babioles en toc, le principe ici est le même.

Dans un récent article, Vanity Fair nous apprend les règles vestimentaires à connaître pour infiltrer la haute bourgeoisie et préconise, entre autres de fuir les logos comme la peste : « Méfiez-vous des logos, qui sont l'œuvre du diable. Les afficher est un péché mortel, preuve d’un pathétique besoin d'attirer l'attention sur le montant que vous avez dépensé pour le vêtement. » Tout est dit.

Le but ? D’après certains observateurs, il s’agirait simplement aujourd’hui, pour certaines catégories de personnes aisées de se distancier de cette vague de luxe galvaudé, tel que l’affichent certains rappeurs ou footballeur. Il y a une trentaine d’années, on parlait déjà dans la bourgeoisie des ‘nouveaux riches’ qui, eux, ont tendance à afficher un luxe ostentatoire, très brillant, afin de marquer leur aisance financière. Ces profils ayant été souvent associés à des marques tape-à-l’œil.

Le tailleur blanc de Sharon Stone dans Basic Instinct, aussi sobre que sexy, tous les codes du quiet luxury - Photo Photonews
 
Ce que cela nous apprend : c’est encore une fois que le bon goût n’est pas question de montant, c’est avant tout une attitude, et le choix de pièces exceptionnelles, qui ne sont pas forcément reconnaissables de loin. Cette tendance nous apprend aussi quelque chose, c’est que la notion de classique n’est pas encore morte quand on parle de mode : le slogan « Less is more » des années 90 incarne également cette notion que défendait déjà Yves saint Laurent, himself.

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