C'est une scène qui a fait le tour des réseaux sociaux. Le 5 août dernier, la jeune gymnaste chinoise Zhou Yaqin monte sur le podium pour recevoir sa médaille d'argent à la poutre. Au moment de prendre la traditionnelle photo des remises des médailles, elle observe ses concurrentes, les Italiennes Alice D'Amato et Manila Esposito, en train de mordre leurs breloques à pleines dents. La jeune femme visiblement surprise lâche un petit "wahou" rempli d'admiration avant de reproduire le même geste. La vidéo est devenue virale avec une pluie de commentaires où l'on peut lire "c'est adorable", "tellement mignon", "elle a l'air si innocente".
A l'instar des trois médaillées à la poutre de ces JO 2024, d'autres sportifs ont eux aussi mordu dans leur médaille comme le judoka français Teddy Riner ou la gymnaste américaine Simone Biles et ses coéquipières qui faisaient semblant de manger leurs médailles. Mais pour quelles raisons exactement ?
En vidéo, on vous emmène à Paris pendant les JO :
Un rituel qui remonterait aux chercheurs d'or
Le média Brut a tenté de répondre à cette question. Dans l'une de leurs vidéos, on apprend que les origines remontent à l'époque des chercheurs d'or au XIXème siècle aux Etats-Unis. "L'un des moyens pour déterminer si le métal trouvé était bien de l'or était de croquer dedans. L'or étant plus souple et plus malléable que les autres métaux si une marque de dent était visible après l'avoir mordu, il y avait alors de fortes chances qu'il s'agisse bien d'or. Et lors de la création des Jeux olympiques modernes en 1896, les médailles d'or étaient composées d'or pur. Mordre dedans pouvait rassurer les athlètes" peut-on entendre. Vous ne le savez peut-être pas, mais les médailles d'or sont aujourd'hui composées à 90% d'argent et seulement six grammes d'or. Le rituel instauré par les chercheurs d'or n'a donc aujourd'hui plus lieu d'être.
Prouver qu'on a gagné une médaille
Mais croquer dans sa médaille d'or, d'argent ou de bronze cache aussi des raisons pyschologiques. Dans une interview accordée à Ouest-France en 2022, le psychologue du sport français Clément Le Coz indiquait que ce geste était "une manière de concrétiser la victoire" et "prouver qu'on a gagné une vraie médaille". Et non pas une médaille en chocolat comme on a coutume de l'attribuer aux sportifs ayant décroché la quatrième place.
Toujours selon l'expert, l'idée de mordre sa breloque "peut montrer inconsciemment l’agressivité, les efforts, l’engagement et toute la motivation qu’un athlète a pu mettre en place pour obtenir une médaille. Enfin, mordre dans la médaille permet aux champions de reproduire, par effet de mimétisme psychologique inconscient, ce qu’ont fait leurs modèles et grands champions avant eux. Ils peuvent se dire : 'Je le fais également car je suis devenu un grand champion'. Il y a une certaine reconnaissance, un sentiment d’appartenance, de faire partie du cercle très fermé des sportifs qui ont pu accéder à ça".
La pression des photographes
Les remises des médailles doivent être immortalisées avec des images fortes. Le fait de croquer dans une médaille en est une. Il se dégage de ces clichés une forme de toute puissance. Certains photographes n'hésitent donc pas à directement solliciter les athlètes comme l'expliquait l’athlète allemand Frank Busemann à la presse aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 rappelait le journal L'Equipe : "Les photographes m’ont demandé de le faire pour avoir la médaille au même niveau que mon visage". Pas sûr donc que les sportifs soient toujours à l'aise de prendre une telle pose devant l'objectif. Toujours est-il que ces images restent et font aussi partie de la beauté des JO et du sport.
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