Adriana Karembeu nous ouvre les portes de son somptueux hôtel à Marrakech

À 51 ans, l’ex-mannequin slovaque ne s’est jamais sentie aussi libre. Créatrice du Palais Ronsard à Marrakech, elle nous fait visiter cet hôtel qu’elle a pensé comme une maison d’amis, un lieu chaleureux, à son image. Visite guidée et confidences.

Par Marie Honnay. Crédits photos : Philippe Doignon, Palais Ronsard sauf mentions contraires. |

On la connaissait top model, épouse d’une star de foot, animatrice télé, ambassadrice de la Croix-Rouge... On la redécouvre Adriana Ohanian Sklenarikova, créatrice d’un lieu de rêve : le Palais Ronsard, un hôtel pensé comme une maison d’amis, qu’elle a ouvert à Marrakech avec l’homme d’affaires Aram Ohanian, dont elle s’est séparée
à la fin de l’année dernière. En février, privée de Fashion Week parisienne pour cause de pied cassé, la jeune quinquagénaire d’origine slovaque nous a accordé une longue interview. L’occasion pour nous d’évoquer avec elle cette adresse intime et très personnelle, mais aussi l’univers de la mode, sa vie de femme d’affaires (et de femme libre) et ses engagements sociétaux.

La vidéo du jour : 

Comment est né ce projet du Palais Ronsard?

Mon ex-mari adore recevoir. Quand nous élaborions les plans de cette maison, il m’annonçait tous les jours qu’il souhaitait ajouter des chambres pour accueillir tel ou tel ami. Un soir, je lui ai dit qu’à ce rythme-là, il ferait mieux de construire un hôtel. Le jour suivant, il m’a avoué qu’il en avait toujours rêvé. La particularité de ce palais, c’est que, bien qu’il ait été construit de toutes pièces, il semble avoir toujours été là. Cette adresse a vraiment une âme. Avant de m’installer dans cette maison, dans laquelle je vis lorsque je suis à Marrakech, je passais ma vie dans les hôtels. Quand j’étais mariée à Christian Karembeu (dont elle a longtemps gardé le nom de famille conformément à la tradition de son pays d’origine qui veut qu’une femme divorcée conserve le nom de son ex-époux jusqu’à son prochain mariage, ndlr), on passait constamment d’une ville à une autre. Vivre à l’hôtel, ça fait partie de ma vie, mais à Ronsard, je souhaitais que nos clients se sentent accueillis comme à la maison.

Adriana Karembeu, avec Aram Ohanian son ex-compagnon, avec qui elle a imaginé le Palais Ronsard, un établissement membre de la famille Relais & Châteaux.

C’est donc vous qui avez imaginé la décoration du lieu ?

C’est l’architecte Gil Dez, dont nous sommes très proches, qui a su traduire nos envies : celles d’une ambiance chaleureuse, rassurante et très “boudoir” avec de grands miroirs, des chambres spacieuses où l’on puisse se poser agréablement et de belles salles de bains très spacieuses, mais aussi des accents plus masculins, proches de l’esthétique d’Aram. Je souhaitais recréer cette impression délicieuse qu’on ressent en arrivant dans la maison de nos grands- parents. Côté restaurant, nous avons confié à Alexandre Thomas, le chef, le soin de composer une carte simple. Comme dans le registre de la mode, j’aime quand tout est beau, sobre, pas trop sophistiqué. La mode, justement. Quand on vous entend l’évoquer, on a forcément envie de savoir ce qui vous relie encore à ce secteur qui vous a rendue célèbre dans le monde entier. J’ai eu la chance, pendant vingt ans, de faire partie de cet univers de création, de voir les tendances naître devant moi, de côtoyer les artistes au quotidien. Rien que de vous en parler, j’en ai des frissons... Cet univers dans lequel je suis tombée complètement par hasard m’a construite. Je n’éprouve pas de nostalgie lorsque je pense au passé. Même quand, par la force des choses, on s’éloigne un peu de ce milieu, il est impossible de passer totalement à autre chose. On en fait toujours partie. Le métier de mannequin a tout changé dans ma manière de voir la vie. D’abord, il m’a donné le goût des belles choses. Et d’un point de vue plus symbolique, les designers que j’ai tant admirés m’ont transmis leur audace. Grâce à eux, j’ai compris que la vraie liberté, c’est de faire ce qu’on aime et de rester, quoi qu’il arrive, fidèle à soi-même. On ne peut pas plaire à tout le monde. Alors autant foncer ! Cette philosophie de vie est centrale. Elle m’influence dans tout ce que je fais.

Le Palais Ronsard offre des chambres et des suites au décor néoclassique. 

On vous sait proche de créateurs établis, comme Stéphane Rolland, mais vous portez parfois des pièces de jeunes designers...

Lorsque Romuald Premier, mon styliste, m’offre la possibilité d’enfiler des pièces de jeunes créateurs, j’éprouve chaque fois la même émotion. J’ai envie d’arracher les vêtements des cintres Pet de tout essayer. Quand j’étais mannequin, contrairement à certaines filles qui se disaient terrorisées à l’idée de monter sur un podium, j’ai toujours adoré ça. À l’époque, quand on défilait pour un créateur, on repartait pratiquement toujours à la maison avec les vêtements qu’on avait portés. Avant même qu’ils passent dans Vogue, on les portait déjà dans la rue. Au quotidien, mon style est sobre et très discret, mais quand je peux, je sors le grand jeu. J’ai l’impression d’avoir à nouveau vingt ans. Je me la pète, quoi (elle rit).

Sous la pergola, on s'installe au restaurant Le Verger.

Vous vivez entre Monaco et Marrakech et vous travaillez à Paris. Chez vous, c’est où ?

Vous savez, avant, je prenais l’avion six fois par semaine. Maintenant, deux ou trois. Il y a du progrès (elle rit). Dans la mesure du possible, j’essaye de voyager avec ma fille (Nina, 4 ans et demi, fille de son ex-mari Aram, ndlr) pour ne pas la déraciner en permanence. Elle est scolarisée à Monaco et y a ses habitudes. Quant à moi, j’avoue que c’est un lieu où je me sens bien. On considère souvent Monaco comme une destination bling bling. Mais pour moi qui rêvais depuis toujours de voir la mer en m’éveillant, de me déplacer partout à pied, de faire mon marché et des randonnées dans la nature le week-end, cette ville est magique. Depuis la Slovaquie, c’est la première fois que je me sens à nouveau chez moi. J’associe plutôt Marrakech à une maison de vacances. C’est un pays merveilleux où j’ai réussi à trouver d’autres repères.

Comme beaucoup de mannequins de votre génération, vous avez réussi votre reconversion. Vous êtes une vraie femme d’affaires !

J’ai en effet toujours été indépendante financièrement. Pour moi, cette liberté est essentielle. C’est l’une des valeurs qui me tient le plus à cœur et que je veux transmettre à Nina. Mais dans mes précédentes relations, j’ai toujours eu tendance à laisser aux hommes de ma vie le soin de gérer pas mal de choses, de prendre les décisions importantes, sur le plan organisationnel et entrepreneurial, notamment. L’avantage d’avoir côtoyé - et admiré - un homme comme Aram, c’est que j’ai beaucoup appris en vivant à ses côtés. Désormais, je suis seule aux commandes. Contrairement à ma mère, une femme brillante, mais qui n’a pas osé prendre totalement le contrôle de sa vie, les rênes, désormais, c’est moi qui les tiens. J’avoue éprouver un immense plaisir à pouvoir tout décider pour construire le meilleur futur possible pour mon enfant et moi. J’aime créer, investir, développer de nouvelles idées. Dans la vie d’une femme, avoir cette liberté est une chance inestimable. La vraie indépendance, c’est ça. Je ne me suis d’ailleurs jamais sentie aussi forte et enracinée qu’aujourd’hui.

Adriana Karembeu dans le jardin du Palais Ronsard.

Au point de vous lancer dans de nouveaux projets ?

Mon grand projet, aujourd’hui, c’est de refaire une nouvelle fois le tour du monde, mais avec ma fille, cette fois. J’ai envie de la rendre heureuse, mais pour ça, je dois d’abord être heureuse moi-même. Le plus important, c’est ça. On n’a qu’une vie. Il faut la vivre “à fond la caisse”. Le reste, c’est du bonus !

Vous êtes également ambassadrice de La Croix- Rouge depuis 23 ans. Que retenez-vous de vos missions aux côtés des bénévoles ?

Lorsque j’ai commencé à m’engager aux côtés des médecins de la Croix-Rouge, je ne savais pas du tout comment me comporter face à toute cette souffrance et cette pauvreté. Pendant mon enfance en Slovaquie, j’ai connu des moments assez compliqués, mais en comparaison à ce que j’ai pu voir au Mali, ce n’était rien. On n’est jamais préparé à rencontrer des femmes qui font la queue pendant des heures avec leurs enfants pour une minuscule portion de nourriture ou unnsac de farine. Lors des missions auxquelles j’ai participé, j’ai pris le temps d’observer longuement les bénévoles pour éviter les faux pas et les maladresses. Pour moi, qui ai grandi entourée d’une mère médecin et d’une grand-mère infirmière et qui ai fait trois ans de médecine, ce rôle d’ambassadrice est comme un retour aux sources. Lorsqu’on s’engage dans ce type de projets humanitaires, il faut le faire avec honnêteté. La Croix- Rouge est ma seconde famille. Quand on évolue pendant des années dans des milieux très égoïstes, s’engager permet de se protéger de toute cette lumière constamment braquée sur vous. C’est non seulement utile pour les autres, mais c’est également très sain pour vous-même.

Ce type d’engagement vous permet-il de prendre du recul par rapport à certaines choses plus futiles de la vie, comme le fait de vieillir, par exemple ?

On ne va pas se mentir : la beauté vous donne un pouvoir hallucinant. Et je ne parle pas uniquement de nos rapports aux hommes. Quand on perd
ce pouvoir, ça fait mal, c’est évident. Au cours de ma vie, j’ai heureusement été confrontée à d’autres réalités. Comme en 2007, lorsque j’ai participé à l’émission Rendez-vous en terre inconnue avec Fréderic Lopez (elle était alors partie sur les hauts plateaux d’Abyssinie, à la rencontre des Amharas, un peuple d’agriculteurs et d’éleveurs, dont la survie était menacée, ndlr). Se rappeler qu’ailleurs dans le monde, l’espérance de vie ne dépasse pas 37 ans nous oblige à relativiser. En comparaison, nos problèmes sont ridicules. Mais pour en revenir au temps qui passe, je ne veux pas basculer dans l’autre extrême. Prétendre que vieillir ne fait pas peur est hypocrite. Et je déteste l’hypocrisie. Il est évident que je me trouvais plus belle à 30 ans. Prétendre le contraire serait un mensonge. Comme d’autres femmes, je me console en me disant qu’il me reste encore une partie de ma beauté. En contrepartie, je suis plus libre dans ma tête. Plus audacieuse aussi. À 51 ans, ma force, c’est que je sais très précisément ce que je veux. Je pense qu’on appelle ça la maturité ou... l’expérience.

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