La météo était particulièrement clémente jusqu'à maintenant pour la saison. Mais depuis quelques jours, les températures ont drastiquement chuté avec les conséquences qu'on connaît sur notre facture d'énergie... Mais jouer avec le thermostat est-il forcément un passage obligé ? Ou serions-nous, dans une certaine mesure, capables de nous habituer au froid ?
En vidéo, découvrez comment rester au chaud et ne pas perdre d'énergie ?
Le corps s'adapte
C'est un fait. Le corps s'habitue naturellement au froid grâce à différents petits ajustements internes dont lui seul a le secret. Il possède notamment ce qu'on appelle de la "graisse brune", essentielle pour lutter contre le froid. On la retrouve notamment dans le cou, au-dessus des clavicules, près de la colonne vertébrale ou encore du cœur. Ce tissu adipeux est brun parce qu'il contient beaucoup de mitochondries, que l'université de Sherbrooke compare à "de petites fournaises qui fabriquent de l'énergie à partir du gras et du sucre".
Une étude de 2014 publiée dans la revue Plos et menée sur un groupe d'hommes en bonne santé a prouvé que ceux-ci étaient parvenus à s'habituer à une baignade en eau glacée (14°C) au bout du vingtième jour seulement. Au bout de trois semaines, ils n'avaient presque plus froid, leurs vaisseaux sanguins s'étaient rétrécis et la température de leur peau ne baissait plus autant qu'avant. Notre corps possède donc différents mécanismes pour s'habituer au froid. Seulement, nous avons pris l'habitude de le protéger constamment du stress thermique, que ce soit en allumant le chauffage, en enfilant plusieurs couches de vêtements ou en buvant plus de boissons chaudes. Si ces habitudes n'ont pas de conséquence directe sur la santé, elles n'en demeurent pas moins questionnables d'un point de vue financier et environnemental, particulièrement dans le contexte actuel.
Comment accélérer le processus ?
La solution dès lors ? Aider son corps à se réhabituer au froid naturellement et progressivement. L'objectif est d'encourager son corps à se sentir à l'aise en automne et en hiver sans avoir à dépendre entièrement du chauffage. Interrogé par le Time, Marius Brazaitis, l'auteur de l'étude citée précédemment et chercheur à l'Université des Sports de Lituanie, explique : "Baisser votre thermostat de quelques degrés, enlever des couches de vêtements et passer plus de temps à l'extérieur dans des conditions froides - en fait, tout ce qui vous fait frissonner - aidera votre corps à s'acclimater au froid". En mettant votre corps à l'épreuve du froid de manière raisonnable plusieurs fois par jour, vous commencerez à vous sentir de plus en plus à l'aise lorsque les températures sont basses, et ce au bout d'une semaine seulement.
Pour accélérer un peu le processus, vous pouvez aussi prendre des douches glaciales. "Les douches froides ne sont pas amusantes, mais elles permettent au corps de s'adapter assez rapidement", explique John Castellani, physiologiste de recherche pour l'armée américaine. Il suggère de commencer par une quinzaine de secondes, puis d'ajouter chaque jour dix secondes supplémentaires. Bien sûr, vous pouvez augmenter la température une fois que vous avez passé ce délai. Une prudence particulière est cependant de mise pour les personnes qui présentent des risques cardiaques ou qui sont atteintes d'une maladie cardiaque. L'exposition au froid resserre les vaisseaux sanguins et augmente la pression artérielle, ce qui peut provoquer des crises cardiaques dans les cas extrêmes.
Et pour mettre un peu son corps à l'épreuve du froid :
Quelques bonnes habitudes à prendre
Une semaine de frissons et quelques douches froides et votre corps devrait donc rapidement s'habituer. Au-delà de cet exercice pour le moins inconfortable, il existe également d'autres petites habitudes à adopter pour mieux lutter contre le froid. Il s'agit d'abord de bien dormir, car un organisme fatigué est plus sensible au froid. On fait également le plein de vitamines D grâce aux compléments alimentaires ou aux fruits secs et oléagineux. On boit de l'eau en suffisance, on préfère la tisane au péquet pour rester hydraté et on respire par le nez pour conserver la chaleur interne et faire barrage à l'entrée du froid au niveau de la gorge et des poumons.
Le projet de recherche SlowHeat a tenté d'évaluer comment vivre confortablement dans des maisons à 16, 15, voire 14°C. Impensable ? Finalement pas tellement. L'étude menée depuis deux ans sur une vingtaine de citoyens a dégagé quelques pistes pour nous aider à vivre sans chauffage chez nous (et donc à faire de fameuses économies). Les solutions efficaces selon eux ? Optez pour des chauffages radiants plutôt qu'un radiateur classique, car il chauffe directement les corps à proximité au lieu de chauffer chaque mètre carré de la pièce. Il y a aussi la couverture chauffante quand on est en télétravail ou qu'on regarde Netflix le soir dans son canapé.
L'autre alternative assez fun (même si difficilement praticable partout) : déposer un pédalier de bureau sous sa table ou s'asseoir sur une balle de kinésithérapie quand on bosse. Bouger, même peu, augmente le métabolisme du corps et permettrait de supporter deux ou trois degrés en moins dans une pièce. "Vingt et un degrés dans les lieux d’habitation, c’est une construction sociale", explique la sociologue Amélie Anciaux à la RTBF. "On peut évidemment vivre, sans risque pour la santé, à des températures plus basses. Le chauffage central a été à juste titre perçu comme un progrès. Mais on voit bien aujourd’hui qu’il y a des normes qui ne sont plus tenables sur plan énergétique et environnemental."
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