Être influenceur serait-il vraiment le métier le plus rentable de la génération ?

Le métier d’influenceurs intrigue autant qu’il fascine : mais derrière ce monde d’apparence tout rose fait de paillettes et de milliers de cadeaux, qu’en est-il vraiment ? Gagne-t-on réellement des sommes indécentes en étant influenceur en Belgique ? Décryptage avec Yasmin Vantuykom, fondatrice de l’agence  Efluenz spécialisée dans le métier d’influenceurs. 

Par Anissa Hezzaz. Photo by Mateus Campos Felipe on Unsplash. |

Alors que l’affaire Booba-Magali Berdah agite la toile depuis plusieurs mois, l’émission « Complément d’enquête » sur le business des influenceurs diffusée dimanche soir bat de son côté un record d’audience inattendu pour France Televisions : 372 000 visionnages en 24 heures. Preuve s’il en faut que le métier d’influenceur pose encore de nombreuses questions aujourd’hui. Car les influenceurs sont partout : entre deux stories de vos amis sur Instagram, sur YouTube, sur Tik Tok, etc. Sans même vous en rendre forcément compte, vous y êtres pourtant confronté tous les jours. Pour les détracteurs de ce métier, il s’agit d’un « faux métier » qui ne veut qu’encourager le paraître et où les arnaqueurs pullulent. Pour Booba, qui mène une véritable chasse aux influenceurs frauduleux depuis 2021 sur les réseaux sociaux et qui a notamment lancé le hashtag #influvoleurs, ce sont même de véritables escrocs :  "Au-delà de n’avoir aucun talent, de faire de la promotion de la culture du vide, de la débilité, et de ne pas payer leurs impôts en France, ils entubent des citoyens - notamment des adolescents - en leur vendant des saloperies", confiait le rappeur au journal Libération.

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Un vrai métier 

Heureusement, tous ne sont pas comme ça. Et si les influenceurs issus de la téléréalité entachent bien souvent ce métier, influenceur ou plutôt créateur de contenu, comme aiment souvent le rappeler les concernés, est devenu un métier à part entière. Il appartient à cette nouvelle catégorie de métiers apparue avec l’avènement du numérique et notamment des réseaux sociaux, comme nous le confirme Yasmin Vantuykom de l’agence Efluenz et spécialisée dans le métier d’influenceurs : « ce n’est plus seulement un gagne-pain, c’est un véritable métier pour certains ». Un métier qui semble tellement facile qu’il en fait rêver plus d’un, à commencer par les plus jeunes : poster quotidiennement sa vie en story, tout le monde ou presque pense pouvoir le faire, mais on a tendance à zapper l’envers du décor. Siroté du rosé gratuitement, manger au restaurant, voyager à l’autre bout du monde, recevoir des produits, certes c’est tentant, mais tout ne se fait pas en un claquement de doigts. Il s’agit surtout de se démarquer, de proposer du contenu original et pertinent et de répondre aux demandes des clients. 

Un business rentable ? 

Mais qu’en est-il de la rémunération ? Peut-on réellement gagner mieux sa vie qu’un comptable ou un avocat comme le relayait récemment une étude menée par Adobe au Royaume-Uni ? Notre experte précise d’emblée : « c’est extrêmement difficile à dire et aléatoire, la rémunération d’un influenceur va dépendre de nombreux critères ». Elle nous explique que le nombre d’abonnés est loin d’être le seul indicateur qui permet se faire un beau petit pactole. «  Il faut également prendre en compte le taux d’engagement, le format proposé et le type de niche d’influenceurs ». Concrètement, un influenceur qui a 5.000 abonnés pourrait même se faire potentiellement plus d’argent qu’un influenceur qui en a 10.000 si son taux d’engagement est plus élevé : « En Belgique, le taux d’engagement moyen sur Instagram est de 3,2% », précise notre experte. « Une marque préfèrera collaborer avec un influenceur qui a un taux d’engagement autour de 10%, même s’il n’a que 5000 followers qu’avec un influenceur qui a 10.000 followers mais dont le taux d’engagement ne dépasse pas les 1%. »

Quant à la niche d’influenceur, c’est tout aussi arbitraire. Si une niche est saturée, l’influenceur a tout intérêt à se démarquer pour espérer bien négocier son partenariat. Yasmin nous cite cet exemple : « Un influenceur spécialisé dans l’écoresponsabilité même s’il n’a que 2.000 followers pourra peut-être demander les mêmes tarifs qu’un influenceur mode avec 20.000 followers ». 

Le marché des influenceurs n’a jamais été autant pris d’assaut, la pandémie ayant vu naître des néo-influenceurs en tout genre. Comme le relève Yasmin, on ne s’improvise pas influenceur du jour au lendemain, il s’agit de prendre en considération énormément de critères et de s’adapter sans cesse aux fluctuations du marché et des saisons. Car là encore, il faudra prendre en compte un ultime critère : « Un influenceur peut du jour au lendemain devenir très cher car un seul partenariat peut le faire décoller et le faire gagner en visibilité ».

Combien gagnent réellement les influenceurs ? 

Vous l’aurez compris, dans ce métier, rien n’est prévisible. Nous avons questionné plusieurs influenceurs belges afin de connaître les tarifs qu’ils demandaient. Forcément, dans ce business encore hésitant, personne n’ose répondre de manière tout à fait transparente mais les tarifs ont explosé en quelques années, comme nous le confirme Yasmin : « Il y a quatre ans, on comptait en moyenne 60€ pour une story et  120€ et pour un post. Aujourd’hui, la fourchette se situe plus entre 250€ et 500€ la story et entre 500 et 1000€ le post. Au-delà de 10.000 abonnés, on ne descend pas en dessous des 1000€ le post à condition qu’il y ait un bon taux d’engagement ». Assez pour gagner beaucoup d’argent ? Pas si sûr. « En Belgique, les entreprises sont encore trop frileuses si on compare avec les Pays-Bas par exemple. Elles n’osent pas encore investir dans les influenceurs. Un influenceur ne pourra pas vivre de ses partenariats s’il ne se concentre que sur le marché belge», ajoute-t-elle enfin. De quoi nous faire réfléchir donc avant de tout quitter et de se lancer dans ce marché en plein essor mais déjà saturé.  
 

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