Habibi, la nouvelle adresse de cuisine libanaise à Bruxelles

En arabe, Habibi signifie « mon amour » ou « mon petit chaton en sucre » ou encore « ma crotte en chocolat », selon que vous parlez l’arabe de Beyrouth ou de Namur. A Bruxelles, depuis quelques semaines, c’est aussi un restaurant qui vient shooter dans les papilles de celles et ceux qui pensaient pourtant savoir ce qu’était la bonne cuisine libanaise.

Texte et photos Florence et Hainaut Carlo de Pascale |

Le repas a débuté avec des gros mots. Carlo et moi avons un peu perdu notre flegme légendaire en mordant dans un kebbeh (soit une croquette à base de semoule et de pois chiches) fourré aux noix, raisins secs, graines de coriandre et oignons caramélisés (8€ les 3). Le kebbeh est un mets coquin qui, parfois, se présente sous forme de truc sec et pâteux, qui nécessite de boire beaucoup pour ne pas mourir étouffé. Ici, il est aérien et truffé de choses assez inédites.

Je le sentais bien ce resto, même si Carlo traînait un peu la patte. Ce garçon a décidément des goûts un peu conventionnels et profite toujours de mes absences pour chroniquer des valeurs sûres qui servent des grands classiques. Il sait que dès mon retour, je n’accepterai d’être nourrie que d’ail et de sauce poisson. Fini de rire, I am back.

On enchaîne avec un fattouceh (7€), soit une salade, dont c’est toujours ta mère qui fait la meilleure quand tu es libanais. Celle-ci est à la mousse de betteraves et d’olives, chou de saison brûlé, amandes grillées, grenade et sauce tarator (à base de crème de sésame). L’avis du pro ? « C’est bon et puis, il y a des choux » (chroniqueur culinaire, je vous le rappelle, c’est un métier). « Non, plus sérieusement, la salade est vraiment pensée, plus harmonieuse que la version basique. Souvent les fattouches donnent l’impression de manger chaque ingrédient séparément, là tout se lie. »

La tatin aux poireaux caramélisés (9€) est encore tiède. La pâte est assaisonnée au zaatar (un mélange de thym, d'origan, de sarriette, de sumac et de sésame, mais la meilleure recette de zaatar c’est d’office celle de ta mère). La tarte est servie avec de la crème fouettée à la sauge. Franchement, que dire ? A part « Oui, merci, mettez m’en cinq c’est pour consommer tout de suite. »

Dans mon four à 100 degrés reposent depuis une demi-heure les man’oushes, des pains plats cuits au four et fourrés de plein de choses a priori bonnes. En gros, c’est un dürüm un peu plus dodu et version luxe. Le premier, à l’effiloché de porc caramélisé, pickles de navet, persil, toum (crème d’ail) au gingembre et sauce tarator (9€). L’autre, au jarret d'agneau braisé au zaatar, miel, citron, cornichons maison, persil et sauce yaourt à la menthe fumée (10€). Je vous confirme la qualité du fourrage entre viandes moelleuses, touches acides et « slurpages » tout doux. Que des ingrédients qui font partie de ma bibliothèque de goûts, mais que je n’avais mangés ensemble. 

A la carte, deux desserts : un gâteau au chocolat noir parfumé à la cardamome et au café (6€), puissant, très bon. Et le mouhalabibi (5€), une panna cotta à la fleur d’oranger et crumble de pistaches. Carlo m’explique qu’il n’y trouve pas beaucoup d’intérêt pendant que je m’en mets plein les sourcils en léchant le pot. Clairement, nos avis divergent.
Mais nous sommes d’accord sur une chose : c’était vraiment un tof repas. De la cuisine libanaise, nous connaissons ici des déclinaisons plus ou moins bonnes des mêmes plats. C’est la première fois, en Belgique, que nous avons l’occasion de goûter une version plus créative. « Ce n’est pas un bon libanais, c’est autre chose », me dit Carlo. Le terme est certes galvaudé, mais je vous le dis quand même parce que je n’ai pas trouvé mieux : c’est une vraie expérience gustative. 

Gros coups de coeur pour la tatin aux poireaux et les kebbeh aux oignons caramélisés. Et grand coeur avec les doigts pour ces gens qui osent ouvrir des restaurants en pleine pandémie mondiale. Habibi, avec ses petits prix et ses grandes créations, participe au renouveau des cuisines du monde à Bruxelles. Bienvenue.

L'adresse ? 38 rue du Bailli, 1050 Bruxelles. T. 02 705 38 69. habibibrussels.com

Horaires Covid, donc susceptibles de changer : du mercredi au samedi de 18h à 21h.

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