La Béniche, le nouveau restaurant éphémère à bord d'une péniche de Benoît Van den Branden

Allez, viens, prenons le train, allons à Namur ! J'adore l'eau, les fleuves, les bateaux, même sans moteur, même immobiles. Florence qui, dans une autre vie secrète, aime les maisons flottantes, applaudit des deux mains et, lancés dans une expérience multimodale entre la SNCB et l'improbable Toyota rouge de ses parents, nous voilà, un dimanche midi de février, à bord de La Béniche, sous le soleil et sur la Meuse.

texte et photos : florence hainaut et carlo de pascale. |

Une péniche, ou plutôt une barge (c’est une péniche sans moteur), à quai à Namur, tout au bout de la ville, au lieu-dit La Pairelle, et dedans, un restaurant : voilà le programme. Dit comme ça, on dirait un attrape-touristes, mais quand on sait qu’aux manettes se trouve le chef Benoît Van den Branden – que l’on a connu au Cuisinémoi, en plein centre de Namur (devenu Pépite) ; oui, celui-là même qui, tous les étés, anime les quais namurois avec sa Guinguette mobile –, on se doute déjà que ce garçon va faire rimer restaurant éphémère avec restaurant, avant tout.

Éphémère, car ça se terminera fin avril, pour mieux faire renaître la Guinguette, désormais pérennisée pour les dix prochaines années, et pour revenir l’hiver prochain, si tout va bien. La promesse, c’est “bistrot de terroir – cuisine de caractère” ; on ne va pas aller chatouiller la linguistique plus avant, mais si on ne sera pas toujours dans 100 % terroir, on sera définitivement dans le caractère. D’ailleurs, tant qu’on y est, on vous « spoile » tout de suite que Benoît sait y faire en matière de cuisine de bistrot vraiment cuisinée, réalisée par des vrais cuisiniers qui cuisinent. Ici, on ne cherche pas forcément à surprendre, d’ailleurs à l’apéro, c’est porto, Picon, Maitrank et autres délices démodés. Florence et sa daronne riment avec Maitrank, moi, c’est Picon, tandis que Papa Hainaut se rode au porto. En revanche, côté vins, on est dans les clous du bistrot d’aujourd’hui avec, notamment, une sélection faite par Pépite, que l’on ne présente plus aux Namurois.

Dans l'assiette

Benoît nous glisse quelques tranches de vrai saucisson gaumais, coupé fin fondant, une focaccia moelleuse et nous passons commande, et on va se faire plaisir, avec une totale, “entrée-plat-dessert” ! Tout ce que j’aime, et même Madame Florence Hainaut-je-veux-des-menus est ravie : il y a du ris de veau. Je le glisse à l’oreille de tous ceux qui un jour voudraient lui couper la parole : commandez-lui du ris de veau, de préférence avec des morilles. Mais d’abord, des entrées : croquettes au fromage (18 €) pour une fois fromagées, ça devient rare, croquettes au crevettes (18 €) bien chargées. Les Crangon crangon souvent esseulées sont ici nombreuses et l’appareil, ni trop liquide ni trop ferme. Savoureux escargots petits gris (20 €) pour mézigue et un gravlax de saumon impeccable (18 €) pour la quatrième convive. Hop, on suit avec une belle Morteau (une saucisse fumée “au tuyé” du Jura, 26 €) laquelle est posée sur une purée (la purée de pommes de terre de Benoît est juste parfaite, beurrée sans excès) avec des lentilles cuites comme il faut et, belle idée, un petit jus de viande “tout près”, bien réduit.

On a dit cuisiniers qui cuisinent ? Ris de veau (30 €) “croustimoelleuxfondant” et un cabillaud en suggestion, cuisson parfaite, complètent la table (25 €). Le pain au levain et le beurre au lait cru ajoutent de la vie à toute cette euphorie de plats, on goûte les uns chez les autres, on sauce, on regoûte, Florence, horresco referens, lèche son assiette. Du vin ? Juste une lichette, on est en transport en commun, on ne voudrait pas louper le marchepied. Benoît nous sort un vin du Vaucluse (j’avais dit léger !), sudiste, mais de fait, léger, fruité, gentiment tarifé à 30 €. Dessert ? On commence légèrement à se sentir comme des bernaches que l’on a privées de piscine. Il y a du Paris-Brest (14 €), kikenveut ? Moi, dit Florence, tandis que nous choisissons qui, le dernier Paris-Brest, qui, un pain perdu à 800 kcal (12 €) et une dame blanche, modèle du genre, pour moi (12 €).

Verdict

On vous le dit souvent, chers lecteurs : les restos que nous n’aimons pas, nous n’en parlons pas. Et il y a ceux que nous aimons, puis il y a ceux que nous aimons et qui nous donnent de la joie au-delà de la qualité de leur cuisine. On y est ! Sur la Béniche, on mange bien, toutes les promesses sont tenues, mais la dimension supplémentaire apportée par le combo “Meuse-soleil-ciel bleu-saucisse-purée-ris de veau” et tout le reste, nous emmène dans un eggrégore bistronomique. Oui, carrément ! Quoi, tout est parfait, rien, pas de bémol ? Allez, juste parce qu’on est des pros. Justement, on connaissait la table d’à côté et on leur a volé une frite. La mayo était top, la frite un peu passepartout, sans éclat. On s’en balek, on avait pris de la purée ! Alors oui, on a passé un bon moment. Parce que nous aimons les cours d’eau et les bateaux sans moteur ? Surtout, parce que nous aimons ceux qui nous servent une cuisine qui tient sa promesse, entre en résonance avec nos goûts, et le lieu et le moment où elle se pratique. Ce n’est pas souvent, mais c’était un dimanche midi, en bord de Meuse..

En pratique

Où ? Chemin de la Pairelle, 5100 Namur

Quand ? Du mercredi au vendredi midi & soir, samedi soir et dimanche midi.

Suivez So Soir sur Facebook et Instagram pour ne rien rater des dernières tendances en matière de mode, beauté, food et bien plus encore.