Pourquoi la pensée positive ne vous rendra pas toujours plus heureux

On vous dit souvent de voir le vide à moitié plein plutôt qu'à moitié vide ? Si voir la vie du bon côté peut nous amener des ondes positives, l'excès de positivité peut en revanche devenir toxique. On vous explique ce phénomène qui peut nuire à notre santé mentale. 

Era Balaj, Photo by Jamie Brown on Unsplash |

À chaque doute, sa réponse positive : « vois le verre à moitié plein, il faut rester pos-si-tif ! », quand la loi de Murphy vous rattrape parce qu’ « il y a pire dans la vie ». « Un de perdu, 10 de retrouvés », tandis que vous voulez juste savourer votre glace au chocolat après une rupture… même s’il y a « plein de poissons dans l’océan ». Seulement, quand la vie vous donne des citrons, ne vous sentez pas obligé d’en faire de la limonade, au risque de goûter au revers de la médaille que les psychologues se complaisent à appeler : la positivité toxique. Heather Monroe, assistante sociale et directrice de programme de développement au Newport Institute, décrit le phénomène par « l’idée que nous devons nous concentrer uniquement sur les émotions positives et sur les aspects positifs de la vie. C'est la conviction que si nous ignorons les émotions difficiles et les parties de notre vie qui ne fonctionnent pas bien, nous serons beaucoup plus heureux. » 

En vidéo, découvrez comment aider les enfants à adopter la positive attitude :

Quand les contraires s’attirent

L’assistante sociale met en garde contre les effets négatifs que produit un excès de positivité sur le long terme. Les personnes concernées sont encouragées (indirectement) à refouler leurs pensées maussades, et à garder le silence sur leurs maux. Andrée-Ann Labranche, doctorante en psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) parle, alors, d’invalidation émotionnelle. « Quand une personne parle de ce qu’elle ressent, le plus souvent, c’est pour valider ses émotions, c’est-à-dire comprendre et accepter l’expérience émotionnelle. Au contraire, l’invalidation émotionnelle consiste à ignorer, nier, critiquer ou rejeter les sentiments d’une autre personne. ». Heather Monroe insiste de son côté : « se sentir connecté et entendu par les autres est l'un des antidotes les plus puissants contre la dépression et l'anxiété, tandis que l'isolement alimente ces problèmes émotionnels.» En d’autres termes, abuser de l’optimisme est contre-productif. En plus d’augmenter les risques de dépression et d’anxiété, la positivité toxique nous pousse à cumuler nos émotions (car elle ne les efface pas) et cela pourrait avoir un effet "cocotte minute".

Comment s’en défaire ?

Attention, il faut nuancer : la positivité n’est pas toujours toxique, et personne ne vous empêche de voir la vie en rose. Seulement, il est conseillé de la consommer avec modération. Les experts recommandent de trouver un juste équilibre entre le yin et yang, c’est-à-dire de s’autoriser à ressentir des émotions négatives, et surtout de les accepter. Au lieu de répondre « qu’il y a pire dans la vie », Andrée-Ann Labranche conseille de tenter un « il est normal de se sentir comme tu te sens après un évènement aussi grave, essayons de donner un sens à tout ça ». 

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