Pourquoi offrir des fleurs pour la Journée des droits des femmes est une mauvaise idée

En ce 8 mars, vous avez peut-être songé à offrir un bouquet de fleurs ou des chocolats aux femmes de votre vie. Certaines entreprises aiment également marquer le coup au travers d'attentions qui se veulent bienveillantes. Mauvaise idée. 

Par Camille Vernin, Photo : Pexels |

Ce n'est pas une fête commerciale 

On ne vous refera pas le pitch de la fameuse fête commerciale. À Noël, à la Saint-Valentin ou pendant la fête des Mères ou des Pères, on aime faire plaisir et offrir des cadeaux dans le thème tout en sachant qu'on est un peu les dindons de la farce. C'est le jeu, on connaît les règles, et on assume pleinement de s'y engouffrer. Dans ce contexte-ci, il est important de rappeler que le 8 mars n'a rien d'une fête commerciale. Ce n’est pas "la journée de la femme", mais la journée internationale des droits des femmes. Nuance. Et même si de nombreux fleuristes tentent de profiter de l'événement pour se faire un chouette chiffre d'affaires en cette journée un peu spéciale, on ne tombe pas dans le piège. D'ailleurs, les cadeaux et les petites attentions, ça s'offre toute l'année sans modération. 

Il n'y a pas de quoi célébrer 

D'ailleurs, ce n'est pas une fête commerciale, mais ce n'est surtout pas une fête tout court. Si la journée a été instituée, c'est pour célébrer les avancées majeures réalisées par les femmes durant les dernières décennies, et sensibiliser sur les nombreux combats qu'il reste à mener. Le 8 mars rappelle les nombreuses inégalités qui perdurent entre hommes et femmes.

Dans ce contexte, offrir des cadeaux n'a donc strictement aucun sens. Peut-on dignement célébrer avec des fleurs le fait qu'il y a toujours 23% d'écart salarial entre les hommes et les femmes ? Que 35% des femmes dans le monde ont déjà été victimes de violences physiques ou sexuelles, soit plus d'une femme sur trois ? Ou encore qu'une femme sur deux est victime de violences sexistes ? Alors, sans tomber dans le piège de la victimisation, pour être vraiment utile à la lutte, on se renseigne sur les combats féministes ou, mieux, on s'engage. 

Du sexisme bienveillant 

Il y a, derrière le geste d'offrir des fleurs, une forme de galanterie qui, bien que bienveillante et même agréable pour certaines, renvoie à nouveau à des stéréotypes de genre que l'on veut justement éviter ce jour-là. L'homme est celui qui donne, et la femme qui reçoit. On lui dit qu'elle est belle et appréciée, mais on la renvoie aussi subtilement à des attributs propres à son sexe : le plus souvent celle de mère et d'épouse.

Les campagnes marketing ne s'y trompent d'ailleurs pas avec leurs publicités pour des sous-vêtements en promo, des épilations à moitié prix ou du maquillage en supplément cadeau de certains achats. Une bonne façon de renforcer les vieux stéréotypes autour d'une féminité fantasmée qui ne correspond pas et surtout qui n'intéresse pas un paquet de femmes. Bref, même si c'est plein de bonnes intentions, on évite. 

Pour lire le dossier du journal Le Soir consacré à la Journée internationale des droits des femmes, cliquez ici

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