Une cure de raisin en automne pour détoxifier l’organisme : bonne ou mauvaise idée ?

La cure de raisin, aussi appelé cure uvale est une tradition qui se perpétue d’année en année. Le meilleur moment pour s’y mettre ? En automne selon ses adeptes. Mais faut-il succomber à cette monodiète vantée comme miraculeuse ? On fait le point avec Chloé De Smet, diététicienne et hypnothérapeute. 

Par Anissa Hezzaz Photo by Nacho Domínguez Argenta on Unsplash. |

Dans votre entourage vous avez peut-être entendu parler d’une détox un peu spéciale en ce moment qui fait fureur : le régime à base de raisins. Le principe ? S’alimenter exclusivement de raisin durant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, afin de régénérer l’intestin. Sous forme de jus ou en grappe, le principe est simple puisqu’il s’agit de manger du raisin à chaque repas. 

Et le chocolat dans tout ça ?

Très populaire dans les années 1930, à la suite de la publication du livre Cure uvale de Johanna Brandt, une infirmière sud-africaine qui déclarait avoir vaincu son cancer de l'estomac grâce à ce procédé, cette pratique ancestrale semble connaître un regain d’intérêt notamment parmi les naturopathes. Parmi ses nombreux bienfaits, les adeptes citent un regain d’énergie, un sommeil amélioré, une peau sublimée et forcément une perte de poids rapide, puisqu’en moyenne, la cure uvale permettrait de perdre jusqu’à 3 kilos par semaine. Alors forcément, tant qu’on trouve du raisin et que c’est la saison, on serait tenté de s’y essayer. 

Mais que faut-il réellement en penser ? Chloé De Smet, diététicienne et hypnothérapeute, et membre de l’Union Professionnelle des Diplômés en Diététique de Langue Française en Belgique et de L’Academy of Nutrition and Dietetics américaine est une véritable référence dans le domaine. Elle a notamment participé à des congrès en nutrition, réalisé un programme de certification dédié aux restaurateurs ou encore collaboré avec les chefs de grands restaurants pour marier plaisirs culinaires et bien-être parmi tant d’autres choses. « De manière générale, je ne suis pas vraiment pour les monodiètes, je trouve ça un peu extrême et surtout, il y a beaucoup d’inconvénients ».

L'effet de la monodiète

Qu’il s’agisse du raisin ou d’un autre fruit – la pomme est par exemple aussi souvent utilisée dans les monodiètes - notre experte est donc plutôt frileuse sur le sujet, car elle estime qu’il ne s’agit pas d’un régime équilibré : « Le souci avec ce type de diète, c’est qu’on va être en dessous de l’apport énergétique de son métabolisme de base, le corps va alors se mettre en résistance et donc en stockage, ce qui n’est clairement pas le but recherché. Notre corps va aller puiser dans les réserves en sucres et en graisse, mais aussi dans les muscles. Vu qu’il n’y a pas d’apport en protéines, il risque alors d’y avoir une fonte musculaire ». En ne mangeant qu’exclusivement du raisin durant plusieurs jours, notre organisme n’aura pas le panel complet de nutriments dont il a besoin. 

Lire aussi Le "fasting", ou jeûne alternatif, le nouveau régime qui cartonne

Que faut-il faire ?

Certes, le raisin est riche en antioxydants et en minéraux, il aura donc de nombreux bienfaits sur l’organisme, mais elle ne préconise toutefois pas de le consommer en monocure. « Dans nos sociétés, on a tendance à manger un peu trop et trop riche, les monocures permettent de soulager notre état d’inconfort dans les premiers jours, on a alors la sensation d’être moins lourd et d’avoir l’organisme allégé, mais on peut tout à fait avoir une alimentation équilibrée au quotidien sans devoir passer par la case détox ultra restrictive ». Elle conseille par exemple de mettre dans son assiette beaucoup de végétaux, d’avoir un bon apport en protéines de qualité, de se tourner vers des volailles, des poissons et beaucoup de légumes et des céréales complètes. Enfin, quelques noix, des graines et des huiles de bonne qualité permettent aussi d’avoir une bonne hygiène de vie. Elle ajoute également de penser à bien s’hydrater : « en fonction de son activité physique, de la température, etc, il faut au moins boire 1 litre à 1,5 litre d’eau par jour. Et si on veut bien drainer l’organisme, on peut aller au-delà sans boire trop non plus pour ne pas développer d’autre souci ». Et si on veut quand même tenter la cure uvale ? Elle conseille de ne pas dépasser une semaine en demandant au préalable l’avis de son médecin. « Ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère, car notre alimentation est totalement déséquilibrée et ce n’est pas anodin », conclut-elle. 

Retrouvez tous les conseils de Chloé De Smet ici. 

Ne manquez plus aucune actualité lifestyle sur sosoir.lesoir.be et abonnez-vous dès maintenant à nos newsletters thématiques en cliquant ici.