43 ans de file d'attente pour pouvoir manger dans ce restaurant

En partant d'une idée complètement déficitaire, cette entreprise s'est rapidement taillé un nom... et une file d'attente de presque un demi-siècle. Mais comment au juste ? 

Par Camille Vernin, Photo : Pexels |

Chaque année, sa file d'attente s'allonge. Elle était de 30 ans en 2022, et a grimpé jusqu'à 43 ans cette année. Mais pour quelle raison déroutante des clients seraient-ils prêts à patienter près d'un demi-siècle ? Pour... des croquettes au bœuf de Kobe.

Voici le gagnant de la meilleure croquette aux crevettes de Bruxelles 2023 :

La meilleure viande à un prix dérisoire

Mais pas n'importe lesquelles. Celles de chez Asahiya, une petite boucherie familiale qui ne paie pas de mine et située dans la ville de Takasago, à Hyogo, dans l'ouest du Japon. Fondée en 1926, elle a vendu des produits à base de viande - y compris du bœuf de Kobe - pendant des décennies avant de lancer ses fameuses croquettes de bœuf après la Seconde Guerre mondiale. Il a néanmoins fallu attendre l'essor d'Internet au début des années 2000 pour que ces fameuses croquettes de pommes de terre et de boeuf frites deviennent de véritables phénomènes. 

Le buzz est né d'une idée commerciale pourtant peu rentable au départ. Shigeru Nitta, la troisième génération propriétaire de la boucherie Asahiya, a expliqué à CNN qu'il s'était rendu compte que les clients étaient peu enclins à payer une fortune en ligne, même pour du bœuf de première qualité. Il a donc décidé de vendre des croquettes au prix de 270 JPY (1,65€) pièce alors même que le bœuf qu'elles contiennent coûte à lui seul environ 400 JPY (2,50€) la pièce. L'idée ? Faire en sorte que leurs clients tombent tellement raides dingues de leurs croquettes qu'ils se motivent à acheter leur bœuf de Kobe par la suite. Au début, il ne produit que 200 croquettes par semaine et compte sur l'approvisionnement ultra-local - puisque le boeuf est élevé sur place et directement produit dans la préfecture de Hyogo - pour faire des économies. 

14 ans d'attente en 2016 déjà 

Ce contraste entre le prix très peu élevé des croquettes et la qualité des ingrédients (bœuf de Kobe femelle de trois ans classé A5 et pommes de terre provenant d'un ranch local), attire bientôt les médias. C'est un reportage qui va booster la popularité de l'adresse au début des années 2000. À tel point qu'ils ont décidé de cesser les ventes en 2016, car le temps d'attente dépassait déjà les 14 ans. Mais les appels n'en finissent plus et Asahiya finit par relancer les commandes en 2017 en augmentant le prix. La production passe de 200 croquettes par semaine à 200 croquettes par jour.

Malgré l'augmentation du prix de ses croquettes, l'entreprise reste déficitaire puisque le coût du bœuf de Kobe a doublé en parallèle. Heureusement, la moitié des personnes qui essaient les croquettes finissent par commander le bœuf de Kobe, ce qui reste donc une bonne stratégie de marketing selon M. Nitta. Aujourd'hui, chaque boîte de croquettes, qui comprend cinq pièces, se vend 2 700 yens (16,70€). Les clients qui les reçoivent aujourd'hui ont néanmoins passé leur commande... il y a une dizaine d'années. En 2024, on compterait déjà 63 000 personnes dans la "file d'attente". 

Pas envie d'attendre ?

Le magasin a quant à lui appris à gérer cette demande, en envoyant notamment une lettre d'information aux clients pour leur indiquer l'estimation de leur livraison. Seul bémol, certains changent parfois d'adresse email entre temps. Pour les impatients, il existe un autre moyen de goûter aux fameuses croquettes d'Asahiya. On peut se rendre directement dans la boucherie qui vend essentiellement de la viande, mais aussi deux autres types de croquettes à emporter, les "Tor Road" à base de paleron (2,80€ pièce) et les "Kitanozaka" à base de bœuf maigre (2,20€). Ce n'est certes pas du Kobe, mais au moins vous n'aurez pas à attendre des années avant d'en manger...

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