Le Nuetnigenough, la brasserie bruxelloise où s'attabler pour de bons plats de terroir

Il existe peu d'adresses à Bruxelles où l'on croise autant de touristes que de locaux et où les chicons au gratin et la tête de veau sont assez bons et abordables pour que les gens fasse patiemment la file pour en manger. Bienvenue chez Nuetnigenough. 

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. |

Nous sommes juste un tout petit peu en dehors du centre hyper touristique, tout près de la rue du Midi. Impossible de réserver ici, il faut donc arriver tôt ou faire la file. Et les files, je n’aime pas trop ça. Il se fait que Nuetnigenough ouvre très tôt, je demande donc à Carlo si ça lui dit de manger un jambonneau comme goûter. C’est sans doute le seul de mes amis qui peut répondre favorablement à ce genre de demande. 17 h 10, nous voilà donc attablés. À notre gauche, un touriste américain qui prend en photo sa bouteille de bière. À droite, un Japonais. Damned, nous ne sommes pas les premiers. Le temps de commander une Saint Lamvinus de chez Cantillon (6 € le verre) et de baver un peu devant le menu, il est 17 h 26 et nous sommes déjà neuf dans le resto. Je ne vais pas faire durer le suspense : à 17 h 52 il était plein et à 18 h 15 la file d’attente commençait. 

En vidéo : Le plus petit chef du monde s'installe à Bruxelles pour un dîner spectacle ludique

Dans l'assiette 

Revenons à nos moutons. Il y a sur le menu des petits trucs à partager autour d’un verre et puis des entrées, des plats et des desserts. Et l’équivalent d’un annuaire téléphonique, ça, c’est la carte des bières. On sirote notre Cantillon avec de parfaites croquettes de pulled pork sauce BBQ (11 € les 4) et des rillettes de cochon à la Zinnebier (9 €). De l’acide pour casser le gras, je sais que d’un point de vue chimique ça n’a aucun sens mais gustativement parlant, c’est quelque chose. Pour l’entrée, on la joue au bras de fer. Je perds, mais je choisis quand même (c’est moi qui fais les règles) : gaufre de stoemp au brocoli, saumon fumé et crème épaisse (18 €). La gaufre est un peu sèche à notre goût et aurait mérité un rab de crème. Mais vu la tête des plats qui arrivent, question crème on va être servi.


 

Carlo a donc pris le jambonneau laqué sauce miel-moutarde (28 €), une espèce de petite montagne dodue, dont la chair se détache toute seule et qui frétille du croupion au milieu d’une bassine de sauce moutardée. J’ai choisi un pain de veau rôti sauce Jack Pepper (26 €), soit un beau gros lingot de pain de viande ultra fondant qui trône comme une île oblongue au milieu d’un océan de sauce bien bien poivrée. Tout ça est délicieusement régressif et réconfortant. Et surtout très bien exécuté. Les cuissons et assaisonnements sont d’une justesse qui permet de se concentrer sur l’essentiel, à savoir accompagner chaque bouchée d’un maximum de sauce, mais sans s’en mettre plein le plastron. Tout le bol de frites (fraîches) y passe et le charmantissime serveur nous propose spontanément une seconde tournée. On aurait pu prendre un stoemp ou des légumes en accompagnement, mais on est de l’équipe “passion blanc de boeuf”. Gommettes vertes également pour la mayonnaise, faite maison, et la salade, qui n’est pas là pour décorer : grand bol de crudités fraîches servies avec un pickles de graines de moutarde. 

Toujours dans l’espoir que l’acide casse le gras, on se fait conseiller une Blond Sour, Phi des brasseries Alvinne (6,50 €). On boit ça doucement tout en apprenant à nos voisines espagnoles l’art de manger les feuilles d’artichaut. Les guides de voyage conseillent visiblement de venir tôt au Nuetnigenough, à 18 h et des pépettes nous sommes les seuls locaux de l’étape. Et même si la file se forme devant le restaurant, personne ne semble pressé que nous partions pour laisser la table aux suivants. Et ça tombe bien parce que Carlo et moi étions juste en train de nous remettre un peu d’aplomb avant de partager un dessert, et pas le plus léger de la carte : le kouign-amann (11 €). Une petite chose aérienne venue de Bretagne, composée de 40% de pâte, 30 % de beurre et 30 % de sucre. Celui-ci vient de chez Callier, une boulangerie à Uccle, et est servi avec une glace au caramel. On regrette qu’il ne soit pas frais du jour, sans que ça gâche le plaisir pour autant.

Verdict 

C’est donc à l’heure de l’apéro que nous sortons, repus de chez repus, de cette institution bruxelloise. Hors du circuit ultra-touristique, où l’on vous saute dessus en vous proposant des menus à 24 € (listériose parfois incluse), le Nuetnigenough est un lieu où il fait bon se poser avec l’une des plus belles carte de bières de la ville et un service vraiment chouette. Et si tout n’est pas parfait dans l’assiette, le reste de l’expérience justifie totalement qu’on vous recommande d’aller y casser le gras avec un peu d’acide.

Où ? 25 rue du Lombard, 1000 Bruxelles, nuetnigenough.be

Ne manquez plus aucune actualité lifestyle sur sosoir.lesoir.be et abonnez-vous dès maintenant à nos newsletters thématiques en cliquant ici.