Broderie, tricot : pourquoi les activités de grand-mère nous font-elles du bien ?

Certains loisirs dits créatifs ont longtemps été considérés comme des activités désuètes, réservées à nos mamies. Sauf que, aujourd’hui, alors que nous cherchons plus que jamais le bien-être dans la déconnexion, certaines se révèlent riches de nombreux bienfaits dans l’air du temps.

Par Audrey Morard. Crédit photo : Pexels |

Il y a quatre ans, un virus nommé Covid-19 bouleversait notre existence. Il a fallu adapter notre quotidien, se trouver des activités pour occuper nos journées quand nous n’étions pas en télétravail. De nombreux Belges se sont ainsi mis à faire leur pain, nous avons tous davantage cuisiné, nous avons jardiné, bricolé et aménagé nos intérieurs …

En marge de cela, certaines personnes ont connu un regain de nostalgie et se sont (re)plongées dans des activités dites “de grand-mère”. La plupart d’entre elles ont la particularité d’être manuelles, une caractéristique bénéfique pour notre bien-être. Une étude américaine rapporte en effet que ces loisirs sont sources d’apaisement. À la clé ? Une baisse du taux de cortisol, l’hormone du stress. On se sentirait donc vraiment plus relaxés et détendus après la pratique d’une activité manuelle. 

Une nouvelle étude révèle l'activité à privilégier pour vieillir en bonne santé :

Des adeptes de plus en plus jeunes

Le tricot est la première des activités old school à être revenue en force. Quand on pense au tricot, on s’imagine une grand-mère assise sur une rocking chair en train de passer ses aiguilles les unes en dessous des autres. Mais ça, c’était avant. En 2024, le tricot est tendance. Mieux, il séduit un public de plus en plus jeune. Le plongeur Tom Daley, alors âgé de 27 ans, avait fait le buzz en tricotant au bord des bassins lors des Jeux olympiques de Tokyo en 2021. Depuis, le sportif a lancé sa marque de pelote de laine "Made With Love". 

Anaëlle, bientôt 30 ans, s’est elle aussi prise de passion pour le tricot. Elle s’est lancée enfant aux côtés de sa grand-mère avant de renouer avec l’activité à l’approche de l’âge adulte. Depuis, elle ne lâche plus ses aiguilles : elle les dégaine dans le métro de Londres, où elle réside, dans la rue, où il lui est déjà arrivé de tricoter en marchant. “J’ai vraiment besoin de tricoter, c’est comme un automatisme. Je suis obligée de le faire devant la télévision, sinon j’ai l’impression de perdre mon temps et de ne pas avancer sur un projet. J’y trouve un aspect déstressant et une manière de canaliser mes mains et mon énergie”.

La Française constate une évolution dans la manière dont est perçu le tricot. “Il y a une dizaine d'années, on me disait : ‘Mais quoi ? Tu fais ça ?”. C’est beaucoup moins le cas aujourd’hui grâce aux influenceurs. On découvre sur Instagram de jolis designs, des points de tricot intéressants et plus seulement des pulls classiques. Cela nous pousse davantage à la créativité. Tout le monde peut trouver son bonheur avec le tricot. Si on a de la patience, on peut se lancer dans un plus long projet avec des petits fils ou confectionner un accessoire plus rapidement à l’aide de grands fils si on est du genre pressé”. Anaëlle s’est lancée dans la broderie et la couture depuis quelques années, mais elle admet “ne pas être aussi passionnée que par le tricot”. 

Anaëlle porte sur cette photo l'une de ses créations. Crédit photo : D.R

Des activités engagées

A l’instar du tricot, la broderie retrouve elle aussi ses lettres de noblesse. Des femmes et des hommes s'emparent de fils et de tambours à broderie pour faire passer des messages engagés, et ce, aux quatre coins du globe. Le point de départ de ce phénomène fut la Woman’s March de 2017, organisée suite à l’élection de Donald Trump. Shannon Downey, une Américaine d’une quarantaine d’années, était venue à la manifestation accompagnée d’une pancarte avec une broderie géante où il était inscrit : “Je suis tellement énervée que j’ai brodé ceci juste pour pouvoir poignarder 3000 fois quelque chose”. Elle expliquait dans un média américain utiliser la broderie pour s’exprimer et faire passer des messages politiques.

Shannon Downey est depuis devenue l’une des pionnières de la broderie féministe à travers son compte Instagram Badass Cross Stitch. Ses publications présentent de courts textes engagés où il est question de droits des femmes, des LGBTQIA+, mais aussi de l’amour de soi, une thématique très répandue dans nos sociétés aujourd’hui. Il est brodé sur l’une de ses créations “Non au patriarcat”, “Paie-moi comme un homme blanc”, “C’est ok d’être triste, même après avoir pris la bonne décision”, mais aussi “Tu es un cadeau”. Depuis d’autres comptes Instagram de broderie engagée ont fleuri. Ou comment faire passer des discours forts et importants avec douceur.

Des activités capables de changer les mentalités 

En plus de nous faire du bien, les activités de grand-mère nous incitent à revoir notre manière de consommer. Anaëlle était déjà dans une démarche slow fashion. Elle limitait au maximum l’achat de vêtements neufs pour se tourner vers la seconde main. Mais depuis qu’elle tricote, sa réflexion va désormais encore plus loin : “J’essaie de tricoter des choses que je vais porter et qui me sont donc utiles. Je me renseigne désormais sur la provenance de la laine, des fils et sur leur impact environnemental. Tout le monde n’est pas encore dans cette démarche car le tricot est avant tout un loisir, mais j’essaie d’y réfléchir le plus souvent possible”. Elle rêve désormais d’une garde-robe 100% fait-main. “Je porte déjà pas mal de vêtements brodés ou tricotés. C’est ma petite fierté”. 

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