GuiHome, le roi de l'humour qui a conquis le monde des affaires

L’humoriste namurois n’a pas seulement réussi le passage de YouTube à la scène. Bouillonnant d’idées et d’envies, le jeune trentenaire multiplie les projets avec succès : dans la communication, l’événementiel et, depuis peu, dans l’horeca. Portrait d’un entrepreneur du XXIe siècle.

PAR SIGRID DESCAMPS. PHOTOS BARTHELEMY DECOBECQ SAUF MENTIONS CONTRAIRES. |

Namur, rue des Bouchers, un samedi après-midi. Au rez-de-chaussée de la maison Delta, s’étire un espace horeca imaginé par le chef Guillaume Gersdorff. Rebaptisé avec justesse “La rue de Demain”, il enfile actuellement trois lieux branchés : Demain à main, dédié à la petite restauration, Le tailleur de pâtes, un atelier de fabrication de pâtes fraîches. Et Ta mère la gaufre, un bar à gaufres – les “premières gaufres originales de Namur”, en déclinaisons sucrées et salées ; un clin d’œil à celles de Liège et de Bruxelles. Un concept développé par le chef avec un autre Namurois célèbre : GuiHome.

En vidéo, il nous explique son concept de gaufres de Namur :

Depuis son ouverture en septembre, le lieu ne désemplit pas et la file s’allonge. Derrière le comptoir, c’est l’humoriste en personne qui, ce jour-là, prend les commandes, échangeant avec chacun... De la communication ciblée ? Une opération de marketing calculée ? Non, la démonstration d’une nouvelle forme d’entrepreneuriat qui place l’humain au centre. Explications.

Humoriste, vous êtes également créateur d’une marque de vêtements, organisateur d’un festival qui cartonne, producteur de jeunes talents, directeur d’une agence de communication digitale et désormais cofondateur d’un bar à gaufres... Ne seriez-vous pas légèrement hyperactif ?

(Il éclate de rire). C’est tout à fait ça. Je me caractérise par une hyperactivité, que j’essaie de dompter. Et aussi, par la peur du vide, de l’absence, de l’ennui... J’ai besoin de matières, de textures, de projets, de rencontres... Je nourris une vraie passion pour tout ce qui touche à la création de A à Z. J’aime l’idée de partir de rien et construire des choses qui s’installent dans le temps. C’est pour cela que je multiplie les projets sans qu’aucun ne soit éphémère. Je ne vous cache pas que cette abondance de projets, c’est ma façon de trouver un sens à ma vie, de remplir les trous et de me construire en tant qu’individu. Si je suis devenu comédien, ce n’est pas un hasard : enfant, je n’angoissais pas parce que je ne savais pas ce que je voulais être plus tard mais parce que je voulais tout faire. En devenant acteur, je pouvais jouer tous les métiers ! Maintenant que j’ai grandi, je me rends compte qu’en gérant bien mon temps, et en étant bien entouré, je peux effectivement endosser plusieurs casquettes et mener plusieurs vies à la fois.

Comment s’organise une semaine type de l’entrepreneur Guillaume Wattecamps (son vrai nom) ?

Je n’ai plus vraiment de “semaine”, je travaille au jour le jour, mais avec des stratégies définies sur le long terme, qui concernent la communication, le développement... Il y a des vagues aussi. Par exemple, les gaufres ont pris beaucoup de place ces dernières semaines et on sait qu’on connaîtra un pic lors des fêtes de fin d’année. À côté de cela, jusqu’en décembre, il y a la tournée du spectacle en Belgique. Puis en 2024 – et 2025 – il y aura la tournée française. Avec en prime, le festival en mars... C’est Maya, ma plus proche collaboratrice, styliste de formation, qui gère mon calendrier. On utilise un agenda que l’on partage avec les équipes de chaque projet, avec des codes couleurs : rouge pour l’agence, jaune pour les gaufres, bleu pour les activités de GuiHome. Quand je l’ouvre, je vois directement dans quel domaine je vais me plonger. Avec des actions spécifiques : réunions, interviews... Il est bien rempli et je me laisse guider. Je sais aussi que dans cet agenda, des plages ont été prévues pour que je laisse libre cours à la créativité. Je profite donc encore de moments pour me consacrer aux réseaux sociaux, à l’écriture...

Avez-vous encore le temps pour des loisirs, voire pour dormir ?

Ce qui me sauve, ce sont mes collaborateurs. Avec le temps, j’ai pu me constituer une chouette équipe. La magie, elle est là ! Mon secret, c’est le casting que j’ai opéré au cours de ces dix années, et aussi, le fait d’avoir su prendre sur moi (rires). Cela a pu être douloureux, en tout cas difficile, mais j’ai appris à déléguer. Cela me permet de pérenniser mes projets, sans perdre en qualité, et de dégager du temps pour moi. Grâce à tous ces gens, je parviens donc encore à dormir en moyenne six à sept heures par nuit (rires). Et surtout, j’ai le temps de créer. Si je devais gérer tous mes projets, sans plus avoir l’opportunité de tourner des vidéos, d’écrire et donc de m’amuser, je pense que je tomberais dans un grand mal-être. Quant aux loisirs, eh bien, j’en vis. Mon rêve a toujours été de monter sur scène et de faire rire les gens, de rencontrer de nouvelles personnes via des projets. Je n’ai donc jamais la sensation de “travailler” dans la mesure où je passe mes journées à faire ce que j’ai toujours désiré ! Alors, oui, parfois, je souffre de coups de fatigue, mais mon moral est sauf.

Est-ce que, vos activités artistiques mises à part, vous n’êtes pas surtout boosté par la bonne idée et qu’une fois qu’elle est concrétisée, que le projet tourne, vous êtes serein et paré à vous lancer un nouveau défi ?

Je dirais que la réponse est entre les deux. Tous les projets dépendent de mon implication, qui varie de l’un à l’autre. Clairement, tout ce qui touche à l’artistique, la tournée, je suis à fond dedans et je suis seul sur scène. L’agence de communication, je la chapeaute mais j’ai délégué le day-to-day à un responsable... Le bar à gaufres jouit de sa propre équipe, mais dès que j’en ai la possibilité, comme aujourd’hui, je viens sur place. J’ai créé des structures pour chaque projet et je bosse avec une équipe de collaborateurs, qui ont des missions bien définies. Ils sont au courant de tout, ils savent déjà sur quoi je veux travailler ensuite, mais ils savent aussi qu’on ne lancera rien tant que les projets en cours ne sont pas installés sereinement. Ils sont là aussi pour calmer mes ardeurs et m’apprendre à être patient (rires). C’est le plus dur en ce qui me concerne car je nourris déjà plein d’autres projets.

Est-ce plus facile d’entreprendre quand on a pour alter ego GuiHome, personnage public ?

Cela doit jouer, dans les deux sens ; si je tombe sur un banquier qui déteste mon humour, j’aurai plus difficilement un prêt ! Mais globalement, oui, ça aide. Cependant, même si on me voit comme un comique wallon, j’ai quand même réussi à installer des projets qui marchent. Mon C.V. parle pour moi. Je veille cependant à ce que mes projets ne dépendent pas uniquement de ma tronche : mon agence de communication tourne très bien sans que j’y passe tous les jours ; pour la prochaine édition du festival, je me ferai plus discret mais la programmation parle d’elle-même et en deux éditions, on a réussi à s’imposer comme l’un des plus importants festivals de Wallonie. Les gens viennent manger des gaufres même quand je ne suis pas derrière le comptoir...

Le public qui vient goûter vos gaufres, vient quand même un peu en espérant vous voir, non ?

La qualité des gaufres y est pour beaucoup, mais il est clair qu’on bénéficie aussi de l’effet curiosité. Quand je viens, ce n’est pas seulement pour me montrer, j’enfile le tablier et je vends des gaufres. Je ne suis pas là juste pour coller mon nom au projet. Avec Guillaume, on a créé le nom, le concept, les recettes... Venir travailler ici quand je peux – je vis à trois minutes d’ici –, cela donne du sens au projet, cela me permet aussi de cerner les réactions et attentes par rapport au produit, et surtout, de parler avec les gens. Cela me fait du bien de me retrouver avec des gens hors du contexte artistique, de me plonger dans le quotidien de monsieur et madame Toutlemonde. Cela me permet de rester connecté à la réalité. Et cela m’inspire pour mon travail artistique. Tous mes projets se nourrissent en fait.

La scène reste toutefois votre terrain de jeu favori...

Totalement ; pour accompagner d’autres artistes, je dois moi-même être animé et savoir de quoi il s’agit. À titre personnel, se retrouver devant un public et le faire rire, c’est une sensation inégalable.

Un public qui, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, est très varié...

Oui, en ce qui me concerne, cela fait dix ans que beaucoup se trompent : il n’y a pas que des ados ultraconnectés qui me suivent. Perso, depuis 2015 et mes vidéos sur YouTube, je sais que mon public brasse tous les âges. C’est d’ailleurs l’une de mes plus grandes fiertés.

Un autre élément sur lesquels l’erreur est courante : être youtubeur, c’est un vrai métier, qui exige de travailler énormément...

Comme dans tous les domaines, il y a des fainéants et des bosseurs. C’est aussi un signe que c’est un vrai métier, non ? (Rires) Ce qu’il se passe avec les réseaux, comme avec beaucoup de choses en fait, c’est que lorsque les gens ont du mal à comprendre comment ça fonctionne, ils critiquent. C’est humain ! Ce n’est pas un signe de méchanceté, plutôt de méconnaissance. Et cela arrive souvent avec les nouvelles technologies, les applications ; quand TikTok a débarqué, beaucoup ont vu cela comme un média pour ados écervelés. Moi, j’ai longtemps été le gars qui se filme en faisant des blagues depuis sa chambre ! C’est pour cela aussi qu’il faut savoir sortir de sa case.

Beaucoup d’entrepreneurs à succès sont aujourd’hui issus des plateformes. On pense à vous évidemment, mais aussi à Gaëlle Garcia Diaz ou, en France, à Squeezie, Léna Mahfouf et Amixem, pour ne citer qu’eux. Toute cette génération impose clairement un nouveau business model...

C’est une génération qui vit ses passions et qui se fiche de ne pas être comprise ; elle avance avec les curieux, ceux qui ont envie de la suivre. Elle s’impose avec des projets concrets, qui génèrent des emplois, et elle ouvre des portes, notamment dans le domaine du digital. Notre force, c’est aussi notre capacité à nous adapter, notre flexibilité. Nous sommes nombreux à avoir débuté sur YouTube, qui reste un outil de communication, mais qui a vécu son heure de gloire : elle est supplantée aujourd’hui par d’autres plateformes comme Instagram, TikTok, Twitch... qui s’essouffleront sans doute aussi un jour. Et on s’adaptera. L’erreur commise par beaucoup est de courir après la visibilité sur toutes les plateformes ; or l’important, c’est d’avoir un projet, d’avoir quelque chose à raconter et de faire vivre ce contenu de la meilleure façon qui soit.

On a l’impression parfois que vous formez une communauté soudée...

C’est le cas, mais c’est plus visible en France, où ils s’invitent les uns et les autres et créent des contenus en commun. En Belgique, nous sommes plus discrets mais nos relations sont plus marquées sur le plan personnel que professionnel. Je vois ainsi plus souvent Jill (SilentJill), Gaëlle ou Nicolas Lacroix (Nicoenvrai), pour boire des coups et partager des moments importants de nos vies, que pour bosser (rires)

GuiHome, c'est : 

Un bar à gaufres : Ta mère la gaufre, 16 rue des bouchers, 5000 Namur. 

Un spectacle : GuiHome vous détend – LeGrand, nouveau spectacle : le 14/11 au Forum de Liège, le 15/11 au Wex à Marche-en-Famenne,le 16/11 à la Sucrerie de Wavre, le 3/12 au théâtre de La Louvière, le 7/12 au PBA de Charleroi, le 8/12 et le 19/12 au théâtre de Namur, le 9/12 au Palace d’Ath, le 22/12 à l’Espace 23 à Bastogne. Infos sur guihome.be ou sur sa page instagram.

Un festival d’humour et musique : Namur is a Joke du 20 au 24 mars 2024.

Une ligne de vêtements durables : Oui & Non, ouietnon.be

Une agence de communication digitale : No Picture Please, spécialisée dans le marketing d’influence.

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