L'Aloze, l'adresse gastronomique abordable en bord de mer

La Côte d’Opale, à quelques encablures de la frontière belge, n’est pas seulement le paradis des huîtres pas chères et des soupes de poisson qui réchauffent. La preuve avec L’Aloze, une brasserie chic et pas chère collée à son grand frère étoilé.

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. |

J ’ai un faible pour la Côte d’Opale en hiver. Si, pour beaucoup, cet endroit rappelle les étés d’enfance et les fleurs en papier crépon, je ne l’ai découvert que très récemment et j’aime m’y geler le nez quand la météo pousse plutôt à se faire griller les orteils devant un feu ouvert. J’ai convaincu Carlo d’aller y passer une journée alors que les avis de tempête se multipliaient. Nous avons tous les deux d’excellentes doudounes et de très seyants bonnets, qui nous font ressembler à de replets cotons-tiges. Et surtout, je disposais d’un argument professionnel de poids pour me faire emmener en city-trip : L’Aloze, une table dont j’avais entendu le plus grand bien, version abordable de La Liégeoise, un restaurant gastronomique apparemment incontournable, mais un peu chérot pour un budget de mois de janvier. Pour les deux, un seul maître : le chef Benjamin Delpierre.

Le lieu

Nous voilà donc partis pour Wimereux (2 h 30 depuis Bruxelles). La balade sur la digue s’avère un peu sportive, rapport aux vents ultraviolents et au risque de collision frontale avec des coquilles de moules volantes. À chaque région du monde sa nature hostile. C’est donc congelés et le teint rose bonbon que nous débarquons à L’Aloze. Le jour, la salle offre une vue directe sur la digue. Le soir, on ne voit rien mais comme l’intérieur est particulièrement réussi, c’est très bien aussi. Moquette épaisse, chaises dodues, beaucoup de bois et une impressionnante collection de luminaires qui donne une ambiance chaleureuse (et des photos de plats un peu jaunes, vous l’aurez noté).

Dans l'assiette

À la carte, une seule sorte d’huîtres : les Veules-les-Roses n°2 (25 € les 6). Rares, donc chères, ces huîtres locales, élevées en pleine mer, sont un délice d’équilibre, iodées comme il faut mais sans donner envie de cracher du plancton. Carlo et moi sommes d’accord : pas question de les arroser de vinaigre à l’échalote, ça serait gâcher. La sélection des vins est assez classique et le restaurant propose une chouette formule : plusieurs vins de la carte sont également disponibles au verre ou au pichet (25 ou 50 cl). Les huîtres et l’entrée seront donc accompagnées d’un sauvignon plutôt agréable, le Menetou-Salon (15 € les 25 cl). Carlo est nettement moins porté sur l’iode que moi, mais je suis touchée par ses efforts. En entrée, il opte pour la tarte fine au tarama maison et saumon fumé (17 €). Un shoot de sel que vient équilibrer la salade d’endives (de chicons, quoi) aux noix. Je prends les encornets à la sétoise servis avec du fenouil et une mousse de tomates et poivrons (9,50 €). Sur ceux-là, j’aurais bien ajouté un peu de sel, en revanche.

Côté plats, Carlo craque : la mer, c’est bien, mais y a rire et rire. Il prend donc l’effiloché de joue de bœuf (20,50 €), chou farci au boulgour, champignons et lardons, fond maison réduit au vin rouge. C’est excellent. En suggestion, ce jour-là (21 €), un mi-cuit de thon à la plancha, purée panais et poêlée de légumes racines. C’est aussi excellent. Mes notes indiquent très précisément “Trèèèèèès bon” (je vous rappelle que critique resto, c’est un métier). Deux grands plats gastronomiques à 20 €, ça fait du bien par où ça passe. Avec ça, un pinot noir du domaine Bader (23 € les 50 cl). Classique, sans surprise.

Fromage pour Carlo (10 €) : chaource, chèvre et tomme en provenance d’un fromager local. Ils sont servis avec une espèce de petite confiture vinaigrée de betteraves à se damner. Dessert pour moi : le Finger (9,50 €), soit une mousse aux fruits exotiques, insert au jasmin et croustillant au praliné. Carlo trouve les bavarois un peu surannés, moi, j’adore.

Verdict ?

Sur le dessert, comme sur tout le reste, nous nous accordons sur le talent du chef lorsqu’il s’agit de créer l’équilibre. L’équilibre, un terme tellement utilisé qu’il peut sembler vide de sens. Et pourtant, c’est ce qui fait passer un plat de “roboratif” à “Oh mon Dieu !” C’est l’amertume du chicon qui vient chatouiller le tarama, la puissance du fond qui rend le boulgour sexy et la douceur du jasmin qui vient adoucir l’acidité du fruit de la passion. Le service est professionnel mais totalement détendu du caleçon. On vous souhaite d’être servis par Amandine, un pur plaisir. On résume cette “petite” adresse d’un grand chef : c’est très bon, abordable, juste à côté de la Belgique et dans un décor juste assez dépaysant pour donner une impression d’évasion totale.

En pratique

Où ? 6 rue Notre-Dame, 62930 Wimereux. 

Quand ? Ouvert tous les jours de 12h à 14h30 et de 19h à 21h30.

atlantic-delpierre.com/fr/aloze

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