Vous l'aurez sans doute remarqué après une pièce de théâtre, une sortie au ciné, un entraînement tardif ou encore un afterwork qui s'est éternisé. Les restaurants ouverts tard le soir à Bruxelles sont devenus une denrée rare. Passé 22h, il devient quasiment impossible de trouver une cuisine encore ouverte dans la capitale, et même en dehors d'ailleurs. Il existe bien sûr quelques exceptions comme Al Piccolo Mondo, Les Pénates ou le Vieux Spijtigen Duivel pour ne citer qu'eux. Mais le sentiment général est que les bars et restos ferment tout de même un peu tôt pour une capitale européenne.
La vidéo du jour : un restaurant bruxellois rejoint la liste des meilleurs restaurants du monde :
Des heures moins rentables
Il y a pourtant des explications très simples à cela. La première concerne l'augmentation des coûts salariaux due à l'inflation et à l'indexation. "Depuis la pandémie, nous avons commencé à fermer un peu plus tôt parce que cela n'a souvent pas de sens de rester ouvert très tard. Il s'agit simplement d'une analyse coûts-bénéfices" a ainsi confié Leentje Bruyninckx, du Café Roskam, rue de Flandre à Bruzz. Oui, les crises successives de ces dernières années ont pesé fortement sur le secteur Horeca. D'un côté, les coûts salariaux ont augmenté de 12%, de l'autre se rendre au restaurant ou au bistrot est devenu une activité coûteuse pour certains clients qui désertent donc les adresses où ils avaient pourtant l'habitude de se rendre. À titre d'exemple, le média flamand cite la fermeture de plus en plus prématurée d'une série d'établissements. Le Jardin Hospice est passé de 0h30 à minuit, le Bassin est ouvert jusqu'à 13h30 et le Cheval Marin ferme à 14h00.
Finalement, l'été et ses températures estivales ont également leur rôle à jouer. Bruxelles se vide pendant les mois d'été, et l'arrivée des touristes qui fréquentent davantage le centre-ville ne parvient pas à compenser le déficit. Les terrasses sont également privilégiées, vidant les vastes espaces intérieurs. "Après la fermeture de la terrasse, personne ne veut s'asseoir dans un bar chaud. J'ai donc facilement 20 % de clients en moins", explique Thomas Kok, exploitant de la Maison du Peuple à Saint-Gilles et de Chez Richard sur le Grand Sablon, toujours à Bruzz.
Des normes strictes en matière de bruit
Pour couronner le tout, il y a les normes strictes en matière de bruit en vigueur à Bruxelles. Certaines adresses installées depuis des années et qui disposent pourtant des autorisations nécessaires voient leurs riverains exercer de fortes pressions sur eux. Dans ces conditions, de nombreuses adresses renoncent aux événements tardifs ou aux soirées DJ's qui font pourtant vivre Bruxelles, afin d'éviter les sanctions. "Les autorités municipales et la police sont trop pressées d'agir et, dans les conflits, les riverains ont toujours raison", explique à ce propos Leopold Van der Gracht, exploitant du Café des Minimes sur le Sablon, du Café Circus à Ixelles et du Cheval Marin sur le Quai aux Briques. "C'est un problème qui dure depuis 10 ans, mais qui tue lentement notre secteur".
Finalement, certains observent que le Covid a changé l'approche du travail de nombreux employés exerçant dans le secteur. Trouver du personnel qui accepte de finir très tard ou de travailler de nuit devient dès lors un véritable enjeu. Certains restaurateurs invoquent un changement de mentalité générationnel, mais aussi à nouveau lié au Covid. Lorsque les bars et restaurants ont pu rouvrir, ils ont pris le pli de fermer plus tôt qu'habituellement, et ce nouveau rythme est peu à peu rentré dans les moeurs des professionnels du secteur comme des clients.
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