La Corée du Nord, avec son régime ultra-répressif, est connue pour être l’un des pays les plus fermés du monde. Pourtant, il était possible d’y jouer les touristes. Jusqu’à la pandémie, où le pays s’est totalement refermé sur lui-même pendant quatre ans. On vient cependant d’apprendre qu’à partir du mois de décembre 2024, le pays rouvrira ses frontières au tourisme international. Samjiyon, ville située proche de la frontière chinoise, sera la première à accueillir des visiteurs étrangers. C’est en tout cas ce qu’ont déclaré plusieurs agences de voyages.
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Samjiyon, première ville ouverte
Koryo Tours, une agence basée à Pékin spécialisée dans les voyages en Corée du Nord, a annoncé sur son site internet avoir reçu la confirmation de ses partenaires locaux quant à la reprise du tourisme à Samjiyon. « Nous sommes ravis de pouvoir enfin annoncer la réouverture du tourisme en Corée du Nord après plus de quatre ans d’attente », a déclaré l’entreprise, précisant que les itinéraires et les dates exactes seraient confirmés dans les semaines à venir. Une nouvelle confirmée par KTG Tours, une autre agence de voyages spécialisée.
Si la ville de Samjiyon a été choisie, c’est parce qu’elle représente un projet ambitieux pour le régime nord-coréen. Présentée comme une « utopie socialiste », elle est massivement investie par le gouvernement pour en faire la vitrine de son modèle économique et politique. Un projet d’ailleurs suivi de près par Kim Jong-un. Située près du mont Paektu, une montagne sacrée pour les Nord-Coréens, la ville est en effet perçue comme un lieu de grande importance historique et idéologique. Le régime espère s’en servir comme outil de propagande pour montrer l’ampleur de ses réalisations et de son système politique aux touristes étrangers. Certains voyagistes annoncent également que Pyongyang et d’autres endroits devraient rouvrir prochainement.
Une reprise des activités internationales
Cette timide réouverture s’inscrit dans un contexte plus global de reprise des activités internationales. Après des années d’isolement, la Corée du Nord avait déjà commencé à rétablir les vols internationaux l’année dernière. Des figures politiques, dont Vladimir Poutine, avaient visité le pays, signalant une tentative de renouer des relations diplomatiques et économiques plus larges. En février, des touristes russes ont pu se rendre en Corée du Nord pour la première fois depuis la fin de la pandémie, toujours dans un contexte de rapprochement diplomatique entre Moscou et Pyongyang.
Une réouverture qui ne signifie pas que le pays ait oublié ses bonnes vieilles habitudes. Les voyages en Corée du Nord resteront soumis à des restrictions très strictes. Les itinéraires sont généralement encadrés par des guides locaux, et les interactions avec la population sont limitées. Les touristes potentiels devront attendre les annonces officielles pour connaître les conditions exactes de ces voyages, ainsi que les mesures sanitaires qui pourraient encore être en vigueur. La destination demeurera globalement fermée à quasiment toutes les nationalités, y compris aux Chinois, qui étaient pourtant 350 000 touristes à se rendre dans le « royaume ermite » en 2019.
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Est-il dangereux de s’y rendre ?
Avant la pandémie, 5 000 Occidentaux se rendaient chaque année en Corée du Nord. Les Américains constituaient à eux seuls près de 20 % de ce marché avant que les États-Unis n’interdisent cette destination à leurs ressortissants à la suite de la mort en 2017 de l’étudiant Otto Warmbier. Pourtant, Koryo Tours a d’ores et déjà averti que « les choses pourraient être un peu plus chaotiques que d’habitude » pour les premiers touristes qui se rendront à nouveau dans le pays. D’autant que de novembre à mars, le climat est réputé glacial et le pays désert. Décembre est un mois particulièrement froid, avec une température minimale de -9,7°C et une maximale de 0,4°C.
Outre la météo, se pose la question de la sécurité. De leur côté, les États-Unis ont interdit cette destination à leurs ressortissants. En Belgique, le Service public fédéral des Affaires étrangères écrit quant à lui : « Il y a un risque élevé pour la sécurité des étrangers en Corée du Nord en raison de tensions géopolitiques. Les étrangers peuvent être arrêtés, détenus ou expulsés pour des activités qui ne sont pas considérées comme des crimes en Belgique. Les autorités nord-coréennes ont détenu de nombreux visiteurs étrangers au cours des dernières années et leur ont imposé des peines sévères. Voyager avec un guide n’offre aucune protection spéciale. En cas d’arrestation ou de poursuites, il sera très difficile, voire impossible, pour la Belgique ou les ambassades d’autres États membres de l’Union européenne de fournir une assistance consulaire ». De quoi refroidir les globe-trotteurs avides de destinations qui sortent des sentiers battus.
Le SPF rappelle ainsi que « tous les voyages non-essentiels sont déconseillés » en Corée du Nord. « Dans l’éventualité où les frontières rouvriraient pour les ressortissants belges, le SPF Affaires étrangères déconseille toujours tous les voyages non-essentiels en Corée du Nord pour des raisons de sécurité. La Corée du Nord subit des sanctions internationales. Ces dernières peuvent également avoir des conséquences pour les voyageurs. Les tensions géopolitiques peuvent s’accentuer à tout moment dans la péninsule coréenne ». Vous voilà prévenus.
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