Être aux manettes d’un bar à cocktails en tant que femme en 2021

Aujourd’hui, 8 mars, partout dans le monde on célèbre la « Journée internationale du Droit des Femmes ». Alors que la parité homme-femme est encore loin d’être atteinte, on assiste toutefois à une nette progression depuis quelques années. Ludivine De Magnanville, gérante d’un bar à Saint-Gilles en est l’exemple même. Rencontre. 

Par Anissa Hezzaz. Photos : D.R. |

Dans un monde patriarcal où les femmes se battent encore trop souvent pour leurs droits, de nombreuses femmes se sont fait leur place dans des milieux encore trop feutrés et réservés aux hommes. Parmi elles, Ludivine De Magnanville, une jeune femme de 33 ans, qui nous prouve qu’être une femme et aux commandes d’un bar en 2021, ce n’est plus un problème. 

Jolie Joli, c’est le nom du bar à cocktails tenu par Ludivine. Ouvert trois jours seulement avant le confinement n°2, ce lieu bien gardé a en effet dû fermer ses portes début octobre sur ordre sanitaire. Si le lancement de cet établissement aurait pu mieux commencer, l’histoire de Luvidine est pourtant jolie. Il y a trois ans, elle lance avec son mari Ma Joli, un comptoir de quartier qui fait vibrer Saint-Gilles. Au vu de l’engouement général pour les cocktails, elle décide de s’émanciper de son mari et d’ouvrir un bar à cocktails à deux pas de là, dont elle seule aurait les commandes. « Jolie Joli, c’est le petit frère moins sage de Ma Jolie », décrit-elle. 

Car il est loin le temps où les bars étaient exclusivement tenus par des hommes. Désormais, un vent de fraicheur semble souffler dans le monde de la nuit où de plus en plus de femmes se font leur place.  Dans son bar à l’atmosphère feutrée, les cocktails sont rois, mais la véritable star, c’est elle. Entourée d’une équipe entièrement masculine, elle évolue au quotidien dans un univers plutôt masculin, mais s’y sent à l’aise. En cuisine, c’est son mari Charles qui officie, derrière le bar, on retrouve Nicolas, son mixologiste et deux hommes en salle. « Je suis la seule femme, mais aujourd’hui, je pense que le genre n’est plus si important que ça finalement et on a de la chance en 2021 de pouvoir simplement prouver ses compétences », nous lance d’entrée de jeu Ludivine. 

Pour faire écho au nom de son bar, Joli Jolie où le masculin et le féminin sont représentés, elle aimerait venir compléter son équipe par une femme. « C’est important pour moi, pour apporter un certain équilibre, mais ce n’est pas si facile à trouver, car c’est un métier très physique ». 

"On ne gagne rien à être seul "

Si Ludivine n’a pas la sensation d’avoir rencontré beaucoup de difficultés sur son parcours, elle s’estime toutefois chanceuse d’être si bien entourée : « Moi j’ai été soutenue par mon mari, mais aussi par mon expert-comptable fiscaliste, pour qui les femmes sont aussi importantes que les hommes. Je pense qu’on ne gagne rien à être seule ». Du soutien, elle en a d’ailleurs eu besoin notamment pour obtenir un crédit auprès des banques, qui refusaient de lui prêter de l’argent. Au bout de trois banques différentes, elle a finalement obtenu ce qu’elle voulait : « J’ai bien senti que les banques étaient frileuses à l’idée de me prêter de l’argent parce que je voulais lancer une société à mon nom et ne pas avoir mon mari en tant que gestionnaire ». 

Sa force de caractère aura finalement payé, mais pour Ludivine, cela n’aurait peut-être pas été possible lorsqu’elle était plus jeune. Elle nous raconte d’ailleurs avoir été confrontée au sexisme il y a quelques années de cela :  « À l’époque, on faisait des travaux avec mon mari. Si j’avais une remarque ou un questionnement, l’architecte à qui on avait affaire ne me répondait même pas et s’adressait uniquement à mon mari ». En dehors de cela, elle ne pense pas être délaissée ou moins entendue en tant que femme. « Notre société évolue et est en train de changer. Aujourd’hui, avoir une femme autour de la table permet d’apporter un autre regard, une approche différente et ça, tout le monde commence à s’en rendre compte. Je trouve que les femmes ont réellement une voix qui est assez importante dans l’entrepreneuriat. » 

Toutes les femmes qui font évoluer les choses ne se revendiquent pas féministes et Ludivine n’en a d’ailleurs pas fait son combat : « Je ne suis pas militante, mais je pense simplement qu’aujourd’hui on ne doit pas faire de différence entre les hommes et les femmes ». Au bar, elle n’a jamais eu l’impression qu’être une femme était un frein à son métier, au contraire : « Chez Jolie Joli, l’attachement humain prend tout son sens », conclut-elle en souriant. 

L'adresse ? Chaussée de Charleroi, 171 1060 Saint-Gilles.

 

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