Kaiju, le restaurant bruxellois qui ne se contente pas d'être branché

Au pied d’un hôtel branché à Saint-Gilles, Kaiju propose dans un décor très travaillé, une carte pleine de plats inspirés par la street food asiatique, au sens géographique large du terme. Influences chinoises, japonaises, vietnamiennes et thaïlandaises se mêlent sans que le résultat ne soit brouillon.

Texte et photos : Florence Hainaut et Carlo de Pascale |

Ce resto est tout le temps plein. Et Carlo et moi sommes plutôt mal organisés. On aura donc pris du temps avant d’y poser nos séants. On vous le dit tout net : nous y sommes allés drapés dans une cape de circonspection. Sur papier, l’endroit a tout du concept branché. Kaiju se trouve au pied de l’hôtel Jam, le décor est léché, couvertures de magazines asiatiques, loupiotes et musique assez présente (mais sans pour autant rendre la conversation compliquée). Service jeune et très sympa, carte en anglais. Mais quand on aime manger, les concepts, on s’en fiche un peu.

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Que des petits génies du marketing aient trouvé l’idée du siècle, ça ne peut fonctionner que quand ça suit dans l’assiette. Et si on vous parle de Kaiju, c’est parce que ça suivait. On ne vous le dit jamais, mais j’en profite : quand il nous arrive de ne pas aimer un restaurant, on ne dépense pas notre énergie à vous l’expliquer. Cet espace, on le réserve à nos bons conseils, pas à nos coups de gueule.

Cela étant dit, revenons à nos moutons. Malgré ce qu’annonce le site Internet, pas de vins nature à la carte. Carlo rigole devant ma tête de perruche violentée. Les sulfites me rendent mauvaise, je préfère ne pas prendre le risque et nous optons pour un cocktail. Pour moi, un Iro Shiso (14 €) : gin infusé aux feuilles de shiso, citron vert. Pour Carlo, une chili margarita (14 €) : coriandre, piment jalapeno, tequila, Cointreau, citron vert. Les intentions sont bonnes mais la réalisation était un peu cafouilleuse ce soir-là. Trop de sucre chez moi, trop de sel chez Carlo. Et le retour de la tête de perruche.

Dans l’assiette

Et puis est arrivée la soupe de wontons (14 €), des raviolis aux crevettes et poulet servis dans un bouillon de canard à l’huile de shiso absolument affolants. La perruche se détend. La croquette de porc char Siu (15 €), soit du porc laqué chinois, est servie avec de la poire aigre-douce et un pickles d’oignon rouge. Cet objet oblong, qui fait semblant d’être une fricadelle, était un délice. La carte est en anglais, je vous l’ai dit. J’avais oublié que Jerusalem artichokes, ça voulait dire topinambours. À peine cuits, mais vraiment à peine, rôtis à l’huile de sésame, siphonné de beurre brun au shiso, avec du miso, des chips de pommes de terre violettes et des œufs de saumon (14 €). Le plat fonctionne à merveille, mais est à réserver aux systèmes digestifs en titane, parce que des topinambours peu cuits, on va dire que c’est moyennement digeste. C’est très bon. Mais ça peut se payer cash. Bref.

  

Arrive un grand nem au poulet et au crabe, servi avec de la mangue et de la gelée de piment jalapeno (9 €). Des nems comme ça, j’en veux bien tous les jours au petit-déj. La perruche roucoule (et lèche le plat, devant le regard effaré de Carlo, qui ne s’habituera décidément jamais à mon sens de l’étiquette tout personnel). Gros coup de cœur aussi pour les côtes de porc Brasvar (17 €) cuites basse température avant d’être saisies au barbecue, glaçage pomme et gingembre, servies avec du kimchi et de la mayo à l’ail noir. On aurait dû s’arrêter là, mais Carlo voulait absolument goûter le poulet frit (14 €). Il est nappé d’une sauce aigre douce. Sur ce plat, nos avis divergent. C’est moins mon truc, le poulet frit. Exceptionnellement, je ne me bats pas pour manger la plus grosse part.

Même pas échaudés par nos premiers cocktails, on retente le coup avec un Basil Smash Attack (12 €) et on a bien fait parce qu’il s’avère parfait. En cuisine, ça balance. Un peu trop vite, d’ailleurs. Gentiment assommés par le rythme soutenu des plats, on sirote notre cocktail en attendant que nos estomacs soient à nouveau fonctionnels. À refaire, on ne commanderait pas tous les plats en même temps, mais on étalerait au fur et à mesure de la soirée.

Après une microsieste, nous voilà à nouveau d’attaque pour la crème brûlée au yuzu, sucre muscovado, sauce à la crème de yuzu (9 €) et pour la poire nashi pochée, siphon de mascarpone au matcha, crumble de pistaches et de noisettes du Piémont (9 €). Deux vrais bons desserts.

Verdict

Kaiju, derrière son apparence de concept branché, tient vraiment la route. Les recettes sont travaillées au laser, rien n’est dans l’assiette pour faire cool, tout est réfléchi et utile.
On y passera plutôt une soirée avec des potes à siroter des cocktails en grignotant des petits trucs qu’un repas les yeux dans les yeux en amoureux. Un endroit à vous calmer une perruche circonspecte.

En pratique :

Où ? 132 chaussée de Charleroi, 1060 Bruxelles. T. 02.537.10.05.kaijurestaurant.be

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