Non, le 8 mars, ce n’est pas la fête des femmes

Chaque année, c’est assez décourageant. Le 8 mars se transforme en une sorte de mélange entre la fête des mères et la journée des secrétaires… Or, la dernière chose dont on a envie le 8 mars, c’est d’un bouquet de fleurs. Voilà pourquoi.

Par Ingrid Van Langhendonck, Photo Sushil nash/Unsplash |

Chaque année, de nombreux médias font pourtant un gros effort de pédagogie. Non, le 8 mars n’est pas une fête de la femme ou toute autre réjouissance, c’est la journée mondiale de défense des droits des femmes. Une journée pour prendre conscience du statut de la femme et de la condition féminine dans notre société. Et ce n’est pas une journée inutile quand on se rend compte que, dans toute une série de pays du monde, aller à l’école, travailler, voter ou même se balader en rue n’est pas possible pour les jeunes filles.

Mais est-ce que cela veut dire que nous ne sommes pas concernés dans nos pays ? Certes, la situation n’est pas aussi dramatique, mais il y a encore du chemin à parcourir quand on parle d’égalité… Voici quelques exemples qui nous confirment qu’en 2023, il est encore trop souvent inconfortable d’être une femme.

L'égalité salariale et le plafond de verre

Non, on n'y est pas encore. En 2021, l’écart salarial au niveau du salaire horaire s’élevait encore à 9,2% en défaveur des femmes. Cet écart représente 23,1% si l’on prend en considération les salaires annuels (le pourcentage est alors plus important car, dans cette évaluation, on prend en considération la répartition inégale de la durée du travail).
On a longtemps parlé du plafond de verre, de ces hautes fonctions inaccessibles aux femmes, sans que cela soit vraiment verbalisé ou régi par un quelconque règlement, le fait est que ces messieurs dirigent entre eux. Et c'est une vérité que l'on peut constater dans tous les secteurs.

Cette année lors de la remise des césars, Virginie Efira s’est indignée, tout comme beaucoup d’autres actrices et membres de la profession de la faible représentativité des femmes dans les professionnels de la catégorie des meilleurs réalisateurs ou des meilleurs producteurs, alors que de nombreuses femmes produisent des films d’excellente qualité. Les préjugés ont semble-t-il la dent dure. Si les femmes ont en effet acquis le droit de réaliser de multiples choses, elles n’obtiennent pas encore la même reconnaissance pour cela; et le monde du cinéma ne serait que la partie visible de l’iceberg.

Photo Aj Colores / Unsplash

La maternité, un handicap?

En 2023, même chez nous, la maternité reste considérée comme un handicap dans la carrière d’une femme. Bien souvent, une mère de famille aura plus difficile à obtenir une promotion ou une mutation, bien souvent aussi on le sait, ce sont principalement et majoritairement les femmes qui optent pour un temps partiel, et donc pour une carrière plus précaire et une pension réduite afin de pouvoir s’occuper de la famille. Des inégalités qui heurtent quand, par exemple, elles ont un impact dramatique dans certaines professions particulières.

C’est notamment le cas de Clarisse Crémer, cette navigatrice, qui s’est vu exclue du droit de prendre la mer pour le Vendée Globe, simplement, parce qu’elle avait eu un enfant et n’avait donc pas pu participer à toutes les compétitions pré-requises pour prendre le départ… « Aujourd’hui, force est de constater que les règles choisies par le Vendée Globe interdisent à une femme d’avoir un enfant » a expliqué la navigatrice. « Je pense surtout à toutes les femmes, les sportives et les autres, qui traversent des difficultés similaires sans avoir cette opportunité de prendre la parole. Que signifie l’égalité pour les femmes ? Se comporter en tout point comme les hommes et donc surtout ne pas être enceinte ? Si je m’exprime aujourd’hui, ce n’est pas par vengeance, pour attirer l’attention, ni me faire plaindre, mais pour susciter la réflexion, et dans l’espoir de faire progresser notre société. » Derrière cette situation injuste isolée, se cachent d'autres cruelles réalités pour les femmes qui veulent mener de front une carrière ambitieuse et une maternité épanouie.

Clarisse Crémer, navigatrice hors pair, privée de Vendée Globe pour cause de maternité / Photonews

Les violences ordinaires

Et puis, il y a le sexisme ordinaire et les violences faites aux femmes, ces discriminations du quotidien et les résidus de patriarcat dans notre quotidien. Mais il y a aussi des chiffres effrayants : en 2022, au moins 24 femmes en Belgique ont perdu la vie parce qu’elles étaient des femmes, mortes sous les coups de leur compagnon. D'autres études nous apprennent qu'une femme sur cinq a déjà été confrontée à un viol, une tentative de viol ou une agression sexuelle.

Alors que le mouvement #metoo gronde encore et que certains scandales éclatent au fur et à mesure que la parole se libère, on sait que seule une infime partie de ces agressions finit devant un juge et souvent, faute de preuves, le coupable s'en sort avec une claque sur les doigts... Force est de constater que sur ce point, même en Belgique, même en 2023, il y a encore du chemin à parcourir pour que les droits de femmes soient respectés au quotidien. Alors l'heure n'est pas aux séances de shopping ni aux bouquets de fleurs en ce 8 mars, mais bien à une minute ou deux de réflexion sur ce que l'on veut faire de notre société...

Retrouvez le dossier du journal Le Soir consacré à la journée du 8 mars en cliquant ici

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