St. Kilda, l'adresse cachée à Uccle qui fait bar à vin et à manger

À Uccle, dans un quartier résidentiel où trouver une place de voiture est totalement illusoire, se cache St Kilda, un restaurant qui nous a enchantés. Littéralement. Avec tous les codes du “bar à vin et à manger”, mais avec une qualité de cuisine dont on parle encore avec émotion.

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. |

Antoine et Milan ont ouvert St Kilda, nommé d’après une plage australienne que Milan adore, il y a cinq ans. Pendant longtemps, le lieu a été un traiteur (ils faisaient du catering pour l’événementiel, le cinéma). Depuis l’année dernière, c’est devenu un vrai resto, avec 24 couverts, une carte qui change tous les mois et un peu d’attente avant de pouvoir réserver une place. C’est à force de voir passer sur Instagram d’alléchantes photos que j’ai décidé d’y traîner Carlo. Il a parfois un peu de mal avec ma passion des bars à vin nature et le fait que je compte visiblement faire le tour du pays de ce type d’établissement, mais si je lui concède de temps en temps une brasserie classique, il me suit sans broncher. Et après notre expérience chez St Kilda, je sens qu’il ne fera même pas semblant de ronchonner la prochaine fois que je proposerai un endroit de ce type.

En vidéo, ces conseils d'alimentation pour mieux vieillir :

Le lieu

Sur le coin d’une avenue, où on ne s’attend pas à trouver un restaurant, dans un quartier où on croise plus de propriétaires de chiens pour le pipi du soir que de fêtards, cette perle, donc. Et en salle, Antoine, doux géant souriant et bienveillant. Il nous explique le concept : une liste de petits trucs pas très cuisinés en guise d’apéro puis des plats à partager. La carte des vins est courte (celle des cidres est impressionnante, par contre) mais bien pensée. On lui demande un vin rouge tout léger, il nous apporte une bouteille de Le Jeau (38 €), un assemblage de Grolleau et Cabernet franc, 12,5 degrés de fruits et d’équilibre. En lieu et place des olives, un mélange de sarrasin et de graines de courges grillés au soja, assez addictif. À grignoter, on prend l’assiette de prosciutto Emiliano 12 mois (15 €), fondant et fin comme du papier de soie, et un hummus de pois chiches noirs, poivrons marinés et salsa verde (10 €), servi avec des tortillas de maïs frites. En cuisine, c’est Milan. Et son houmous nous laisse totalement baba.

En images, notre menu :

Dans l'assiette

En plats, on commence avec le butter cajou et courge, sauce yaourt et paratha, sorte de pain plat feuilleté d’origine indienne (15 €). On connaît le butter chicken, un plat indien ultra-classique. Là, c’est la base de la sauce (ail, oignons, gingembre, épices, tomates, crème et beurre et puis hop vous mixez), avec des noix de cajou, étalée sur un petit coussinet croustillant, avec des tranches de courge bleue blanchies. Le plat me tirera mon premier Fantastique ! du repas. Il y en aura plein d’autres. La ricotta faite maison, râpé de betteraves jaunes crues et cuites, cerneaux de noix, anchois et huile de laurier (15 €) est à pleurer. Je reste ébahie par la magie de la cuisine, par le culot de ces assembleurs qui jouent à Frankenstein en collant ensemble des choses a priori pas tout à fait prévues pour se marier.

Derrière l’apparente simplicité de ce plat, il y a du génie ! Attentif, Antoine s’assure que le rythme des plats nous convient, nous demande si on veut faire une pause avant les suivants. Au terme de celle-ci arrivent les Saint-Jacques crues, concombre, jalapenos, vinaigre de calamansi et quinoa frit (20 €), d’une fraîcheur et d’une acidité qui contrastent totalement avec les champignons de Bruxelles, crème de shiitake et jaune d’œuf confit (16 €), dont le fond maison se boit à même le bol et les ondes de choc umami nous font frémir plusieurs minutes après avoir fini de manger.

Je reviens sur cette carte de cidres qui m’avait tentée... Antoine nous conseille le Serps Futur Primitiu, un étonnant cidre de houblon catalan avec des faux airs de gueuze (25 €). On le sirote en souriant bêtement. On a légèrement dépassé les quantités conseillées de plats mais on prend quand même un dessert : une boule de glace maïs, rapidement frite dans une pâte à tempura et accompagnée de dulce de leche (12 €). C’est totalement crapuleux, régressif tout en étant nouveau dans le registre des saveurs. Parfait !

Verdict 

Avec tous les codes des endroits branchés (vins nature, plats à partager, influences cuisine du monde), Antoine et Milan ont créé un endroit qui n’a hérité d’aucun de leurs défauts. St Kilda est un havre de paix et de gastronomie qui laisse pantois.
Alors il faut le dire, ce n’est pas bon marché. Mais d’abord, il y a des produits de qualité, donc onéreux. Énormément de travail sur chaque plat, aussi, même le “bête” houmous. Et puis, dans un contexte où les prix de tout ont explosé et où l’horeca, après deux ans de covid, se remet à vaciller, je vous avoue qu’on est moins prompt à s’offusquer. Longue vie à St Kilda. Et ne faites pas comme nous, allez-y en transports en commun !

L'adresse ? 44 avenue Coghen, 1180 Bruxelles. Réservation en ligne : stkildabxl.be

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