Chapeau Blanc : l'institution où manger une cuisine belge abordable et de qualité à Bruxelles

Chapeau Blanc est une vieille brasserie de quartier située à Anderlecht et sauvée in extremis par des voisins qui refusaient tout net sa fermeture. Nos chroniqueurs food Carlo et Flo ont poussé les portes de cette adresse. Quel est leur verdict ?

Texte et photos : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE |

Anderlecht, commune bruxelloise injustement mal aimée, plus souvent médiatisée pour les tensions entre jeunes et policiers que pour la vie de village qui peut aussi y régner. Mais quand on veut manger local, c’est un peu la zone, avouons-le. Comme resto, il y a bien Friture René qui fait se déplacer les foules, mais ce n'est pas bon marché.

Et puis Chapeau Blanc, une vieille brasserie de quartier, s’est relevée de parmi les commerces morts, elle a épousseté son costume un peu élimé et s’est à nouveau imposée comme plaque tournante de la vie sociale. Dans une ambiance assez réjouissante qui nous aura fait traîner tard, Carlo et moi, devant nos bières. 

Qui est le chef Natali ? La réponse en images : 

Cette brasserie, c’est donc une histoire de potes. Parmi eux, des grands habitués de l’endroit, qui apprennent par hasard que leur quartier général va fermer. Ici, tout le monde ou presque a une histoire, une anecdote avec le Chapeau Blanc. S’il ferme, où aller se les raconter ? Alors motivés par Thierry, le tout premier de la bande des 16, ils et elles se lancent dans le sauvetage du lieu. Ils et elles sont psychologues, avocats, chercheurs, médecins, banquiers. A peu de choses près, aucun n’est capable de faire cuire un oeuf. Ce qui est communément considéré comme un léger obstacle quand tu reprends un resto. C’est ici qu’arrive le 17e, Remy Merckx, un passé professionnel dans l’hôtellerie de luxe et une envie de changer d’horizon. Grâce à lui, ça roule au pas.

« Ça », c’est donc une brasserie tout ce qu’il y a de plus traditionnel : du bois foncé, du carrelage, des banquettes, des plantes, des miroirs géants, un grand bar. La carte colle au décor : carbonnades, américain, vol-au-vent, soit ce qui se cuisine depuis toujours ici.

Dans l’assiette

Carlo commence avec un oeuf mayo (3,50€ ). Je ne sais pas pourquoi il aime tellement ça mais chaque fois qu’il en trouve sur une carte, il le commande en frétillant du croupion. Et vu sa tête, de mangeur réjoui, celui-ci fait très largement le travail. Moi, je prends la croquette de crevettes de Zeebruge (8€), plus qu’honnête et bien bisquée. Elle est artisanale, et même locale, mais pas faite maison.

On peut dire plein de choses d’un restaurant juste en lisant le menu. Et ce que celui-ci nous révèle, c’est d’abord une politique de tout petits prix. L’américain à 18€, les boulettes à 16€. A peu de choses près, les prix pratiqués avant la reprise de l’endroit, et qui le rendent toujours accessible aux habitués. Ensuite, une envie de faire du classique super classique et rassurant, mais parfois un peu mieux. La bière des carbonnades c’est de la Tongerlo, le poulet du vol-au-vent vient des Ardennes, il existe aussi une version végétarienne du plat, au « garam masala », des épices indiennes. L’offre végétarienne n’est pas là pour apaiser le courroux des non viandards, elle est conséquente, cohérente et plutôt alléchante. Enfin, les enfants ont droit ici à leur menu (12€ le plat + une glace) et on ne les considère pas comme des machines à manger des nuggets de poulet à la compote. La moitié des plats de la carte est adaptable en version « être de petite taille ». 

En suggestion, je vois des ris de veau (29€). Ça, c’est mon agitateur de croupion, si je puis m’exprimer ainsi. Un poil trop cuits à mon goût, mais vraiment un poil, servis avec une purée façon Joël Robuchon (comprendre : avec plein de beurre parce que c’est trop bon le beurre) et une sauce béarnaise maison délicieuse. Je note la salade, des chouettes pousses avec du goût et pas la sempiternelle iceberg flanquée de sa tranche de tomate fade venue en Belgique par avion. Carlo choisit l’entrecôte (32€ les 300g), parce que même s’il s’accommode fort bien de mon amour pour les mousses de betterave et autres risottos de quinoa, Carlo reste un être un peu basique qui aime bien son gros morceau de viande. Et son seau de frites maison, dans lequel je pioche allègrement parce qu’elles sont vraiment bonnes. 

On boit la pils au fut, à savoir la Super 8 bio (3,90€ les 33cl). Et allez savoir où nous allons trouver la place pour la tarte du jour (8€), mais quand le serveur a dit « tatin », on a dit « okay ». Et nous voilà avec une tatin aux pommes, super replète et fondante, et une glace vanille d’un glacier du quartier qui pourrait bien casser trois pattes à un canard tellement elle est bonne. 

Autour de nous, de vieux habitués qui terminent leurs carbonnades, une grande table de collègues rigolards, des trentenaires qui fêtent un annif, et tout le resto qui chante avec, des grands-parents avec leurs petits-enfants et deux copines d’un âge certain venues prendre juste un petit verre de vin blanc.

Verdict

Les 17 ont réussi un pari délicat : redonner vie à un lieu simple et populaire sans le transformer en repaire de jeunes cool, en gardant des prix abordables pour le quartier, et sans transiger sur la qualité des produits. Personne ne compte sortir riche de cette aventure, les bénéfices sont d’ailleurs réinvestis dans le lieu. Mais comme dirait l’autre, on n’est riche que de ses amis, et croyez-moi, vous avez envie de les emmener au Chapeau Blanc. 

En pratique

Où ? 200, Rue Wayez, 1070 Anderlecht. T.02 377 72 19
Quand ? Ouvert du mercredi au dimanche, de 11h а 23 h.

Les jours où l’équipe d’Anderlecht joue à domicile, la cuisine est ouverte avant et après le match.

chapeaublanc.be

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