Un mardi, 19h30 : une masse semi-disciplinée de coureurs, hautes chaussettes noires et baskets multicolores, se dirige à vive allure vers le bois de La Cambre. Dix kilomètres plus tard, ces athlètes, stock d’endorphine chargé à bloc, se félicitent d’une tape dans les mains, le sentiment du devoir accompli, sur le parvis du café Belga à Ixelles. Parmi eux, Victoria, 34 ans, fidèle au rendez-vous hebdomadaire de Cadence Athletics. « Au début, je venais pour me motiver, me sentir moins seule dans ma pratique sportive et instaurer une régularité. Rapidement, c’est devenu un plaisir, un moyen de rencontrer des gens, de partager une passion, de retrouver des copains... En quelques semaines, je me suis fait de nouveaux amis, j’ai noué de profondes amitiés et j’ai même rencontré quelqu’un! Clairement, ce n’était pas mon objectif initial, mais les social runs, c’est un peu le Tinder de la vraie vie », explique-t-elle. « Je ne suis pas sûr qu’on ait déjà créé une romance, mais il est indéniable que les groupes de running sont un cadre propice pour rencontrer des gens, que ce soit dans une quête romantique ou amicale. Depuis que j’ai lancé Octane, j’ai découvert un groupe d’amis très soudés que je ne connaissais pas il y a encore un an », ajoute Vincent Ghyssens, fondateur d’Octane Racing.
En vidéo, on vous emmène faire du runseeing à Bruxelles :
De nouveaux espaces de sociabilité urbaine ?
Absolument ! « Des études montrent un sentiment croissant de solitude dans les villes. Depuis plusieurs années, le tissu urbain s’effrite et la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’aggraver la situation. Il est donc naturel que les gens cherchent de nouvelles façons de créer du lien social », explique Vincent. « Avec la pandémie, l’aspiration à une vie saine et active a pris de l’ampleur. La course à pied est redevenue cool et comme il suffit d’une paire de baskets pour s’y mettre, le terreau était favorable à l’émergence des groupes de run », ajoute Max Van Santen, fondateur de Cadence.
« Il existe un concept appelé les trois lieux qui structurent notre vie : le domicile, le bureau, et le troisième lieu. Autrefois, ce troisième lieu était le bar, un espace pour socialiser après le travail. Cette dynamique revient avec les communautés de course, explique Vincent. Que l’on connaisse des gens ou pas, on a une bonne raison de participer : courir. Et petit à petit, on rencontre de nouvelles personnes. C’est une manière de se réapproprier la ville. »
Lancer un groupe de run: une activité lucrative ?
Non, et ce n’est pas l’objectif principal. « Les runs de Cadence sont gratuits et le resteront. Cependant, nous travaillons sur trois axes au-delà des sorties hebdomadaires. Nous organisons des événements, comme les 20 kilomètres de Bruxelles, en collaboration avec des marques de sport. Nous accompagnons des coureurs dans leur entraînement pour des compétitions et nous produisons et vendons notre propre merchandising. Cela nous permet de générer un petit revenu et de financer d’autres projets », raconte Max Van Santen.
« Octane n’est pas une activité lucrative. Nous vendons des T-shirts, mais cela ne nous rapporte rien. Il y a deux aspects très importants dans notre démarche : authenticité et honnêteté. Les gens paient déjà tant de choses ; devoir payer pour courir ne correspond pas à notre ADN. Cela génère un tout petit revenu mais rien de substantiel », ajoute Vincent.
Un nouveau terrain de jeu pour les marques de sport
« Bien que notre audience soit limitée et que la Belgique soit un petit marché, les marques s’intéressent à nous. En développant des partenariats, cela nous permet de nous déployer sur des événements ou d’en organiser certains qui seraient autrement impossibles. L’intérêt pour les marques réside dans le contenu, notamment visuel, que nous produisons, qui relate une vie de communauté authentique et locale. Cela leur offre une opportunité de montrer leur proximité avec leur audience, bien au-delà des campagnes publicitaires de masse. C’est la stratégie adoptée par la plupart des marques de running aujourd’hui. Un des éléments marquants de cette tendance est l’émergence de nouvelles marques indépendantes. Comme pour le skateboard dans les années 90, elles concurrencent sérieusement les grands acteurs historiques en proposant une vision alternative du look du coureur, entre sport et lifestyle », conclut Max.
Comment rejoindre un groupe de run ?
Dépassement de soi, rencontres amicales parfois amoureuses, propagateur d’une vie saine… Les running clubs ne sont pas des groupes de sport, mais un mouvement social en pleine expansion. Pour y participer, il suffit de... « se pointer aux rendez-vous ! Il n’y a ni inscription ni frais. Chez Cadence, nous avons une sortie hebdomadaire de dix kilomètres le mardi soir à 19h. En plus, nous organisons des événements ponctuels annoncés via Instagram », explique Max.
Cadence Athletics, le mardi 19 h et le vendredi à 7h30
Chez Octane, le rendez-vous est le mercredi soir. Nous proposons une séance appelée TAXI, encadrée par un coach. C’est un entraînement d’intervalles accessible à tous les niveaux, mais orienté vers le dépassement de soi et la performance. C’est le type d’entraînement que les coureurs redoutent mais qui en groupe est bien plus motivant. Nos autres événements sont également communiqués sur Instagram.
Octane Racing, le mercredi à 19h30
Et aussi…
La Creme Athletics, un collectif de femmes sportives à Bruxelles. Carbon Athletics Buddy Buddy Run et Exercise Club, existe à Paris et à Bruxelles. Brussels Run Crew propose de courir sur une distance entre 5 et 50 kilomètres. Collision Running,à Paris et à Bruxelles.
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