Bar bulot, la brasserie chic qui sublime la cuisine française

S’ils ont fermé les portes d’Hertog Jan, restaurant trois étoiles, Gert De Mangeleer et Joachim Boudens n’ont pas cessé de titiller nos papilles pour autant. Entre autres, avec le projet de Bar Bulot…

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE |

On ne présente plus Gert De Mangeleer et Joachim Boudens, le duo dont les fulgurances ont obtenu il y a quelques années, en peu de temps, trois étoiles sur le fronton de leur Hertog Jan, pour arrêter ensuite, avec des envies dévorantes d’autres choses. Dont un éphémère Bar Bulot, devenu définitif à Bruges et, fin 2021, la renaissance de Hertog Jan, flanqué d’un deuxième Bar Bulot, à Anvers, dans le contexte d’un superbe bâtiment du XVe siècle, le Botanic Sanctuary et son hôtel de très haut de gamme.

C’est quoi le pitch de Bar Bulot ? On le dit illico : tout pour exciter mes neurones et mes papilles, ainsi que celles de Florence. Leur mot clé revendiqué est “finesse” et la promesse, ce sont des classiques de cuisine française, plutôt mer, mais terre aussi, affinés sans être vraiment revisités. Réservation faite avec deux semaines d’avance, parking facile à cinq minutes et arrivée sur les lieux où on est dirigés vers l’intérieur de la cour par deux portiers en uniforme cool.

La vidéo du jour :

Accueil pro et poli, sans particulière chaleur, installation (on te glisse la chaise sous le derrière comme dans les grandes maisons de tradition) et un Negroni pour Florence, un vermouth pour moi (14,50 €), le temps d’apprécier les tables nappées de blanc, les voilages qui rythment les espaces, bien blancs, l’éclairage un peu blanc et la superbe cuisine apparente.

Dans les assiettes

Cuisine française classique, mais belge aussi. Il y a des croquettes aux crevettes (22,90 €), une pomme de terre… et des crevettes (27,90 €), mais aussi de la tête pressée ou de la cervelle, ou encore des huîtres. Il y a aussi des hapjes pour patienter : du jamon, des sardines, du thon, etc. (de 14,50 € à 29 €), souvent ibériques. La carte propose également des entrées garnies de caviar belge (49 € la pomme de terre moscovite avec 30 g de Royal Belgian).

Côté plats, des moules (29,90 €), du cabillaud de ligne (44,90 €) , mais aussi de la langue sauce madère (29,90 €) ou du tartare (26 €). La carte propose encore de belles pièces à partager, comme une entrecôte de chez Dierendonck, qui semble être devenu le seul boucher de confiance du royaume, un vol-au-vent de poulet de Bresse ou une lotte meunière, minimum deux personnes, tout cela facturé de 44,50 à 49 €. On skippe les hapjes parce que Florence rêve de crevettes, et que moi aussi, je vais assouvir mon désir de décapodes. Pomme de terre pour elle, croquettes pour moi. Allez, je le dis : ma meilleure croquette aux crevettes depuis perpète. Bisquée, bien bisquée, parfaite. Pareil pour la généreuse patate, œuf poché et crevettes, l’expression “caviar de la mer du Nord” prend ici tout son sens. On enchaîne avec le vol-au-vent, annoncé “ragoût van Bressekip”, mais de fait, il y a du feuilletage, du poulet de Bresse, des boulettes, du ris de veau et… des crevettes ! Le service nous propose de le découper et le jeune homme entreprend une découpe en quatre de la chose avec un couteau trop petit, même que ça s’écroule un brin, on est bien loin de l’art de la découpe d’un feuilletage au Bozar Restaurant (Bruxelles), mais c’est bon, très bon. On a commandé des croquettes (en supplément), elles sont parfaites de patates bien séchées comme il faut et de parfum de muscade, de la purée, également très au point (en supplément elle aussi) et on a soigneusement évité les suppléments “sucrines” ou pire, “carpaccio de tomates”, que l’on peine à comprendre dans une telle maison, en février.

En images, notre menu :

Verdict

Ce vol-au-vent est magnifique de gourmandise (Florence trouve toutefois que les morceaux de poulet sont trop petits et un peu cuits), on s’éclate. On boit au verre, parce que sinon on se dit qu’on va y laisser notre salaire du mois, un excellent Nebbiolo (12 €) pour moi, du blanc qui fait le job, pour Flo.

On regrette toutefois un empressement du service, vraiment empressé, qui contraste avec le rythme lent (mais pas catastrophique) de la cuisine. On n’a jamais eu l’impression qu’on allait nous “expliquer”un peu le restaurant, et même si certaines attentions montrent un bon “drill” de la salle, globalement, on sent un manque léger d’empathie pour le client. Plus frustrant, nos efforts de parler néerlandais (j’adore parler néerlandais) nous valent parfois des retours de balle en anglais, jammer ! On n’a plus faim, mais dessert ! Ce sera un baba au rhum (en forme de cannelé), apporté avec cérémonial par le même officiant qui avait coupé le vol-au-vent avec un couteau de dînette. Je m’attends à un flambage ou à numéro de cirque et non, il verse juste un peu de rhum (très bon, le rhum) et de crème sur le cannelé-baba. Pour moi, ça pouvait sortir “as such” de la cuisine, si c’est pour faire des manières sans vrai spectacle, le dressage en salle ne m’émeut pas plus que ça.

Alors, on y retourne ? Oui ! Parce qu’on est dingues de cette cuisine française, belge, classique, affinée, la promesse est tenue. On aimerait juste sentir un peu plus que quelqu’un est “in charge” de notre bonheur en salle. Ce samedi soir à Anvers, ce n’était pas tout à fait le cas. Mais on s’est régalés.

L'adresse ? Bar Bulot at Hotel Botanic Sanctuary, 41 Lange Gasthuisstraat, 2000 Antwerpen. Tel. 033.69.25.96.

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