Comment la pole dance est-elle devenue le sport incontournable du moment ?

Longtemps associé à l'univers du strip-tease, la pole dance a, depuis quelques années, changé de dimension. Elle est aujourd'hui perçue comme un sport à part entière qui séduit de plus en plus. Comment expliquer cet engouement ? Récits de passionnés. 

Par Audrey Morard. Crédit photo : Unsplash |

Sur son compte Instagram, Lisa poste régulièrement des vidéos de ses cours de pole dance, discipline qu’elle pratique depuis juillet dernier. On la voit tantôt se hisser sur la barre qui lui fait face, tantôt croiser ses jambes autour de celle-ci, tantôt se retrouver la tête à l’envers. "J’ai beaucoup malmené mon corps, enfant et adolescente. La pole dance me permet de me le réapproprier et de me réconcilier avec lui. J’ai aussi développé ma confiance en moi".

Qu'est-ce que le rucking, le sport qui agite les réseaux sociaux ? 

Bien plus qu'une danse autour d'une barre

Car il en faut de la confiance quand on pratique la pole dance. Le corps tient sur la barre grâce à des accroches au niveau des bras, des jambes, des chevilles, des genoux, des aisselles… Le résultat donne des figures gracieuses et souvent impressionnantes. L’objectif est ensuite de les enchaîner pour arriver à une chorégraphie. "On peut tenir avec chaque partie du corps, explique Céline, fondatrice du studio de pole dance Air Dance School, né il y a dix ans. Cela donne la sensation que c’est facile, mais en fait non (rires). La barre peut rester fixe, mais elle peut aussi être mise en spinning, c’est-à-dire qu’elle va tourner. La pole dance ne se résume pas à une danse autour d’une barre, c’est beaucoup plus physique. Il faut engager les bons muscles au bon moment. On travaille le tonus, les tractions, le gainage, la souplesse des jambes… On va aussi chercher des écarts pour un rendu plus joli et plus aérien".

Depuis qu’elle s’est lancée dans la pole dance, Lisa a vu son corps changer. Ses bras et sa ceinture abdominale se sont musclés, ses cuisses se sont raffermies, sa souplesse s’est développée. "J’ai été surprise par la dimension physique de la pole dance. Je m’attendais à ce que ce soit difficile, mais je ne me rendais pas compte que c’était aussi intense. Je peux avoir des courbatures pendant 48 h, voire 72 h. Malgré tout, cette discipline reste accessible à tous. On développe aussi de la solidarité. On s’encourage, on s’applaudit. Tout ça sans se juger".

Aller au-delà des préjugés

La pole dance a longtemps été cantonnée à une discipline sulfureuse, sexy, étroitement liée au strip-tease. Mais en 2024, le regard porté sur ce sport a changé, principalement grâce aux réseaux sociaux. Lisa a connu la pole dance à travers le compte d’Alexia Mori, une influenceuse française. "Elle expliquait que c’était un enfer, que son corps était marqué de bleus, mais j’ai quand même été convaincue ! (Rires)". Céline ajoute : "Les personnes entendaient parler de la pole dance via des on-dit. Puis Instagram est arrivé. Dès 2016, des vidéos de championnats et de compétitions y ont été diffusées. Des fédérations se sont aussi développées. La Belgique a la sienne, reconnue par la fédération internationale de pole dance. On a alors réalisé qu’il s’agissait d’un sport". 

Preuve que la pole dance est davantage considérée, elle peut désormais prétendre aux Jeux olympiques. Il y a eu une vraie démocratisation qui continue de se poursuivre. Céline se souvient de son premier cours donné, un jour d’octobre 2013. Six élèves avaient fait le déplacement dans le studio de Braine-l’Alleud. "Elles venaient pour tâter le terrain, en tirant sur leur short et leur T-shirt. Il y a de la timidité lors des premiers cours. On expose son corps, mais au fil des séances, les élèves viennent en débardeur, brassière et short plus court pour avoir un maximum de peau au contact de la barre".

Air Dance School compte aujourd’hui 300 membres. On y retrouve des étudiantes, des jeunes actives, des mères de famille, des femmes d’une soixantaine d’années, avec des morphologies différentes, un rapport au sport différent et des motivations différentes. Certaines personnes viennent pour se détendre, s’amuser, d’autres cherchent la performance technique ou à devenir plus musclées. Le public est essentiellement féminin, mais on a aussi des hommes. "Pas assez à mon goût malheureusement", déplore Céline.

Benoît Recour fait partie de ces rares hommes adeptes de la discipline. Tout a commencé il y a quatre ans. "Je me souviens très bien de la première fois. Je suis pourtant sportif, mais je ne pouvais plus bouger le lendemain, j’avais mal partout (rires). Je me suis dit “Il faut que je réessaie”. Je me suis inscrit dans deux écoles
de pole dance. J’ai davantage accroché avec l’une d’entre elles. Mais le point de pivot a eu lieu avec le Covid. Je m’étais commandé une barre de pole dance avant le confinement. Je me suis entraîné en essayant de reproduire ce que j’observais sur Instagram
". Voir un homme évoluer dans la discipline n’est pas courant. Benoît, qui vient de l’univers du motocross, confie avoir été très souvent le seul homme dans les cours qu’il a suivis. Certains de ses amis l’ont jugé à ses débuts, avant de changer d’avis. Ils ont constaté que la pole dance que je pratique se rapproche davantage de la gymnastique.

Sur son compte TikTok, Benoît est suivi par plus de 127 000 personnes. Il n’hésite pas à se mettre en scène dans de courtes vidéos. L’une d’elles cumule même plus de 34 millions de vues et 6 millions de likes : on l’y voit déguisé en Harry Potter en train de tourner autour d’une barre. Sur une autre, il prend les traits de Saint-Nicolas. L’Ittrois a également pour projet de lancer ses propres barres de pole dance pour l’extérieur. Il constate que les hommes sont un peu plus présents dans l’univers de la pole dance. Lors d’un stage effectué en décembre dernier en Turquie, il était accompagné de cinq hommes et vingt femmes. Mais le public masculin reste bien sûr minoritaire.

L’importance de l'encadrement

Céline a ouvert en décembre dernier un troisième studio, dans le quartier de Flagey, à Bruxelles. Neuf professeurs travaillent pour elle, mais elle poursuit son recrutement, pour lequel elle admet être très sélective. "Il n’y a pas d’accès à la profession en Belgique, contrairement à d’autres pays. Tout le monde peut donner des cours, mais tout le monde n’a pas conscience qu’on joue avec le physique et la santé des autres. Une blessure peut vite arriver car on sollicite une musculature différente des autres sports. Mais une fois encadré et entraîné, chacun peut faire ce qu’il souhaite. C’est toi et ta barre. C’est ton moment !" Certains adeptes mettent en avant un côté plus sexy, d’autres désirent être dans la performance ou amener un style plus hip-hop ou contemporain à leurs chorégraphies. "Mais il y a à chaque fois un dénominateur commun : la recherche de plaisir", sourit Céline.  

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