Dans les coulisses du défilé Haute couture de la maison Dior

La veille du défilé couture de la maison Dior, le 1er juillet 2018, nous nous sommes glissés dans les ateliers de la rue François 1er à Paris. Gros plan sur les coulisses d’un des temples de la Haute Couture.

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS D.R. |

Paris, 1er juillet 2018, 16 h. Dans moins de 24 heures, le musée Rodin privatisé par la Maison Dior pour l’occasion, accueillera le défilé couture automne/hiver 2018. Mais pour l’heure, c’est dans le huitième arrondissement de Paris, au QG de Dior, que tout se joue. Dans l’ascenseur qui mène aux étages de ce bâtiment qui jouxte le numéro 30 de l’avenue Montaigne, adresse mythique où Christian Dior a fondé son premier salon de couture en 1946, on croise quelques mannequins, de jeunes brindilles un peu perdues, portable à la main. Elles s’arrêtent au premier, là où a lieu le casting pour le show du lendemain.

Un niveau plus haut, il y a le studio (le Saint des saints), là où Maria Grazia Chiuri, directrice artistique de la griffe, travaille et procède aux derniers essayages sur les filles choisies. L’ascenseur continue à monter. Troisième étage, celui de l’atelier flou (là où sont réalisées les pièces en soie, mousseline, voile ou tulle...). Depuis quelques années, parce qu’il était temps de redonner ses lettres de noblesse au mot luxe, les maisons parisiennes ont ouvert les portes de leurs ateliers à quelques magazines et à des équipes télé. À condition que les journalistes montrent patte blanche, bien entendu. Car chez Dior, lorsqu’il s’agit de couture, on ne plaisante pas avec le protocole. Ni avec les informations divulguées.

Flou artistique

À l’image de ses clientes dont on ne révèle ni le nom, ni le nombre exact, la couture oscille très habilement entre mystère et mise en scène savamment orchestrée. Secteur ultra-codifié, la couture parisienne s’apparente à un véritable label reposant sur une série de règles aussi strictes qu’immuables. Pour pouvoir l’afficher, les maisons doivent proposer des créations uniques, réalisées à la main dans leurs ateliers propres, employant un minimum de 20 collaborateurs.

Les présentations des collections (composées d’au moins 25 silhouettes par défilé) ont lieu deux fois par an, en accord avec le calendrier officiel établi par la Fédération de la Haute Couture et de la mode. Ensuite, même si une marque répond à tous ces critères, elle doit être parrainée par une autre maison, puis défiler pendant quatre ans en tant que membre invité avant de pouvoir être considérée comme une maison de couture à part entière.

Ce qui frappe lorsqu’on entre dans cet atelier flou, c’est que tout y est étrangement paisible. En tout cas serein. Et ce, malgré le nombre de couturières au travail. D’une trentaine de personnes à l’année (rien que pour le flou), l’effectif double en période de prédéfilé. Des hommes, des femmes, de tous les âges et de tous les styles mus par une passion commune pour cet artisanat rare. Majoritairement, des intérimaires qui reviennent chaque saison.

Cette quiétude, à bien y regarder, s’explique principalement par la structure même des ateliers, extrêmement hiérarchisée. Si les Premières et les Secondes mains qualifiées et débutantes, les Modélistes, les Coupeuses ainsi que les apprenties, terminent, dans une ambiance studieuse, mais pas pesante, les robes composant les 71 silhouettes qui défileront le jour suivant, la Première d’atelier orchestre à la baguette ce ballet de tulle, de dentelle et de broderie.

Cette apparente décontraction va de pair avec une organisation quasi militaire. Militaire, mais aussi monacale, à l’image de tout ce blanc qui, à sa façon, contribue à créer une sorte de quiétude dans l’atelier : celui des murs, du sol et des armoires. Celui des tabliers brodés du logo Dior ou encore des housses en coton qui protègent les robes en cours de finition. Et puis, il y a cette lumière blanche, celle des plafonniers, qui éclaire les mètres de tissus en cours d’assemblage.

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