Jour 1
Lorsque l’entreprise Philips a quitté Eindhoven au milieu des années 90, la ville a vécu une crise sans précédent. Mais depuis les années 2000, dans le sillage de son académie de design et des entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies qui y ont installé leur quartier général, Eindhoven connaît une nouvelle jeunesse. Les projets culturels et les ateliers d’artistes implantés dans d’anciennes usines et entrepôts en disent long sur le vent de fraîcheur qui souffle sur la ville.
Pour un citytrip qui décoiffe, enfourchez un vélo et prenez la direction des ateliers de Piet Hein Eek, une star du design aux Pays-Bas. Désormais connu dans le monde entier, ce surdoué visionnaire a eu l’idée, dès la fin de ses études en design, de se lancer dans l’upcycling. Très vite, son mobilier en bois de rebut laqué fait un carton. Pour vous immerger dans l’univers du designer, vous pouvez visiter son immense showroom du quartier de Strijp-R, l’un des hubs design de la ville. Couplé à une boutique qui regroupe ses marques éthiques préférées, le complexe compte aussi un hôtel où chaque objet a été pensé par lui ou par l’un de ses collaborateurs, et une cantine orchestrée par un chef aussi loquace qu’engagé dans l’ultralocal.
À Eindhoven, les différents quartiers se situent généralement à moins de 15 minutes les uns des autres. Du Q.G. de Piet Hein Eek, vous pouvez donc facilement rejoindre Woensel West, une partie de ville en pleine réinvention ; un quartier autrefois plutôt infréquentable qui, grâce à ses maisons colorées esprit kasbah marocaine, ses nombreuses fresques d’art urbain, ses boutiques de créateurs et ses cafés, fait désormais partie des incontournables à découvrir absolument.
L’immense showroom du designer Piet Hein Eek, où se mêlent ses créations, ses marques de cœur, un hôtel, un espace gastronomique...
D'un strijp à l'autre
Poursuivez votre route jusqu’au quartier de Strijp-S, une ancienne cité interdite à laquelle, pour des raisons de confidentialité, seuls les collaborateurs de Philips avaient accès. Désormais, les anciennes usines et entrepôts accueillent des ateliers d’artistes, des boutiques de créateurs, des bars, des restaurants et, comme dans tous les repaires de hipsters, plusieurs brasseries urbaines. Ne manquez pas d’aller jeter un œil au Skate Area 51 : un temple de la glisse fréquenté jusque tard dans la soirée par de jeunes skateurs, mais aussi des fans de VTT ou de trottinettes acrobatiques. Vous y trouverez aussi le MU, un espace culturel dédié aux nouvelles technologies et Radio Royaal, un restaurant, pionnier dans le projet de revalorisation du quartier.
Chaque année, au mois d’octobre, au moment de la Eindhoven Design Week, cette ancienne salle des machines reconvertie en cantine et lieu de fête, est prise d’assaut. On s’y arrête pour un dîner d’inspiration brasserie parisienne copieusement revisité qu’on savoure dans un décor post-industriel. Entre les œufs en meurette version hollandaise et une assiette de maquereaux 2.0, lancez-vous dans une partie endiablée de babyfoot ou de palet.
Radio Royaal, un restaurant, pionnier dans le projet de revalorisation du quartier.
Jour 2
Si les spots design sont, pour la plupart, situés à quelques coups de pédales du centre-ville, le cœur d’Eindhoven recèle de nombreuses pépites. Pour les découvrir, il suffit de lever les yeux. Depuis quelques années, les projets architecturaux signés par de grands noms néerlandais et internationaux redéfinissent l’image de la ville. À vous de vo ir si De Bakermat, l’étrange building jaune au look délibérément enfantin du Néerlandais Marteen Baas, vous donne l’impression, comme à certains locaux, que l’architecte star n’a pas tout à fait fini son œuvre.
Adoré autant que détesté, le Bakermat de Maarten Baas.
À voir aussi : Trudo Tower, la tour de l’Italien Stefano Boeri. Un projet d’habitat social riche de plus de 70 variétés différentes d’arbres et de plantes qui change des hautes constructions à l’apparence austère et impersonnelle. Entre deux photos de gratte-ciel, posez-vous quelques minutes chez Houben, une boulangerie mythique connue pour ses célèbres pains saucisses, les fameux Worstenbroodjes. Si cette spécialité pas chère (et roborative) part comme... des petits pains (l’enseigne en écoule quelque 100 000 par an), la maison Houben les propose aussi en version miniature, sans saucisse à l’intérieur, mais garnies de recettes signées par quatre chefs étoilés néerlandais.
Faire le mur
Eindhoven est une ville très centrée sur le design, mais aussi sur l’art. Au cours de votre balade, arrêtez-vous au Van Abbemuseum : un lieu entouré d’eau, à voir pour son architecture signée Abel Cahen et pour sa collection d’art moderne présentée dans une approche immersive qui permet de... sentir ou de toucher un Picasso ou un Mondriaan.
Comme dans d’autres destinations en plein revival, l’art urbain est également très présent dans la ville et ses proches alentours. Après avoir découvert quelques fresques au hasard de vos balades, prolongez le plaisir, le temps d’un apéro, chez Thomas, un bar dont tous les murs sont couverts d’œuvres signées Studio Giftig, un collectif plusieurs fois primé lors des Dutch Street Art Awards.
S’il vous reste encore un peu de temps, poussez la porte des adresses shopping de la ville. Parmi les rues à pointer, De Bergen (pour ses adresses vintage et déco), mais aussi Nieuwe Emmasingel, une artère située dans le quartier qui abrite l’académie de design. Détail amusant : à Eindhoven, les boutiques de mode masculine sont aussi nombreuses que branchées. Parmi les plus recommandables, poussez la porte de Walther (de Bergen), Mensroom (Kleine Berg) ou encore COEF (Rechterstraat).
En cas de petite faim, terminez votre périple au Gourmet Market, un ensemble de 21 cantines du monde. Testez les spécialités indonésiennes, indiennes, turques, libanaises, mais aussi les incontournables boulettes de viandes frites dont les locaux raffolent.
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