Rencontre avec une pro du home organising

Assistante sociale, Audrey Demeyere s’est reconvertie dans le home organising, avec une approche plus thérapeutique qu’esthétique. Pas question pour elle de transformer les maisons en décors de magazines. Son but ? Aider les gens à se reconnecter avec eux-mêmes en soignant leur intérieur. Explications.

PAR SIGRID DESCAMPS. PHOTOS D.R. SAUF MENTION CONTRAIRE. |

" Je ne vise pas la perfection, mais le bien-etre " nous lance dans un sourire Audrey Demeyere. Assistante sociale par vocation, cette jeune quadragenaire a travaille dans ce secteur durant pres de dix-sept ans, frequentant au quotidien des milieux difficiles et precarises. " J'ai travaille dix ans en milieu carceral, puis sept ans dans un service de placement familial. Une experience qui m'a amenee a cotoyer beaucoup de profils differents, qui m'a appris a dialoguer avec toutes sorties de gens, de familles, a visiter aussi beaucoup de logements... A l'epoque, quand je rentrais chez moi, apres le boulot, je me disais "Ouf, tout va bien, je suis chez moi, je suis bien !" Je n'en etais peut-etre pas totalement consciente a l'epoque, mais le fait d'observer de pres des personnes qui vivent dans la precarite, cela m'a permis deja alors de voir l'impact que l'education et le mode de vie ont sur les habitations et reciproquement. "

Lutter contre la charge mentale 

Mais une reconversion dans le home organising n'etait pas a l'ordre du jour. Cela viendra plus tard, apres un triple burn-out. " Mon compagnon et moi venions d'emmenager dans une nouvelle maison, mon boulot m'occupait enormement, et quand je rentrais, je devais gerer nos trois enfants, la maison, etc. Je n'arrivais pas a tenir le rythme, a tout ranger, a faire en sorte que tout soit en place. La fameuse charge mentale... Les gens ont parfois l'impression qu'il y a une part de mauvaise volonte chez les gens qui se laissent deborder. Ils n'imaginent pas l'effort que demande le moindre geste. J'ai fini par craquer, j'ai fait un burn-out parental, un lie a ma maison, puis professionnel. J'ai du arreter de travailler pendant un an..."

Boulot, famille, maison 

Paradoxalement, cette periode sombre a ete salvatrice : " J'ai pris conscience du triangle qui existe entre le parental, le professionnel et l'interieur, et des interactions entre chacun. J'ai compris que si on n'a pas d'ancrage dans sa maison, si on ne peut pas ressentir un sentiment de bien-etre et de confort quand on rentre chez soi, le reste ne fonctionne pas non plus : tout est etroitement lie ! "

D'ou, l'idee, sur base de sa propre experience et de la facon dont elle a peu a peu remis tout en place, au propre comme au figure, de lancer sa propre boite : Vivement chez moi. Un nom symbolique pour resumer son nouveau role de home organiser ou plutot, de therapeute de maison. " Je vois le home organising comme un outil therapeutique, curatif... La maison est le prolongement de nous-meme, la face emergee de l'iceberg. Une maison encombree cache souvent un malaise bien plus profond. Si on arrive a reprendre le controle de cette zone-la, le reste suivra. Et il ne faut pas pour autant viser une maison super- clean, qui risque au final de ressembler a une maison temoin, il faut viser un endroit dans lequel on se sent bien."