Sport d'hiver : nos adresses secrètes au coeur de grands domaines

Les stations les plus courues ont le défaut de leurs qualités. Elles sont surfréquentées, surdéveloppées, parfois tape à l’oeil, souvent éreintantes… L’hiver en montagne, le luxe passe aussi par la tranquillité. Voici notre secret pour jouir pleinement, à la fois, du charme de villages authentiques et des infrastructures top niveau des plus grands domaines skiables.

Par PHILIPPE BERKENBAUM. Photos : DR, © La Bouitte, Sanctuaire de Notre-Dame des Vernettes. |

Champagny-en-Vanoise, la vallée aux trésors

Difficile de s’imaginer au coeur de l’un des plus vastes domaines de sports d’hiver au monde, celui des 3 Vallées qui regroupe notamment les stations hyper hype de Méribel, Courchevel et Val Thorens, en Savoie. Ici, on se promène dans les ruelles d’un vrai village de montagne, avec ses chalets de bois, ses fermes de pierre, ses étables voûtées et ses nombreux clochers plusieurs fois séculaires. Saint-Martin de Belleville tient de la carte postale à peine jaunie par le temps et toujours blanche en hiver.

A propos de clocher, il faut passer celui de l’ancestral sanctuaire Notre Dame de la Vie, chef d’oeuvre baroque du XVIIe siècle, pour atteindre La Bouitte — “petite maison” en patois savoyard.

A l’origine, en 1976, c’était un petit restaurant sans prétention qui proposait aux rares skieurs de passage des spécialités régionales, beaucoup de fromage fondu et un peu de charcuterie. Jusqu’au jour où René Meilleur, son propriétaire, a dîné chez Paul Bocuse à Lyon et ressenti le premier “choc gustatif” de sa jeune existence. Entretemps, Saint-Martin devenait une vraie station de sports d’hiver, reliée au grand domaine voisin avant que, plus loin dans la même Vallée des Belleville, ne se développent Les Menuires et Val Tho.

Le restaurateur renifle le potentiel. Et se lance dans une cuisine plus raffinée, progressivement gastronomique. Avec son fils Maxime, qui l’a rejoint en cuisine il y a 20 ans, le duo atteint les sommet — et pas seulement les cimes : c’est aujourd’hui l’un des trois triples étoilés Michelin que comptent les Alpes françaises (les autres sont à Mégève et Courchevel, des stations cossues aux antipodes de Saint-Martin). Et un charmant hôtel à l’ancienne, douillet et confortable, qui tiendrait du palace s’il ne gardait une atmosphère volontairement en phase avec la quiétude du village qui l’entoure. La Bouitte, c’est comme un secret bien gardé. Rien d’ostentatoire ici mais une cuisine divine exclusivement axée sur le terroir et le talent des chefs pour en tirer… le Meilleur.

Voilà l’idée. Les sports d’hiver oui et dans les meilleures conditions sur le plan des possibilités offertes aux amateurs de glisse, mais sans céder au bling bling ou à l’engorgement des grandes stations prises d’assaut par la foule. Les domaines géants ont certes leurs atouts mais le nec plus ultra, aujourd’hui, c’est de les aborder par la petite porte dissimulée dans l’authenticité. Saint-Martin de Belleville offre tout ce dont peut rêver le skieur averti (liaisons directes sur les grandes stations voisines), le cadre naturel en plus. Beaucoup ne s’y sont pas trompés : les Belges sont nombreux à avoir choisi d’investir ici. En contrebas du village, un ensemble de superbes chalets en bois est même surnommé “le village des Belges”.

Champagny-en-Vanoise, c’est le même principe mais aux portes du domaine Paradiski cette fois, celui qui relie Les Arcs à La Plagne. L’accès y est immédiat mais on séjourne pourtant dans un autre monde, où le charme le dispute aux vestiges du passé. Côté patrimoine, on est ici aussi dans un village typique, presque millénaire, enroulé autour d’une église baroque du XVIIe siècle et où l’architecture traditionnelle est soigneusement préservée. Il faut s’y promener en fin de journée pour en mesurer toute l’authenticité, dans les ruelles piétonnes qui serpentent entre les maisons d’époque, toutes de pierre et de bois, qui respirent la chaleur et l’hospitalité.

Côté nature, Champagny déploie encore plus de richesse. Offrant un accès direct au mythique parc national de la Vanoise, le vallon de Champagny-le-haut est classé au titre des Sites et monuments naturels de France pour la beauté de ses paysages et l’architecture préservée de ses hameaux. On y pratique le ski de fond et la promenade en raquette l’hiver dans un cadre enchanteur — et même l’escalade sur une tour de glace spécialement aménagée et unique en son genre. L’été, la faune et la flore se réveillent dans le plus vieux parc national de l’Hexagone, pour un festival de couleurs et de vie.

Peisey-Nancroix, terre de miracles

Niché au coeur de la vallée du Ponthurin séparant Les Arcs de La Plagne et offrant un autre accès préservé à la Vanoise, peuplée de chamois et de bouquetins impossibles à rater l’hiver, notre troisième station secrète s’appelle Peisey-Nancroix.

Maisons en pierre de taille, balcons en fer forgé, peintures en trompe l’oeil… Le bourg a gardé l’allure qu’il avait au 19e siècle, l’époque où il accueillait encore le siège de la prestigieuse Ecole nationale des Mines. Terre de pâturages et d’élevage, la vallée abrite aussi des producteurs de Beaufort, de Tomme et de Raclette de Savoie, dont on peut facilement visiter les installations et goûter la production. Sous la neige, la vallée est surtout le paradis des randonneurs, des skieurs de fond et un formidable écrin pour les ballades en traineau à chien ou même à rennes jusqu’aux portes de la Vanoise. Tout cela à une simple liaison rapide des deux domaines phares qui l’entourent.

Et puisqu’il ne faut jamais négliger la gastronomie dans cette région riche en saveurs, la perle du cru s’appelle l’Ancolie, une table gourmande et traditionnelle dressée dans son jus et dont le chef Manu Poisson prépare les terrines les plus réputées de ce côté des Alpes. On en redemande.