On a testé : Mine Madeh à emporter

En plein confinement, le chef syrien Georges Baghdi Sar a développé une offre take-away pour son dernier établissement, Mine Madeh. Qu’y commande-t-on ? Des madeh justement, mais revisités par cet artiste de la street food orientale. En quoi ça consiste ? Ca se mange comment ? C’est bon ? On vous dit tout ! 

Texte et photos Carlo de Pascale et Florence Hainaut |

Appelez-le le chef syrien qui a une idée à la minute : Georges Baghdi Sar, 30 ans, a  déjà -osons l’écrire- marqué notre capitale de son empreinte culinaire, à coups de street food syrienne parfois réinventée. Donnez-lui de la farine, de la levure et de l’eau et il vous en fera des manesh (pizze syriennes au four à pizza), des saj (pizze syriennes cuites sur un dôme de métal brûlant), des tannours, (un peu comme des pizze, toujours syriennes, cuites dans un four tannour qui évoque le tandoor), illustrant à la perfection ce principe qui veut que en cuisine tout comme ailleurs, tout est dans tout, et inversement.

Après avoir « repimpé » son C’chiccounou (on ne comprend pas toujours où il veut en venir avec les noms de ses restos), mis entre parenthèses son pourtant prometteur knafé (un dessert syrien à la fois fromage et dessert), Georges, ses tatouages et sa bonne humeur qui déplace les montagnes, ont investi un rez-de-chaussée du piétonnier Jourdan avec Mine Madeh. Le madeh étant une sorte de pain de viande épicé comme l’Orient sait le faire (intensément parfumé), que Georges a « crossovérisé » en le fourrant dans un pain, genre pizza. On vous avait prévenus : il fait des acrobaties avec de la farine et de l’eau (et de la levure.)

Comme d’autres entrepreneurs courageux, Georges a ouvert en plein confinement, en mode take-away. On peut venir chercher ou commander via la plateforme, dont on pensera ce qu’on veut, Uber Eats (pour ma part j’en pense que c’est pratique, mais je rêve d’un monde qui n’offrirait plus que des vrais jobs, même en tant que job de complément). 

L’offre ? 

Minimaliste, trois madeh (tous tarifés à 8 €); enfin, deux, auxquels s’ajoute une option « halloumi », chargée de représenter l’offre végétarienne. Le principe : un mix de viande d’agneau et bœuf, parfumé de cannelle, poivre de la Jamaïque et autres épices, cuit dans une platine et « toppé » de légumes : soit, un mélange poivrons tomates, soit aubergines-pommes de terre (« maldoun »), le tout arrosé d’une sauce de tomates séchées importée de Syrie, dixit Georges himself.

La Georges touch? Quand la platine garnie de viande et légumes (ou halloumi et légumes) sort du four à pizza, elle est prestement fourrée dans un pain cuit au préalable dans le même four (à pizza, on suit?). Donc, comme souvent en matière de street food, il faut un goût marqué, un outil que l’on n’a pas chez soi (ici, le four à pizza), une méthodologie (il y a beaucoup d’opérations et il faut que ça sorte à rythme soutenu). Confinement oblige, Florence et moi avons refait un coup qui nous avait déjà souri une fois : on commande sur place, on déballe et on mange dans la rue, à l’arrêt, sur un banc, c’est permis, à distance règlementaire. En hiver, on a un peu froid, mais ça permet de manger chaud, sans les affres refroidissantes du transport ubérisé.

Alors ce madeh ? 

Cela nous a plu ! On a raffolé de cette viande si parfumée, on s’en est mis jusque derrière les oreilles, avec une préférence pour le mix « maldoun » (la tomate, ça nous parle moins en hiver) et un « accessit » pour la version halloumi, enfin surtout pour moi, on connaît l’aversion de Mme Hainaut pour les fromages, sauf le Comté. C’est quoi la gastronomie ? Je me pose souvent la question, mais en tout cas, certes on avait faim, certes il faisait froid, mais c’était bon, juste bon, au-delà de toute considération de rapport qualité-prix !

Clairement, Georges Baghdi Sar, dont on rappelle qu’il est arrivé à onze ans comme réfugié en Belgique, se pose comme un acteur décisif de la street food orientale en Belgique. Il se murmure d’ailleurs qu’il pourrait nous surprendre dans pas longtemps avec un nouveau projet, carrément dingue. A suivre.
390 chaussée de Wavre, 1040 Etterbeek. Ouvert du lundi au samedi, de 12h à 15h et de 18h à 21h30. 

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