On vous dévoile les coulisses d'un défilé Natan avec Edouard Vermeulen

Si vous associez la maison fondée par Edouard Vermeulen à une marque un peu rigide, qu’on porte plus volontiers pour assister au défilé du 21 juillet plutôt que pour une sortie entre copines dans un lieu branché, vous faites fausse route. La preuve avec cette incursion dans les coulisses de son dernier défilé !

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Dans la vie d’une journaliste mode, il arrive que vous viviez des moments plutôt insolites. Comme lorsque vous interviewez Edouard Vermeulen, chef d’orchestre de la griffe belge Natan, par téléphone. Vous discutez avec lui d’un sujet qui semble le passionner. Très à l’écoute, le créateur commente et rebondit sur chacune de vos questions.

Edouard Vermeulen, le couturier préférés des reines... et des filles branchées !

Puis, d’un coup, il s’interrompt et vous demande – très poliment – de l’excuser un moment. Vous attendez patiemment qu’il termine son autre conversation. Normal : vous parlez à l’un des talents belges les plus connus du grand public. Respect. D’ailleurs, même votre belle-mère le connaît. Quand elle regardait Place Royale au début des années 2000, on parlait déjà de lui. Au bout de plusieurs longues minutes, Edouard Vermeulen revient. Ouf, vous vous apprêtiez à raccrocher, convaincue qu’il vous avait oubliée. Il s’excuse et vous précise qu’il n’avait pas d’autre choix que de vous faire poireauter... vu qu’il était en ligne avec Sa Majesté. Face à la Reine, forcément, vous ne faisiez pas le poids.

La vidéo du jour :

Quelques secondes plus tard, vous ne lui en voulez déjà plus. D’abord parce que son côté ultra-prévenant en fait l’un des chouchous des journalistes. Edouard Vermeulen est en effet du genre à vous appeler pour vous remercier, personnellement, pour un papier que vous avez écrit sur lui ou sur sa maison. Une attention qui fait plaisir, évidemment. Et puis, parce que le double appel avec la Reine, tout de même, ça en impose. “Edouard Vermeulen, le couturier préféré des reines”. Ce n’est pas nous qui l’affirmons, mais le prestigieux Vanity Fair qui, en 2020, consacrait un long article à celui qui, non content d’habiller “notre” Mathilde, s’occupe aussi du dressing de Maxima, reine des Pays-Bas et de celui de Maria Teresa, grande-duchesse du Luxembourg. Oui, rien que ça !

À la tête de huit boutiques, dont une dans le très chic sixième arrondissement de Paris, le couturier – dont le petit sourire en coin trahit un sacré penchant pour l’ironie et le second degré – habille donc aussi les Françaises, peu habituées aux tailleurs pastel et autres looks communément associés aux têtes couronnées. Cela voudrait-il dire que l’univers Natan ne se cantonne pas au dressing des reines ? On dirait bien. Prétendre le contraire équivaudrait d’ailleurs à froisser Edouard Vermeulen. Car si son succès – et sa notoriété – sont évidemment indissociables de la royauté, la maison qu’il dirige se veut résolument ancrée dans le présent.

Sérieusement drôle

Un petit tour en coulisses pendant un défilé Natan suffit à s’en convaincre. En backstage, on retrouve Edouard Vermeulen, détendu et souriant (sa marque de fabrique), mais aussi ses fidèles collaborateurs. Arrivé chez Natan, il y a environ sept ans, Pieterjan Van Biesen est l’un d’eux. Diplômé de Solvay, ce jeune homme, dont le chic n'a rien à envier à son patron, est en charge de la communication de cette maison où il rêvait d'entrer. 

Au début,ses parents ont trouvé l’idée un peu saugrenue. Edouard Vermeulen, lui-même, était un peu sceptique. Mais le garçon – que tout ça fait bien sûr marrer – avait “envie de s’amuser”. L’idée d’inviter des artistes à habiller les vitrines des boutiques Natan, c’est lui. Discret, mais jamais avare d’une petite phrase piquante, celui qui, cette année, a reçu le prix du mec le mieux habillé de Belgique, aime rappeler qu’on rigole bien chez Natan. Pour nous en convaincre, il passe en revue avec nous les tenues du défilé. Il s’arrête devant une sublime robe longue en plumes dans un dégradé qui va du bleu vif au rouge et ajoute : Ça, c’est la robe carwash. Quand le mannequin bouge, l’effet est super drôle... Si on saisit rapidement le rapprochement possible entre la robe et les fameuses brosses, on perçoit aussi la magie qui se dégage de cette pièce unique et ultramoderne. Un rapide coup d’œil aux mannequins choisis pour le show confirme l’envie du label de s’inviter là où on ne l’attend pas.

Devant les miroirs de l’équipe coiffure et make-up, on découvre des filles rousses au teint diaphane, des mannequins à la peau noire et à la coupe afro, mais aussi des beautés très androgynes, loin de l’image d’une princesse de conte de fées ultra- sophistiquée. Maquilleur pour Sisley, Ibrahim précise : Pour Natan, tout doit paraître naturel. Pas d’artifice, pas de recherche de glamour. Le style est moderne, la mise en beauté aussi.

Du côté des coiffeurs, même son de cloche. Si l’équipe du salon Maison Roger partage, avec Natan, une clientèle très royale, les coiffures du show sont simples et racées. Face à notre enthousiasme, Pieterjan Van Biesen ajoute : Pour certains shows, il nous arrive d’inviter un garçon à défiler parmi les filles. N’y voyez pas un quelconque effet d’annonce. Nous n’allons pas lancer une ligne masculine. Ce n’est pas l’idée. Nous voulons juste laisser la porte ouverte à d’autres manières d’envisager la marque. Si les hommes ne se bousculent pas encore dans nos boutiques, pourquoi ne pourraient- ils pas porter certaines de nos pièces en les détournant ? C’est ça, la mode d’aujourd’hui, non ?

La maison Natan

Visiblement, rien ne semble figé dans cette maison, où l’on se réinvente en permanence. Mais qui sont les chefs d’orchestre de cette incroyable modernité ? La réponse, nous la cherchons du côté de Marie-Charlotte Vermeulen, la jeune nièce d’Edouard, nouvellement arrivée au sein de la maison. Une maison où l’humilité, au même titre que la recherche d’excellence, est une valeur centrale. Il faut donc quelques minutes pour que cette jolie blonde au style affirmé sorte de sa réserve. J’ai rejoint Natan en décembre dernier après avoir travaillé huit ans à Londres. D’abord chez Net-a-Porter, puis chez Selfridges. Chez Natan, je suis fashion adviser, en charge des shootings, des vitrines des boutiques et du développement de la ligne d’accessoires.

Ce serait donc elle, la botte secrète de Natan, celle par qui la modernité serait arrivée ? Pas tout à fait. Chez Natan, on est une grande famille, au sens premier comme au figuré. Quand on réfléchit à un look pour une photo, une vitrine ou un défilé, il arrive souvent qu’Édouard nous lance : On ne va tout de même pas laisser ça comme ça. Ça fait vieux, non ? Il modifie un petit détail ou ajoute un escarpin coloré et ça change tout. L’enthousiasme de Marie-Charlotte Vermeulen trahit une grande admiration pour son oncle, mais aussi un vrai esprit de clan.

Décaler ? Son verbe préféré. Je vais parfois piocher d’anciennes pièces Natan dans le dressing de ma grand- mère. Je porte un manteau comme si c’était une robe ou l’inverse. J’ajoute une ceinture ou un bijou. Bref, je m’amuse. On retrouve cette même approche ludique dans les looks du défilé. Au moment des essayages, nous avons transformé une jupe en robe bustier. Et ça marche ! J’aime aussi les minijupes de l’été prochain : cool et modernes. Pour
ce show, nous avons mixé une maxi- robe dorée, un haut très bouffant et des escarpins mauves. À la base, ce mélange est improbable, mais le résultat est époustouflant !

Edouard Vermeulen et ses proches collaborateurs, sa seconde famille, dont Pieterjan Van Biesen (à gauche) et sa nièce Marie- Charlotte (à droite).

Comme dans un tableau de Rothko

Les gens ont souvent une idée préconçue de ce qu’on peut trouver dans les boutiques Natan, regrette Marie- Charlotte Vermeulen. En fait, c’est une marque qui laisse une grande liberté d’action. J’adore les pantalons en cuir très larges de cet hiver. Je les porte avec une maille surtaillée. C’est plus cool.

Cool, c’est effectivement ce qui se dégage des silhouettes sur le point d’investir le catwalk. Et si “Monsieur”, comme l’appellent ses collaborateurs , a tendance à préférer les chaussures habillées aux sneakers, ses inspirations sont multiples : de Rothko, des tableaux abstraits duquel Natan s’est inspiré pour certains de ses imprimés, aux courants architecturaux minimalistes qu’il affectionne. Aussi à l’aise à l’Arsenal, QG du label, un lieu à l’ambiance sobre et industrielle que dans les sublimes salons bourgeois de l’avenue Louise, là où l’aventure Natan a commencé, Edouard Vermeulen cultive un certain mystère.

Si on sait finalement peu de choses sur lui, on aime s’inviter dans les coulisses de sa maison. Pour papoter avec cette équipe généreuse et impliquée, mais aussi pour se pâmer devant l’une ou l’autre silhouette. Comme cette robe drapée, décorée d’un motif peint par l’artiste anversois Pablo Piatti. Une robe qui vient tout juste d’être achetée par le musée de la mode d’Anvers. Ou comment entrer dans l’histoire de la mode belge tout en s’inscrivant dans une grande modernité.

Quand on demande à Edouard Vermeulen de raconter un moment clé de sa vie, il évoque ce mois d’octobre 1999. Il est dans le Thalys quand il reçoit un appel du Palais lui proposant de plancher sur la robe de mariée de la princesse Mathilde. Un tournant de sa carrière, mais aussi, sans qu’il le sache, un nouveau challenge à relever : celui d’être le couturier de la Reine, tout en restant... le petit prince du cool.

 Passage en revue des tenues avant le lever de rideau...

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