25 000 € : le prix qui pourrait changer la donne pour la voiture électrique

Cette ère qu’on nous promet depuis si longtemps semble enfin se dessiner. Objet de tous les espoirs mais aussi de tous les débats, la voiture électrique se met peu à peu à la portée du peuple, pour que la mobilité écoresponsable ne soit plus un luxe.

PAR LAURENT ZILLI. PHOTOS D.R. SAUF MENTIONS CONTRAIRES |

Nous sommes de plus en plus nombreux à penser (à comprendre ?) que l’avenir de la mobilité ne peut et ne doit pas être réservé aux véhicules électriques à batterie. Et on peut adopter cette position tout en affirmant que la voiture électrique a bel et bien une place dans la société. Qu’elle est même la solution parfaite pour un large éventail de profils d’utilisateurs. Mieux, son potentiel est de plus en plus grand à mesure que la technologie solutionne ce qui était jusque-là son principal repoussoir : l’autonomie. D’ailleurs, les plus récentes études montrent que cette préoccupation est devenue presque secondaire dans l’esprit du public. Cette réticence en passe d’être vaincue, la voiture électrique ne peut plus cacher un autre de ses problèmes, qui l’est en fait bien plus, et pour bien plus de monde : son prix.

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Objectif : 25.000 €

Depuis un certain temps, les constructeurs ont déterminé un seuil symbolique sous lequel la voiture électrique est apparemment considérée comme abordable. Ce seuil, c’est 25 000 €. Les premiers à l’avancer furent des chevaliers blancs de l’électromobilité : Renault, précurseur en la matière avec sa Zoe, née en 2012 (comme le temps passe !), et VW, qui s’est lancé corps et âme dans l’électrique pour – faire – oublier le dieselgate. La marque française a lancé le chiffre il y a bientôt deux ans, avec le premier concept de la très attendue nouvelle R5. Annoncée alors pour 2024 (promesse qui sera tenue), elle allait être la première voiture électrique à moins de 25 000 €. En mars dernier, Volkswagen emboîte le pas. Le constructeur présente le concept ID. 2all, sorte de Polo électrique, qui devrait arriver en 2025, également au prix de base inférieur à 25 000 €.

Prisée par les Belges, la Dacia Spring risque de voir sa cote baisser si l’Europe impose une surtaxe sur les voitures fabriquées en Chine.

Et Dacia, alors ?

Si vous suivez un peu l’automobile, vous rétroquerez qu’il y a déjà des voitures électriques à moins de 25 000 €, et même beaucoup moins. Nous voyons où vous voulez en venir. Mais précisons que les microcars façon Citroën Ami sont plutôt des cyclos à l’usage et aux performances très limités. Reste la Dacia Spring. Oui, elle est bien en dessous de la barre fatidique (actuellement àpd 20 990 €), mais avec des dimensions très compactes, un petit 65 ch sous la pédale, et 135 km d’autonomie théorique.

La petite Roumaine a surtout ce qui a de plus en plus des airs de défaut rédhibitoire : elle est fabriquée... en Chine. Or, si comme certains le supposent, l’Europe impose bientôt une surtaxe sur le Made in China, elle perdra un peu de son attrait. D’autant qu’en face, les voitures promises à moins de 25 000 € sont spacieuses, relativement puissantes, endurantes, et fabriquées en Europe. Comment, dès lors, ne pas attendre (im)patiemment que les promesses se concrétisent ?

Stellantis, prems !

Eh bien ça y est, la promesse est concrétisée, par un groupe qui n’avait pourtant jamais particulièrement agité cet argument de la voiture électrique à moins de x milliers d’euros. Le premier sur la balle, c’est Stellantis, et plus précisément sa marque Citroën, dont la toute nouvelle C3 est annoncée en version électrique au prix d’attaque de 23 300 € ! Et qu’a-t-on pour ce prix-là ? Une voiture de 4 mètres de long avec cinq vraies places et un coffre de 310 litres, un moteur de 115 ch, une autonomie officielle de 320 km, et un équipement de base loin d’être rudimentaire. Comme promis, la Citroën ë-C3 est aussi Made in Europe, puisqu’elle nous arrive de Slovaquie. Déjà, le constructeur annonce pour 2025 une version plus basique, du moins en matière d’autonomie (200 km), qui sera affichée à... 19 900 €.

La suite est déjà dans le pipeline, car on s’attend à entendre parler très bientôt de la cousine italienne de la Citroën. C’est en effet sur la même base technique que Fiat devrait construire sa toute nouvelle Panda. Ce modèle d’entrée de gamme de la marque sera également proposé en version électrique (mais pas que) et, si la rumeur dit vrai, comme on l’espère, elle ressemblera au concept Centoventi de 2019. Soyons clair, on ne sait encore absolument rien des prix, si ce n’est bien sûr l’obligation de rester sous les 25 000 €. Enfin, pour ce qui est de la date de présentation, certains s’aventurent déjà à parier sur le 11 juillet, jour où Fiat soufflera ses 125 bougies. Cette base technique pourrait également être utilisée par Opel, pour le modèle qui viendrait en remplacement de l’actuel Crossland. Mais là, nous nous avançons probablement. Alors, allons plutôt voir ailleurs.


Compacte mais aussi spacieuse, la VW ID. 2all devrait arriver dans les concessions en 2026 ; son autonomie pourra atteindre 450 km.

Renault 5 : on la veut déjà !

Renault s’est certes fait brûler la politesse par Citroën, mais la marque au Losange ne perd rien pour attendre. Car si en plus d’avoir ce look néo-rétro irrésistible, si en plus d’être fabriquée en France, si en plus de boucler 400 km en une charge, le reboot électrique de la R5 est financièrement abordable, Renault a dès lors dans les mains le premier carton commercial de l’histoire de la voiture électrique populaire. Le constructeur est toutefois rattrapé par les réalités des prix fluctuant des matières premières, car entre l’annonce initiale et l’approche de la présentation officielle fin février prochain, le prix de base est passé de “moins de 25 000 €” à “à peu près 25 000 €”. Fin du suspense dans un mois. Entre-temps, Renault a déjà évoqué l’étape suivante, avec une voiture électrique à moins de 20 000 €. Elle devrait consommer moins de 10 kWh/100 km (ce qui est très en-dessous des standards actuels), est prévue pour 2026, et son look nous rappelle vaguement quelque chose d’ultrapopulaire. À vous aussi ?

Renault prépare une citadine électrique au design inspiré de l’ancienne R5.

VW ID. 2ALL, l'accouchement difficile

Volkswagen s’est lancé dans la voiture électrique avec des ambitions élevées. Aujourd’hui, le contructeur est confronté à un reality check, puisque les ventes des modèles existants ne sont pas aussi élevées qu’escompté, tandis que les coûts de développement le sont plus que prévu. Voilà qui jette quelques obstacles sur la route de la petite VW électrique à moins de 25 000 €, annoncée il y a quelques mois à peine sous la forme de l’ID. 2all. Dans les semaines qui ont suivi, VW avait déjà annoncé faire appel à une aide extérieure, en l’occurrence une branche de Hyundai, pour réussir à développer une voiture au prix promis. Puis il y a quelques jours, le constructeur a fait savoir qu’il préférait ne pas se précipiter, et que la VW ID. 2all était repoussée à 2026. Ce qui n’est peut-être pas plus mal, car on sait qu’un partenaire de Volkswagen est en passe de réaliser une percée technologique dans le domaine de la batterie solide, beaucoup moins chère, beaucoup plus légère, et beaucoup plus endurante. Du coup, la VW électrique à moins de 25 000 € pourrait mettre la concurrence dans le vent.

Encore du chemin 

Voilà donc où on en est aujourd’hui sur le terrain de la voiture électrique “ pour tous “. Indiscutablement, les choses vont de l’avant. Cela étant, avec deux ou trois modèles abordables cette année, d’autres (peut-être) en 2025 et 2026, on ne peut pas dire qu’une véritable révolution soit en marche. En tout cas pas dans l’immédiat. La voiture électrique a encore beaucoup de chemin devant elle avant de rencontrer un public aussi large que le voudraient les institutions européennes...

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