O Nuages : le plus petit restaurant namurois qui se distingue par sa cuisine authentique

À Namur, nous avons découvert - et adoré - le plus petit resto de la ville, voire du pays. O Nuages, cantine de poche, vit au rythme des envies d'Ombline, la cheffe. Vous y mangerez ce qui lui passe par la tête et c'est très bien comme ça. 

par FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. crédit photos : O Nuages |

Vous allez nous dire que lorsqu’on vous parle d’un restaurant namurois, il se trouve toujours rue des Brasseurs. Et qu’à chaque fois, je vous saoule avec mes souvenirs d’adolescente, lorsque cette rue était mal famée et accueillait nos débordements de boutonneux. Et vous n’aurez pas tout à fait tort. Carlo et moi vous avons parlé de Liquorette, de Bocata et Cætera et Cagette, de Manolo Madrid, de Vino Vino. Merci d’accueillir, dans le même périmètre, O Nuages. Je vous préviens tout de suite, j’en suis sortie guillerette, en répétant dix fois à Carlo – avec une légère haleine de vin rouge, c’est pas moi qui faisais Bob – que ce resto était l’exacte illustration de pourquoi je faisais et j’aimais ce métier. Bon, on reprend depuis le début…

O Nuages, c’est un tout tout petit restaurant, mais vraiment tout tout petit. Il y a huit places, voire neuf si une table de quatre veut devenir une table de cinq, et une mezzanine, où même moi, je ne tiens pas debout, et qui, grâce à ses deux chaises aux pieds sciés, peut accueillir deux personnes. Carlo s’y hisse avec la grâce d’un paresseux sous CBD. À sa décharge, c’est exigu. Et aussi vachement romantique ; dommage qu’on ne s’aime que d’amitié, j’étais à ça de demander sa main. Du perchoir, vue plongeante sur la cuisine d’Ombline. Elle est aussi commis, serveuse, sommelière et DJ. Ici il n’y a qu’elle, et cet endroit, c’est chez elle jusque dans les moindres détails.

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Dans l'assiette

On commence par un verre de fines bulles (8 €), une méthode traditionnelle. C’est sec et aromatique et ça nous laisse le temps d’étudier le tout tout petit menu et de tremper le (bon) pain dans la sauce au yaourt et au sésame. Lors de notre passage, Ombline était d’humeur japonisante. Il y a quelques mois, elle cuisinait italien et son prochain menu sera principalement coréen. Nous prenons d’abord les gyozas frits à la crevette (15 €). Ils arrivent tout caramélisés, avec une farce dans laquelle nous croyons déceler du poivre de Sichuan (ce qui n’est pas impossible, mais elle ne se souvient plus. Son copain, qui est Chinois, trouve qu’elle en met un peu trop partout). La trempette maison au vinaigre noir se finit, comme de bien entendu, à petites goulées. La carte des vins (nature) est courte et la cheffe la connaît par cœur. Elle les sélectionne un par un, selon ses goûts et pas leur réputation.

Et elle en parle avec acuité et sans caricature. Malgré la tête de Carlo, j’insiste, je veux boire le Chibu de Casa de Mouraz au Portugal (41 €). C’est le seul vin fait par un bouc, mais ça n’a pas l’air d’impressionner mon Italien : Chibu est en effet le nom du bouc de la famille de vignerons et c’est lui qui a choisi l’assemblage, au nez (au museau ?). Deux bonheurs s’ensuivent : d’abord le vin, ensuite le silence conquis de Carlo après qu’il a fini son grand numéro de Gnagnagna… un vin fait par un bouc et pourquoi pas la carbonara à la crème fraîche faite par Gaston le caniche ? Arrivent le lieu noir mariné au saké, beurre au miso, navets confits et rôtis, crème de panais, salade d’oignons jeunes à la sauce poisson (17 €) et le plat qui nous a donné envie de venir : les ravioles de chou rôti, canard confit et kumquats (26 €). Le tout trempe dans un bazar succulent, qui s’avère être un fond blanc réalisé avec la carcasse du canard, des herbes et des échalotes. En écrivant cet article, un frisson me parcourt l’échine : ce canard confit était tout de même mémorable. Comme dessert, une sachertorte (8 €) dont elle raconte l’histoire avec passion. Un gâteau autrichien entre deux raviolis japonais et du canard confit, ça n’a aucun sens. Et c’est totalement cohérent.

Verdict

Carlo et moi devisons sur le modèle économique d’Ombline en sirotant notre vin de bouc. Il est certain que cet endroit ne lui permettra pas d’acheter un château en Espagne, ni même une cahute dans la pampa. Il est évident que cette cheffe enjouée, drôle et qui prend le temps avec chacun n’est pas ici pour choper une récompense quelconque ou pour économiser pour sa retraite. Et c’est aussi tout ça qui rend O Nuages si craquant. On est ici dans le tout tout petit projet à taille de l’humaine qu’est Ombline. Elle fait ce qu’elle veut, exactement ce qu’elle veut. Avec dans ses bagages une solide formation acquise dans de grandes maisons (Grappe d’or, Chateau du Milord, Chalet de la Forêt). Bienvenue chez Ombline. Nous n’avons aucune idée de ce qu’elle aura mis au menu si vous décidez d’y aller, mais quoi qui lui passe par la tête, ça sera sincère. Et bon !

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