Pourquoi la mode tarde tant à devenir plus durable

Aujourd’hui, toutes les marques y vont de leur petite initiative green, mais à y regarder de plus près, loin des discours écoresponsables, on est bien loin du compte. Décryptage.

Par Ingrid Van Langhendonck. Crédit photo : Pexels |

Les textiles pas franchement durables

Nos confrères du site fashionnetwork.com se sont penchés sur les chiffres du rapport “Materials Market Report 2022” publié récemment par l'organisation Textile Exchange. Et les chiffres ne sont pas optimistes. On y apprend que la production mondiale de fibres synthétiques se porte mieux que jamais, atteignant 75,5 millions de tonnes en 2022, (soit 65% des fibres produites mondialement). Une progression qui se passe au détriment des fibres naturelles… Le polyester reste le plus courant avec 54% des fibres produites sur l’année, devant le polyamide (5%), et les autres matières synthétiques comme polypropylène, acrylique ou élasthanne (5,2 %).

Quant aux fibres recyclées dont tout le monde parle, ici encore on a une impression de greenwashing de la part des marques: les polyesters recyclés ne représentent que 13,6% des fibres produites en 2022. Pour le coton, la part de recyclé ne tombe qu’à 1%, et à peine 7% pour la laine... Il y a encore du chemin à faire.

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Et un bilan carbone à revoir

Autre constatation, sur les trois premiers trimestres de 2023, le Bangladesh a exporté pour 9 milliards de dollars de produits en maille vers l’Union européenne, et passe donc devant la Chine, qui exportait 8,96 milliards de dollars sur la même période. En volume, le Bangladesh passe également devant la Chine concernant les importations de maille. Des tonnes et des tonnes de textiles importés chez nous, souvent en avion, représentent un bilan carbone que l’on imagine catastrophique. Le succès des sites d’hyper-fast-fashion comme Shein ou Temu y sont pour quelque chose.

Dans un contexte économique où nous sommes tous conscients qu’il est temps de mieux consommer, le pouvoir attractif du vêtement le moins cher possible reste pourtant plus puissant que les bonnes intentions et les chiffres vont à l’encontre des discours de la plupart des marques classiques, qui continuent à se fournir via des filières fort peu durables…

Une chemise à 5€, c'est trop tentant que pour regarder les étiquettes - Photo Unsplash

On fait quoi ?

En attendant que le législateur prenne des mesures, plus que jamais, on achète moins mais on achète mieux. On se tourne vers les marques locales, qui produisent en Europe et peuvent le prouver, on investit dans des matières naturelles, des pièces intemporelles qui seront portées de longues années. Ce phénomène se maintient car il reste encore et toujours des consommateurs pour le faire tourner. Nos comportements ont des conséquences. On ne le répètera jamais assez.

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