Siège, tapis, paroi,... : comment choisir sa voiture de manière éthique ?

Le monde de l'automobile a entamé sa révolution anti-CO2. Mais ne croyez pas que le combat se limite à la transition vers l'électricité. La démarche va bien plus loin, si bien que dans un avenir assez proche, vous choisirez votre voiture en fonction de ses critères éthiques ! 

par stéphane lemeret. Photos volvo car group, corporate communications |

La transition énergétique, qui pousse tous les constructeurs vers l’électricité, n’est qu’un pan de la lutte mondiale contre le changement climatique. L’automobile mène aussi cette lutte sur un autre front, moins médiatisé, mais dont l’impact est loin d’être négligeable : celui des matériaux. Nous parlons plus précisément des matériaux avec lesquels nous sommes le plus directement en contact, ceux qui composent l’habitacle. Plastiques, mousses, cuir, tissus... Dans tous ces domaines, il y a énormément de choses à faire et les constructeurs sont déjà au boulot. Nous nous souvenons par exemple qu’en 2019, une marque nous parlait pour la première fois d’un nouveau revêtement de sièges, issu du recyclage de ceintures de sécurité, de vieux sièges et de bouteilles en plastique. C’était dans la petite Zoé électrique de Renault. Actuellement, de plus en plus de constructeurs s’intéressent à ces nouveaux matériaux, mais aucun ne communique mieux sur le sujet – peut-être parce qu’il en fait plus que les autres – que Volvo.

Pour l’intérieur d’un exemplaire de Volvo C40, 71 bouteilles ont été recyclées afin de créer des tapis de sol.

Le fait est que Volvo a toujours eu un rôle d’avant-garde sur les sujets sociétaux. Deux exemples : la sécurité était le cheval de bataille de la marque bien avant que d’autres s’en préoccupent, et elle a été la première à s’engager à ne plus vendre que des véhicules électriques dès 2030. Pour le constructeur suédois, réduire son empreinte carbone est donc un engagement de conviction. Mais c’est aussi une réelle nécessité commerciale. Volvo cite ainsi deux études publiées en 2020, selon lesquelles 60 % des consommateurs considèrent la politique environnementale d’une marque comme un facteur d’achat de produits de luxe, et sont demandeurs d’un étiquetage pour plus de transparence quant à l’impact environnemental des produits et matériaux. De fait, les mentalités changent, et Volvo aime activer ce changement. En témoigne sa décision la plus récente, là encore une première dans le secteur automobile...

Mode et auto, même combat 

Pour que leur concept durable soit cohérent de bout en bout, et parce que l’élevage de bétail, en grande majorité bovin, est responsable de 14 % des gaz à effet de serre produits par l’activité humaine, Volvo a décidé de supprimer l’option cuir de tous ses véhicules 100 % électriques. Un pas dans la bonne direction et pas seulement au profit du climat. La décision est aussi un engagement pour le bien-être animal, tout comme le fait de développer des revêtements intérieurs en laine de haute qualité, provenant de fournisseurs qui garantissent une traçabilité écoresponsable sans faille.

C’en est donc fini de cet aspect qualitatif et flatteur que procurait la peau véritable ? Pas vraiment, car comme déjà de nombreuses marques de mode, Volvo a cherché une alternative, et a créé une nouvelle matière baptisée Nordico. Ce nouveau textile – on peut même dire “cuir synthétique” – est composé de bouteilles recyclées (décidément bonnes à tout faire), de matières certifiées bio provenant des forêts suédoises et finlandaises et d’une autre matière inattendue dont nous reparlerons plus loin. Le Nordico est un ersatz manifestement très convaincant, en témoigne cette récente annonce : la marque 3.1 Phillip Lim va collaborer avec Volvo pour la création d’une future ligne de sacs. Mode et automobile, ce sont deux industries qui marchent dans la même direction et font en sorte de réduire la demande mondiale de cuir, donc l’impact de l’élevage bovin sur les émissions de CO2. Pas seulement d’ailleurs, car rappelons que l’élevage est aussi terriblement gourmand en eau.

Polestar precept, la vitrine éthique 

Lancée il y a maintenant deux ans, Polestar est une marque sœur de Volvo, dont les modèles se veulent plus exclusifs et plus sportifs. Il y a quelques mois, nous avons été invités dans la concession bruxelloise de la marque, pour y voir de très près son concept-car Precept, dont le roadshow passait par la Belgique. L’occasion pour Polestar de nous annoncer que ce concept n’en resterait pas un, puisqu’il a été décidé de produire et de commercialiser cette limousine électrique au look futuriste. Plus important : le modèle de production recevra tous les nouveaux matériaux éthiques dévoilés dans le concept.

Les tissus qui recouvrent les sièges de la Polestar Precept sont tricotés en 3D à partir de bouteilles en PET recyclées. Des déchets et du liège, recyclés de l’industrie vinicole, sont transformés en vinyle pour les coussins de siège et les appuis-tête.

Grand cru 

Nous l’avons dit plus haut, Volvo a imaginé un “faux cuir” élaboré à partir de différentes matières. Parmi celles-ci, la plus surprenante est... le liège. En effet, le constructeur se fournit en déchets de bouchons auprès de l’industrie viticole. Nous n’imaginions pas une telle finalité pour cette matière et finalement, si on renonce au luxe de s’asseoir dans un siège de cuir véritable, on en découvre, avec un peu d’imagination, un nouveau : désormais, c’est ce petit objet, qui protégeait vos grands crus préférés, qui vous assure un voyage confortable et stylé !

Valorisation

La solution retenue pour les tapis de sol de la Polestar Precept est pour nous l’une des plus belles, car est très symbolique de la lutte pour la préservation de l’environnement. Et plus précisément de la protection des océans. Ces tapis recouvrant le sol et les parois de la voiture sont en effet élaborés à partir... de filets de pêche récoltés en mer. Si vous ne le percevez pas sur les images, croyez-nous sur parole : ces sinistres objets sont traités d’une façon remarquable. Nous l’avons vu, nous l’avons touché, et le rendu est à la fois flatteur et tendance. Ici, l’expression valorisation des déchets prend toute sa mesure.

Plastique purificateur

Enfin, le concept-car se penche aussi sur l’une des grandes sources de la pollution mondiale : le plastique. Ne nous leurrons pas, en l’état actuel des choses, il est impossible de se passer complètement des plastiques classiques dans la construction d’une voiture. Mais dans la Polestar Precept, son utilisation est réduite de... 80 %. Et par quoi est-il remplacé ? Par un nouveau “plastique” constitué de fibre de lin. Et pour ceux qui craignent qu’on remplace la peste par le choléra, petit rappel des particularités du lin... D’abord, il est biodégradable et 100 % recyclable. Ensuite, pas besoin d’irrigation colossale. L’eau de pluie suffit à le faire grandir, et sa transformation est également très économique en eau et en énergie. Il n’a nul besoin de pesticide pour rester en bonne santé. Le lin est également un “nettoyeur naturel”, puisque par-dessus le marché, il purifie les sols, même très pollués, sur lesquels il pousse. Cerise sur le gâteau, il est très gourmand en... CO2 : 1 ha de lin retient en moyenne 3,7 tonnes de dioxyde de carbone par an. Enfin, accessoirement, les éléments construits en plastique de fibre de lin sont 50 % plus légers que s’ils étaient faits en vrai plastique. Or, dans une automobile, moins de poids signifie moins de consommation d’énergie.

Récupérer, réutiliser, recycler, inventer de nouveaux matériaux éthiques... Non, le monde de l’automobile n’est pas passif dans le combat environnemental. Et les énormes ressources qu’il consacre à la recherche pourraient même profiter à d’autres secteurs !

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